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MORIN KHUUR & URTIIN DUU

18 août 2014

PRÉSENTATION DU BLOG

# AIDE À LA NAVIGATION : à la fin de cet article.
# ARCHIVES DU BLOG : TOUS LES TAGS
# NOTRE SELECTION DE VIDEOS MUSICALES SUR YOUTUBE
# Si tu aimes ce blog, tu aimeras aussi sans doute
cet eBook : "RENCONTRE AVEC LA CHINE DES MINGONG"
voir lien dans la colonne de droite >>
Son auteur est un amateur de musique mongole.
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MUSIQUE & CULTURE DE MONGOLIE

SUR LES CHEMINS DU LONG VOYAGE...

TOSONGIIN_OROI_0025___SCOUTMAKA_V2

Chacun de nous va, errant, sur les chemins du long voyage.
Le
long voyage ?
Mais... c'est la vie même.
(Sur ce sujet, un poème japonais de Shun-e  : poésie.)

Nomades depuis des siècles –par nécessité–, confrontés à une existence difficile dans un environnement superbe mais rude..., les éleveurs mongols ont créé une culture originale, notamment dans le domaine de la musique.

Le peuple mongol n'existe que depuis Gengis Khan qui a unifié des tribus rivales et leur a donné une conscience nationale.
Avant Gengis Khan, il y avait des tribus vivant au nord de la Chine et qui ne connaissaient pas l'écriture. Les Chinois (qui avaient depuis longtemps une écriture) les appelaient "les Barbares du Nord" et en parlaient ainsi : leurs jeux sont brutaux mais leur musique est étrangement belle.

Ici vous pourrez découvrir certains trésors de la culture mongole traditionnelle:
# la musique du
morin khuur (vièle-cheval)
# l'
urtiin duu (chant long), magnifique type de chant traditionnel
# le
chant pour amadouer les femelles qui refusent d'allaiter leur petit, chant illustré par un film mongol : "Le Chameau qui pleure".

Tout ceci sans prétention, c'est un blog d'amateur (celui qui aime).

Alors, de quoi est-il question sur ce blog ?

Dans nos articles, nous évoquons...
...la musique du morin khuur (vièle-cheval)
...l'urtiin duu (chant long, long song)
...d'autres chants traditionnels :
berceuse, "chant pour attendrir les femelles refusant d'allaiter" (un problème auquel sont couramment confrontés les éleveurs)
...des chansons mongoles contemporaines (celles chantées par exemple par T. Bayasgalan, mais pas que.)
...la
cuisine mongole
...la façon de monter un
"ger" (mot mongol signifiant "yourte" ).
...les deux plus importantes fêtes annuelles mongoles:
la grande fête estivale -
Naadam avec ses jockeys de 7 ans-, et
le nouvel an lunaire -
Tsagaan Sar -, ce sont des occasions de chanter l' urtiin duu (chant long) !

Nous renvoyons à des
cartes.
Nous signalons les trois
alphabets utilisés pour écrire la langue mongole.

Nous présentons une
danse traditionnelle mongole, le byielgee, ainsi que les costumes traditionnels qui varient selon les ethnies.

Nous renseignons aussi sur la
perspective économique et sociale pour la Mongolie: difficultés et atouts, changements en cours, enjeux et défis.

Comme vous le voyez, nous traitons de beaucoup de sujets concernant la Mongolie, mais avec des limites : par exemple, nous parlerons peu du chant diphonique, une technique vocale impressionnante mais suffisamment connue, à notre avis, pour que nous ne nous y atttardions pas.
Sur certaines des vidéos conseillées, vous pourrez entendre des passages de
chant diphonique, mais ce n'est pas le coeur de ce blog.

Voici une liste de quelques articles* du blog, suivie par des liens vers des vidéos musicales sur Youtube.
Cliquer sur le lien ouvre une nouvelle fenêtre
Certains articles comportent eux-mêmes des liens vers des vidéos.

# LA LÉGENDE DU MORIN KHUUR (vièle-cheval) instrument traditionnel.

# CHANT POUR ATTENDRIR LES FEMELLES QUI REFUSENT D'ALLAITER
- chant traditionnel accompagné au MORIN KHUUR -
Infos sur deux sources distinctes: le film "Le Chameau qui pleure" et un CD de morin khuur.


# CONNAISSEZ-VOUS LE MORIN KHUUR... (vièle-cheval) ET L'URTIIN DUU... (chant long) ?

# LE CHAMEAU QUI PLEURE. MONGOLIE : PAYS, CULTURE, CARTES

# URTIIN DUU - CHANT LONG - LONG SONG - Post_1
# URTIIN DUU - CHANT LONG - LONG SONG - Post_2

# DANSE MONGOLE, LE BIYELGEE - COSTUMES TRADITIONNELS

# LA MUSIQUE PEUT RAVIVER DES EMOTIONS ENFOUIES

# CHANSON MONGOLE : HOMMAGE À LA CHANTEUSE T. BAYASGALAN

# JOURNAL DE VOYAGE 1 - BERCEUSES MONGOLES

# JOURNAL DE VOYAGE 2 - CONSTRUISONS LA GER ( LA YOURTE )
ET MANGEONS LA SOUPE MONGOLE


# MONGOLIE - PERSPECTIVE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

Sur les pouvoirs de la musique, trois articles principaux :
# LA LÉGENDE DU MORIN KHUUR
# CHANT POUR ATTENDRIR LES FEMELLES QUI REFUSENT D'ALLAITER - chant traditionnel accompagné au MORIN KHUUR
# LA MUSIQUE PEUT RAVIVER DES ÉMOTIONS ENFOUIES

Sur l'économie et le social, deux articles principaux:
# MONGOLIE : PERSPECTIVE ÉCO ET SOCIALE
# MONGOLIE ET PAUVRETÉ - COMMENT CONSTRUIRE L'INDICE DE GINI DES REVENUS


# Notre sélection de vidéos sur... 
notre chaîne Youtube
avec des playlists par thème :
Urtiin duu (chant long)
Morin khuur (vièle-cheval)
Danse, costumes
Chanson mongole (F.1), playlist consacrée à T.Bayasgalan.
Chanson mongole (F.2), dont une berceuse.
Chanson mongole (H)
Chanson mongole (duo)
Chanson mongole (karaoke)

Bonne lecture et bonne écoute !

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>>> Aide à la navigation <<<


(1) Ci-dessus, une présentation de quelqes articles du blog.

Autres possibilités :

(2-1) CLIQUER_SUR_UN_TAG entraîne
l'affichage_de_TOUS_LES ARTICLES_CONTENANT_CE _TAG.

(2-2) ATTENTION: lorsque vous affichez un article,
seuls les TAGS PRINCIPAUX du site figurent dans la colonne de droite.

(2-2) Utilisez le lien suivant pour afficher TOUS_LES_TAGS_du_site_MONGOLIAMUSIC

(3) Fonction RECHERCHER :
dans la BARRE D'OUTILS située au-dessus du titre du blog.
RECHERCHER duu affiche TOUS_LES_ARTICLES_CONTENANT_LE MOT duu.
Le mot recherché peut ne pas être un tag !...
Le mot recherché peut -bien sûr- être un nom propre (musicien, chanteuse, chanteur, écrivain).

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15 août 2014

EN EUROPE, APPRENDRE LE MORIN KHUUR OU L'URTIIN DUU ?

Morin khuur joué en plein air par un vieil homme portant le deel, habit traditionnel mongol
En plein air, au milieu de l'immensité mongole...
s'asseoir dans l'herbe et,  sous le ciel sans limite, jouer du morin khuur.
Pas si simple: la musique du morin khuur faisait partie de la vie traditionnelle des éleveurs nomades.
Économiquement et culturellement, une autre civilisation a supplanté la civilisation traditionnelle où fleurissait la musique traditionnelle du morin khuur et de l'urtiin duu...

EN EUROPE, APPRENDRE LE MORIN KHUUR OU L'URTIIN DUU ?


  Nous sommes conscients - par vos messages - que bien des lecteurs souhaitent apprendre à jouer du morin khuur ou à chanter l'urtiin duu.
Or ce blog est un blog d'amateur - celui qui aime - et nous avons nos limites :
nous ne sommes pas capable d'enseigner le morin khuur ou l'urtiin duu.

  Comment trouver des professeurs en Europe pour ces disciplines ?
Nous proposons à tous nos lecteur d'unir nos efforts afin d'avance sur ce sujet, en mettant les renseignements obtenus sur ce blog, à disposition de tous.

Hum... Remarque : le morin khuur et l'urtiin duu sont les signes émergés de toute une culture, la culture d'éleveurs nomades qui, pendant des siècles ont vécu avec leur troupeau une existence dure, exigeante, au milieu, certes, de paysages magnifiques mais souvent inhospitaliers.
Sans le mode de vie dont elle est l'émanation, la musique traditionnelle mongole n'est plus elle-même...

Ceci dit, si on est un Mongol habitant en ville - ou bien un non-Mongol vivant à des milliers de kilomètres de la Mongolie -, on a tout à fait le droit d'avoir envie de jouer du morin khuur et de chanter l'urtiin duu.


  Pour l'urtiin duu (chant long), débuter paraît un peu moins difficile [que pour le morin khuur] : si vous avez de l'oreille, vous pouvez vous lancer à l'aide des vidéos musicales disponibles sur le Web.
Mais si vous voulez vraiment vous perfectionner, il vous faudra un professeur.

L'urtiin duu utilise une échelle pentatonique, sans demi-ton.
Les voyelles sont tenues longtemps (d'où l'appellant "chant long"), avec des ornements.

L'ambitus* d'un chant long dépasse les trois octaves... ce qui signifie que tout le monde ne peut pas chanter l'urtiin duu.
Ceci dit, il ne faut pas partir perdant : en améliorant sa technique vocale, on peut élargir sa tessiture**.

* L'ambitus (d'une pièce musicale) est l'écart entre la note la plus grave et la note la plus élevée. Déterminer l'ambitus d'un morceau de musique permet de savoir si telle voix a une tessiture** suffisante pour l'interpréter, et si tel instrument a un registre suffisant pour jouer ce morceau.

La musique de Moon River –la chanson du célèbre film Breakfast at Tiffany's de Blake Edwards– a été composée par Henri Mancini (l'auteur du fameux thème musical jazzy de la Panthère rose).
On peut dire que la musique de Moon River a été conçu sur mesure par Henri Mancini pour la délicieuse Audrey Hepburn, dont la tessiture était peu étendue.
La plus grande difficulté de ce rôle pour Audrey Hepburn, qui était introvertie : jouer une extravertie. Pour voir quelques photos d'Audrey, cliquer ici. (Cliquer ouvre un nouvel onglet.)

L'urtiin duu est un type de chant d'une toute autre difficulté, avec notamment cette exigence d'une tessiture dépassant trois octaves.
Si vous voulez vous lancer dans le chant long, nous vous conseillons de cliquer sur le tag "urtiin duu" pour lire d'abord les articles consacrés au chant long et pour écouter les vidéos conseillées dans ces articles.


  Pour le morin khuur comme pour tous les instruments à cordes frottées, il faut une bonne oreille pour produire des notes justes.

Il me semble que le jeu du morin khuur repose sur la subtile production d'harmoniques.

Mais attention, le morin khuur n'est plus ce qu'il était...
>> Les deux cordes étaient traditionnellement accordées en quinte, mais maintenant sont souvent accordées en quarte. Hum...
>> Traditionnellement, les cordes de l'instrument sont faites avec des crins de cheval :
130 crins de la queue d'un étalon pour la corde la plus longue,
105 crins de la queue d'une jument pour la corde la plus courte.
>> Et pour l'archet, on utilise encore des crins de chevaux, recouverts de résine de cèdre ou de mélèze.
(La résine traditionnellement utilisée en Mongolie provient d'arbres qui peuvent être d'une espèce différente de celles qu'on peut trouver en Europe : question à poser à un botaniste.)

Avec un instrument à cordes frottées, il y beaucoup d'éléments qualitatifs qu'on ne passera pas en revue ici.
>> Le passage du morin khuur des yourtes d'éleveurs aux salles de concert a conduit à une évolution marquée de l'instrument : un son plus fort mais un timbre moins riche...

Si vous habitez une très grande ville des USA voire du Canada, je pense que vous avez des chances de pouvoir trouver un professeur de morin khuur ou d'urtiin duu, parce qu'il y a là-bas une importante communauté d'origine mongole, qui se retrouve pour des fêtes traditionnelles, où des jeunes filles qui ne sont pas forcément nées en Mongolie dansent le biyelgee, voir article sur les costumes et danses de Mongolie.

Mais si vous habitez l'Europe, je suis moins optimiste sur la possibilité de trouver un professeur de morin khuur et d'urtiin duu, et franchement dubitatif sur la possibilité de trouver en Europe un professeur mongol très qualifié pour le morin khuur et l'urtiin duu)

Mais si la probabilité est faible, elle n'est pas nulle.
Comment chercher un professeur de morin khuur ou d'urtiin duu en France ?

  Je vous conseillerais d'aller d'abord à Paris traîner dans une librairie spécialisée dans les cultures asiatiques, par exemple dans la fameuse librairie You Feng. Et dans une de ces librairies spécialisées dans l'Asie –ou dans la musique–, discutez avec le libraire, essayez de savoir s'il peut se procurer une méthode en anglais pour le morin khuur ou l'urtiin duu.
Il en existe sûrement et un livre, c'est moins bien qu'un prof. mais c'est déjà ça.

  Et si vous testez une telle méthode, contactez notre blog pour nous faire part de votre expérience et de votre avis sur la méthode que vous avez utilisée.

  Vous pouvez ensuite - et c'est une piste non négligeable - demander au libraire si vous pouvez laisser une annonce du genre
"Cherche professeur de morin khuur [d'urtiin duu] et tout renseignement utile à ce sujet".
   Les librairies parisiennes spécialisées sont des endroits où vous avez des chances de croiser des libraires attentifs et expérimentés, des clients très qualifiés.

  Une autre piste, très sérieuse, c'est d'essayer de contacter des musiciens mongols qui viennent donner des concerts en Europe, en essayant aussi de joindre les organisateurs de ces spectacles ou de ces festivals, les organismes qui louent les espaces où sont donnés ces spectacles.
Si au bout du compte, vous arrivez à entrer en contact personnel avec des musiciens mongols, vous aurez des informations de première main : le monde des musiciens mongols -de musique traditionnelle- est un petit monde, et s'il existe dans un pays européen un professeur mongol de morin khuur ou d'urtiin duu, ils le sauront ou ils auront les moyens de se renseigner.

Enfin, une autre piste : des moines bouddhistes mongols sont parfois invités dans telle ou telle école, à titre pédagogique, afin de faire découvrir d'autres cultures aux enfants d'ici.
Alors je rappelle que la religion originelle des tribus mongoles était le chamanisme, qui subsiste chez les Bouriates, peuplade mongole habitant en Russie, à côté du lac Baïkal.
J'ai d'ailleurs croisé une famille bouriate en Europe, mais bon, ce n'est pas le sujet du post.
En Mongolie le bouddhisme n'est arrivé que tardivement en Mongolie, importé par des Bonnets Jaunes, une des confréries du bouddhisme tibétain.

Il y a aussi d'autres pistes que je mentionne pour mémoire :
- Les sites européens qui vendent des objets fabriqués en Mongolie (par exemple des morin khuur).
- Les sites européens qui vendent des prestations de voyage en Mongolie
- L'ambassade de Mongolie dans votre pays : il y a sans doute un attaché culturel, mais bon, il est peu probable qu'il réponde à un simple particulier.
- L'Institut des langues orientales, à Paris : on y enseigne, entre autres, la langue mongole, donc on y trouve à la fois enseignant(s) de mongol et lecteur(s). Pour la langue mongole, un lecteur sera un étudiant avancé, venant de Mongolie. Mais là aussi, il y d'une part peu de chance qu'enseignant(s) et lecteur(s) soit compétent en musique traditionnelle mongole, et peu de chance aussi qu'ils répondent à quelqu'un qui ne fait pas partie de leurs étudiants.

Voilà, je vous ai livré quelques pistes de recherche, surtout à ceux qui habitent en France, mais ces pistes peuvent être transposées à d'autres pays européens.

Ce que nous proposons à ceux qui recherchent un professeur de morin khuur ou d'urtiin duu, c'est de nous tenir au courant des résultats de leur recherche en nous envoyant un message, via la rubrique "contactez l'auteur" (colonne de droite).
Si le résultat de la recherche est positif, ce sera formidable,
et si le résultat de la recherche est négatif, ce sera de toute façon instructif, surtout si la personne a exploré plusieurs pistes, avec une certaine ténacité.

Nous sommes désolés de ne pas pouvoir donner à nos lecteurs des adresses de professeurs de morin khuur et d'urtiin duu, mais... qui sait ? nous trouverons peut-être, en unissant nos efforts.
Tenons-nous au courant, réciproquement. OK ?

  Comment placer les cordes et comment accorder un morin khuur ?
Bonne question.
D'abord les cordes doivent être faites à partir de crins noirs ou bruns provenant de la queues de chevaux mongols vivants, qui doivent être des mâles castrés.
Ensuite il faut préparer ces crins (toute une série d'étapes) : il faut préparer chaque crin jusqu'à ce qu'il commence à "parler".
Alors enfin vous pourrez assembler des crins pour obtenir une corde de morih khuur.
La place des cordes (la plus grave à l'intérieur ou l'extérieur, l'écart de ton entre les cordes : la réponse varie selon ce que vous voulez jouer, et aussi selon la tradition à laquelle vous vous rattachez.
Plus de précisions sur la page suivante (en anglais) :
morin khuur. the horse tale


V_04  LETTRE À UNE LECTRICE HABITANT LA MONGOLIE DEPUIS DEUX ANS ET APPRENANT LE MORIN KHUUR

(1/2) Lettre affranchie avec un timbre de circonstance

Morin khuur - sur un timbre de Mongolie 02


Chère lectrice

Vous m'écrivez pour me demander où trouver des partitions pour le morin khuur, et comme c'est une interrogation partagée par un certain nombre de lecteurs du blog, je publie ma réponse sur le blog.

D'abord, permettez-moi de vous féliciter pour votre démarche :
vous êtes bien inspirée de profiter de votre présence en Mongolie pour apprendre le morin khuur. C'est une très belle idée et je vous encourage à persévérer.

La musique du morin khuur est une musique de tradition orale.


Donc longtemps il n'y a pas eu de partition du tout.
Mais tout évolue : à notre époque, on peut trouver des notations écrites pour la musique du morin khuur. J'en ai vu, mais je n'en possède pas.

Apprenez-vous le morin khuur toute seule ou avec un professeur ?
Si vous apprenez toute seule, bien des choses risquent de vous échapper.
Or on peut trouver des enseignants de morin khuur même dans des endroits reculées de Mongolie.

Vous pouvez donc demander des partitions à un prof mongol de morin khuur,
ou vous adresser (directement ou par mail) à un conservatoire de musique, par exemple le conservatoire national de musique à Ulaan Baatar.

CEPENDANT... - et c'est une suggestion que vous prendrez le temps de bien considérer -
pourquoi ne choisiriez-vous pas de vous inscrire dans la longue et belle tradition orale du morin khhur ?
Sans la béquille de l'écrit...

La musique du morin khuur et de l'urtiin duu viennent de très loin,
...de bien avant la conversion des Mongols au bouddhisme par des Bonnets Jaunes venus du Tibet, et même...
de bien avant l'introduction de l'écrit dans la culture mongole.

L'origine même de cet instrument mongol se perd dans la nuit des temps, et sa naissance de cette instrument est racontée par une légende*, une histoire fabuleuse: ceci est caractéristique des traditions orales.
[*dont je donne une version dans ce blog.]
Cette légende en dit long sur l'attachement des Mongols à leurs chevaux...

Jusqu'à Temüdjin (qui prendra le titre de "Gengis Khan"), les Mongols - qui ne s'appelaient pas encore ainsi - étaient des tribus éparpillées qui se querellaient et n'avaient pas encore de conscience nationale.
Ces éleveurs nomades étaient chamanistes et ne connaissaient pas l'écriture: tout ce qui se transmettait d'une génération à l'autre se faisait oralement, par l'exemple, par l'apprentissage auprès d'un maître.

C'est très beau, la transmission orale: c'est très émouvant de penser que, pendant des centaines d'années, un complexe et subtil mélange de savoir-faire et d'émotion s'est transmis de manière uniquement orale, c'est-à-dire directement d'être humain à être humain, du geste de l'un à l'oreille de l'autre, et du coeur de l'un au coeur de l'autre.

Il existe même un livre –une méthode bilingue, mongol-anglais– pour apprendre seul à jouer du morin khuur...
Hum, bon...  Remarquez, on y trouve sûrement des infos intéressantes mais...
La vie ne s'apprend pas dans les livres**, la musique non plus !
[**Ni dans les blogs: je n'ai donc aucune prétention...]

Bien entendu, vous êtes libre de votre choix, cependant...
prenez le temps de laisser mûrir cela en vous.

Autant que possible, j'essaie d'éviter de tomber dans le psychologisme, mais...

...Peut-être que cela vous rassurerait d'avoir des partitions, mais au-delà d'une anxiété que je comprends fort bien, il y a... autre chose que vous pouvez découvrir - ne croyez-vous pas ?-:
la liberté de se passer d'écrit,
une autre façon d'être-au-monde, qui ne passe pas par l'écrit, mais juste par la présence au monde et aux autres.
En somme, comme une enfant –une toute jeune enfant–  qui n'aurait pas encore appris à lire et qui découvrirait le monde non pas à travers l'écrit, mais uniquement par l'expérience directe, à travers ses cinq sens et ses rencontres avec les autres.


Morin khuur - fresque murale


>> Je joins en Annexe (partie 2/2) un document provenant du site de l'Unesco et expliquant un plan d'action pour la sauvegarde du morin khuur en Mongolie, document d'où sont extraites les trois photos suivantes.

Livre mongol pour apprendre le morin khuur
Photo d'un livre mongol, un livre de classe pour les enfants apprenant le morin khuur

 

Morin khuur traiining 1_Gobi

 

Morin khuur traiining 2_Khovd province


Pendant des siècles, la musique et les chants des Mongols se sont transmis par la tradition orale, à l'oreille.

En Amérique, les esclaves noirs et leurs premiers descendants ont joué de la musique sur des instruments de fortune et ils ont chanté, tout ça sans écrire la musique, inventant de nouvelles formes musicales: le gospel (chant religieux), le blues, le jazz etc. Tous ces musiciens et chanteurs apprenaient la musique "à l'oreille".

Les Gitans, les Manouches, les Roms n'écrivent pas la musique, ils la jouent. Django Reinhardt jouait du jazz, composait des morceaux mais ne savait pas les écrire.

Encore aujourd'hui, en Afrique - et plus généralement partout où vivent des gens pauvres -, bien des jeunes apprennent la musique "à l'oreille". Et avec le coeur, bien sûr.

Il n'est pas question de tout apprendre tout seul: l'isolement n'est pas le but, au contraire.
Vous inscrire dans une tradition orale vous poussera à aller vers les autres,
vous poussera à rencontrer des professeurs, voire de simples joueurs de morin khuur, peut-être au fin fond de l'Altaï ou du désert des gobis.
Les Mongols pratiquant le morin khuur seront - on peut le penser - sensibles à votre intérêt pour leur instrument national, sensibles à votre envie d'apprendre la musique du morin khuur et ils vous aideront, d'être humain à être humain.
Ne croyez-vous pas ?

Prenez soin de vous, chère lectrice et...
si le coeur vous en dit, faites-nous part de votre expérience !

Kh.

Post-scriptum

C'est quand même curieux que vous –qui habitez en Mongolie depuis deux ans– me posiez une question [sur l'existence de partitions pour le morin khuur]... à moi qui ne suis plus en Mongolie en ce moment...

Et vous ne m'avez pas dit ce que vous faites en Mongolie.

Laissez-moi deviner.
Vous êtes française, vous avez fait une "grande école", et vous avez passé une partie de votre scolarité à l'étranger.
Ensuite vous avez été embauchée par une entreprise internationale, et vous êtes devenue "expat" (expatriée), c'est-à-dire un cadre travaillant à l'étranger.
Et si vous êtes en poste en Mongolie, il y a de fortes probabilités pour que vous travailliez dans le secteur minier*, en pleine expansion dans ce pays.
(* J'y ai d'ailleurs consacré un article.)

Ah ! Le petit monde des "expat" ! L'entre-soi confortable de conditions de vie privilégiées, parmi une population locale qui ne l'est pas toujours. (Dans le cas de la Mongolie, il est bon de rappeler qu'une proportion élevée de la population est pauvre, chercher sur ce blog "indice de Gini".)

Les "expat" ont un bon niveau de formation et sont, en général, encore jeunes (mais parfois ils ont conjoint et enfants, se pose alors -pour le conjoint, le problème de... meubler sa vie). S'ils sont "expat", c'est parce qu'ils l'ont choisi. Il y a de bons côtés: les "expat" sont en principe très correctement payés (non, je ne suis pas jaloux), et leur entreprise prend en charge de nombreux frais, ou participe à leur prise en charge. En retour, leur employeur attend que les "expat" consacrent l'essentiel de leur temps et de leur énergie à la mission qui leur est confiée.
Dans un pays comme la Mongolie, les "expat" parlent anglais au travail et apprennent quelques centaines de mots de la langue locale, histoire de pouvoir se débrouiller dans la vie courante.

Dans un lieu donné, les "expat" vivent entre eux : ils travaillents pour des sociétés différentes, leurs nationalités sont diverses —ils n'y a peut-être pas beaucup de français expatriés dans votre coin—, en tout cas leur situation commune de cadre expatrié crée entre eux plus qu'une simple proximité: une connivence.

Cette situation d'expatriée expliquerait pourquoi vous avez peu de contacts avec la population mongole et avec les pratiquants du morin khuur.

Peut-être travaillez-vous sur un site industriel situé loin d'une grande ville: c'est souvent le cas pour les sites miniers. Dans ce cas, les liens entre "expat" sont encore plus forts. Bien sûr, vous pouvez, lors de vos jours de congés, vous rendre jusqu'à un centre urbain. Mais tout ce long trajet pour faire quoi ? Un peu de tourisme s'il y a lieu, shooter quelques photos, prendre l'air, sortir du cadre du travail. Peut-être prendre une leçon de morin khuur, sans forcément pouvoir entretenir une vraie conversation avec votre professeur dans la langue locale.

Je n'ai pas dit que c'était facile d'être expatrié.
Il y a notamment la question du retour : quand on revient dans son pays d'origine, on retourne aussi dans un autre mode de vie, dont on a perdu l'habitude. On n'est plus assisté par son entreprise, il faut se débrouiller tout seul.


Namjilyn Norovbanzad 01

-Namjilyn Norovbanzad, fille d'éleveur nomade,
célèbre chanteuse et respectée chanteuse d'urtiin duu (chant long), aujourd'hui décédée

 

Namjilyn Norovbanzad 02


Revenons au coeur de notre sujet :
une tradition orale en danger,
la musique traditionnelle mongole.
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(2/2) Annexe - Extrait d'un document (en anglais) provenant de l'Unesco
Sauvegarde de la musique traditionnelle mongole du Morin Khuur

Je vous traduis (très librement, mais en respectant le sens) le début de ce document qui est figure à la suite.

Le morin khuur, connu sous le nom de vièle à tête de cheval à cause de la tête de cheval sculptée au sommet du manche, a tenu une place prééminente dans la culture mongole depuis sept siècles. Cet instrument à deux cordes est un protagoniste essentiel de la vie quotidienne aussi bien que des cérémonies et rituels.

Avec la récente migration vers les villes et autres changements socio-économiques, le morin khuur s'est de plus en plus détaché de son milieu traditionnel et de ses fonctions originelles. Passé des grands espaces de éleveurs nomades aux salles de concert, le morin khuur reste populaire mais risque de perdre son lien organique avec le peuple et l'environnement qui l'a vu naître.

Traduction d'un autre –bref– passage du même document:

L'équipe [qui a mis en place ce projet de revitalisation de la musique du morin khuur] note son incapacité à revitaliser la pratique du morin khuur chez les familles d'éleveurs.

Musicien mongol jouant du morin khuur

Texte intégral :

Safeguarding of the Traditional Morin Khuur Music of Mongolia


I. Background

The Morin Khuur, known as “horse-head fiddle” after the ornamental horse-head adorning its upper end, has figured prominently in Mongolian culture for over seven hundred years. The two-stringed instrument is an essential part of ceremonies, rituals and everyday life in nomadic Mongolian society.

With recent urban migration and other socio-economic changes, the Morin Khuur is increasingly detached from its traditional milieu and original functions. Having moved from the hearth to the concert hall, the Morin Khuur remains popular, but risks losing its intimate link with the people and their environment.

Responding to UNESCO’s 2003 proclamation of the Traditional Music of the Morin Khuur as a Masterpiece of the Oral and Intangible Heritage of Humanity, the project under discussion was implemented between 2005 and 2007 by a team of the Mongolian Commission for UNESCO, the Ministry of Culture, and the Center of Intangible Heritage.

II. Objectives and activities

The project’s goal was to document, revitalize, and promote Morin Khuur music and, in the long run, to encourage individuals, groups, institutions - schools in particular - and organizations to create a sustainable local ICH management system.
The main project outputs included:

# One-month courses at four secondary schools, on a master-apprentice model
# The production and publication of a Handbook on basic methodologies and recommendations to learn to play the Morin Khuur and Ikel instruments according to traditional methods
#Crafting of instruments: 5 Morin Khuurs, 20 Ikel Khuurs and 8 Tsuukh Khuurs (regional Khuur varieties)
# Establishment of a Morin Khuur theatre in Dundgobi Province and a Morin Khuur cultural centre in Darkhan-Uul Province
# Local media broadcasting training sessions and performances
# Audiovisual recordings of Morin Khuur performances, which were fed into an ICH database.

The project team organized one-month courses at four secondary schools, in participation with provincial governments, which granted instruments to selected families and supported players and artisans. At the schools, the formal, nation-wide teaching and professionalized training methodologies were enriched by apprentice-style informal teaching approaches, which explored local celebrations and rituals to ensure a contextually embedded transmission. First, training sessions to raise the capacities of 108 Morin Khuur teachers were organized; they, on their part, in the framework of the project, trained 342 students.

Trainings were organized in various aimags (counties) - Dundgobi, Hovd, Bayanhongor, Hovsgol, Darhan-Uul, Zavhan, Gobi-Altai, Orhon, Gobi-Sumber, Dornogobi, Uvs, Umnu-Gobi, Orhon, Uvurhangai, Hentii, Dornod and Sukhbaatar - as well as on a smaller-scale and outside the project’s framework in Selenge, Gobi-Altai, Tuv and Bulgan aimags.

The project strengthened the professional quality of national audio-visual documentalists who compiled DVDs and VCDs and CDs of about 100 hours of Morin Khuur music from all regions of Mongolia. Publications include the Handbook on basic methodologies and recommendations to learn to play the Morin Khuur and Ikel instruments according to traditional methods and the recommendations from a National Safeguarding Consultative Meeting. Field research compiled an inventory of Morin Khuur varieties managed at the Centre for Intangible Heritage.

A notable effect of the project is that it stimulated provinces to undertake their own initiatives to multiply the project’s effectiveness and ensure its sustainability. For example, Dundgobi Province announced 2006-07 as “The year of safeguarding and propagating the musical and cultural heritage”, and created a Morin Khuur theatre, a children’s art festival, an award recognizing local artists, as well as cultural celebrations for individual districts in the provincial centre.

Darkhan-Uul Province established the Darkhan Morin Khuur Centre, whose Board brought together representatives of the governmental, non-governmental, and local, private companies. The Centre organized a youth ensemble, a youth competition, and periodic Morin Khuur trainings on local TV channels. The involvement of local media was an innovative approach to ICH transmission and one particularly sensitive to the growing number of nomadic people in possession of TV sets. Importantly, the campaign did not only use TV but also focused on master-apprentice interaction at schools and at the Morin Khuur Centre.

III. Lessons learned and on-going work

At the end of the project, the implementing team convened all those that were involved for an evaluation of their capacities, of resources, and of potential future partnerships. The team noted its inability to revitalize Morin Khuur’s use in herder households, as this is a complex, long-term process that requires on-going participatory activities beyond the framework of one project.

The workshop recommended that the government should improve training facilities in schools, and encourage the teaching and production of Morin Khuur through subsidies, micro loans, and tax exemptions, as well as non-material, symbolic awards, for instance in the framework of a Living Human Treasure Programme. It was also recommended that Mongolian cultural planning continue supporting local practices that are distinct from national approaches to education and professional arts, as was seen in the divergent approaches to training methodology.

Schools, cultural institutions, and communities should all stimulate, in their own way, the music’s informal transmission not only in the nomadic milieu and at school - where Morin Khuur instruction still needs to achieve national dissemination - but also as an alternative pastime in urban areas, where estrangement, poverty, and violence among rural migrants could be at least partially addressed through musical projects that might strengthen social identities.

UNESCO’s recognition and this project encouraged the development of Mongolian cultural policies, with the Government, for instance, ratifying in 2005 the 2003 ICH Convention. However, outside the project, unsecured funding jeopardized the future of the Centre for Intangible Heritage where the Morin Khur inventory is kept and managed.

The participants considered that the various initiatives had contributed to a better appreciation of musical expressions of nomadic groups by Mongolian society at large. They recommended that local and national TV programmes on traditional music should be further encouraged.

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10 janvier 2011

LA MUSIQUE PEUT RAVIVER DES EMOTIONS ENFOUIES


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20161213 V_32

(a) Exergue

'' On ne fait pas son lit aux larmes comme à un visiteur de passage."
René Char.


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La musique peut raviver des émotions enfouies

La musique catalyseur d'émotions enfouies

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>>> Pour ceux qui cherchent uniquement
la référence d'une musique du film L'Amant (*):
Frédéric Chopin - Valse Opus 69 n°2 en si mineur.
(*) Film de Jean-Jacques Annaud illustrant un roman de Marguerite Duras.
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Principaux sujets abordés dans cet article :
CHOPIN - Référence de la musique utilisé dans le film de J-J Annaud illustrant un roman de Duras. Analyse psychologique de l'épisode illustré par cette musique. Rôle de la musique dans cet épisode.
SPINOZA - Utilité de Spinoza. De l'origine et de la nature des Affects (Partie III de l'Éthique). Quelle traduction choisir pour l'Éthique?
DOSTOÏEVSKI : un élément biographique, conseil de lecture: un document d'époque.
VAUVENARGUES et SPINOZA : la pitié.
LIVRE À DÉCOUVRIR abordant, discrètement, la question des émotions enfouies.
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Plan détaillé

Cet article...
(a) ...commence avec, en exergue, une citation de René Char
(b) ...donne une référence dans l'Éthique de Spinoza
(c1) ...analyse un épisode psychologique d'un roman de Duras, L'Amant, illustré par un film de Jean-Jacques Annaud
...donne la référence de la musique de Chopin illustrant cet épisode
(c2) aborde une première fois le sujet de la tristesse, avec la chanson Gloomy Sunday chantée par Billie Holliday - j'en profite pour donner quelques conseils.
(d) ...signale le romancier anglais Thomas Hardy
(e) ...conseille la lecture des parties III et IV de l'Éthique de Spinoza
 ...
donne des conseils pour le choix d'une traduction (en format poche) et le choix d'un livre sur Spinoza (également en format poche)
(f) ...présente un élément biographie sur Dostoïevski et donne un conseil de lecture sur Dostoïevski: un document d'époque
(g) ...pour René Char, donne la référence du bref recueil d'où est extraite la citation placée en exergue, et fournit la référence d'un livre sur la poésie de René Char.
(h)...poursuit avec Vauvenargues et Spinoza, à propos de la pitié et de la compassion
(i) se termine avec le lien vers un livre à découvrir sur www.kobo.fr
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(b) Référence  à l'Éthique de Spinoza


Les émotions nous affectent.
Lire Spinoza, Éthique, partie III peut t'aider, amie lectrice, ami lecteur.
Nous ne connaissons pas de clarté plus foudroyante que celle procurée par la lecture de l'Éthique de Spinoza (1632-1677).
Mais commencez par la partie III, De l'origine et de la nature des affects.
Fin de ce Nota bene.


(c1) L' Amant  de Marguerite Duras : la musique de Chopin

Dans la dernière partie du film « L'Amant » de Jean-Jacques Annaud d'après le roman de Marguerite Duras, une jeune française quitte l'Indochine - c'est le nom que les français donnaient à cette partie de l'Asie qu'ils avaient colonisée -..., cette jeune française quitte l'Indochine voyage par bateau.

Au cours de sa liaison avec un chinois de Cholon - le quartier chinois de Saïgon - la jeune fille - intelligente et douée d'une forte personnalité - ..., au cours de sa liaison avec un chinois, la jeune fille a montré de la dureté. Oui, une personnalité dure.
Et quand tout a été fini, longtemps après les larmes de son amant..., là - pendant ce temps très lent du voyage en bateau - elle entend par hasard une valse*** de Chopin qui s'empare d'elle à son coeur défendant: elle fond en larmes, elle qui n'avait pas pleuré lors de la séparation, elle qui s'était montrée si dure -et elle l'était, vraiment.
Cependant la dureté de cette jeune fille -et de Marguerite Duras- n'était pas sans faille. Mais ce n'est qu'après la séparation qu'elle prend conscience qu'il y avait -qu'il y aurait eu- une autre façon de s'ouvrir au monde et à elle-même: celle de Chopin, par exemple.

*** Frédéric Chopin - Valse Opus 69 n° 2 en si mineur.

Je me garderai bien de porter un jugement sur le film L'Amant, car il est délicat d'adapter une oeuvre littéraire à l'écran, et ce film aura déjà eu le mérite de m'inciter à lire le livre.
Remarque: une oeuvre littéraire est, presque toujours, plus complexe et plus fine que le film dont elle est issue.

(c2) Une chanson triste : Gloomy Sunday, chantée par Billie Holiday

La chanson est un art de la brièveté, et la brièveté a beaucoup à voir avec la brutalité des départs, des séparations, des décès. Il y a donc beaucoup de chansons tristes, et Gloomy Sunday en est une.

Gloomy Sunday fut chantée notamment par Billie Holiday, chanteuse de jazz, noire américaine, portant dans sa voix de panthère les griffes aiguisées de la tristesse.

Gloomy Sunday est une bonne chanson et Billie Holiday une interprète exceptionnelle mais...

...l'effet d'une oeuvre d'art peut-être très vif, voire dévastateur, et quelqu'un peut s'enfoncer dans sa tristesse jusqu'à vouloir en finir avec la vie. C'est, bien entendu, une erreur et, dirais-je précisément, une complaisance. La vie avant tout, et la tristesse basta ! (=Ça suffit).

Oui, on a le droit d'être triste, c'est entendu. Mais rester triste, ruminer sa tristesse et réécouter encore et encore cet air triste que nous aimons parce qu'il réveille une tristesse qui nous pince et nous mord, cela c'est se complaire dans la tristesse.
Donc, la vie avant tout et la tristesse, basta !

Sinon quoi ? Veux-tu t'enfoncer dans la tristesse jusqu'à la dépression, jusqu'au suicide ? Ça servira à quoi ? Ça servira à qui ?

Et crois-tu que Billie Holiday, après avoir chanté cette chanson, s'en allait se suicider?
Non bien sûr, parce qu'elle avait du recul. On peut chanter une chanson émouvante sans pour autant être soi-même profondément triste. Si on est profondément triste, on ne peut rien faire de bon, et en particulier on ne peut pas bien chanter ! Une actrice, une chanteuse, jouent la comédie, la tragédie. Comediante, tragediante. Chanter, c'est jouer.
En 2014, une petite fille de 7 ans, Angelina Jordan, a ému la Norvège* en chantant Gloomy Sunday dans le pur style de Billie Holiday. [*dans une émission de Norske Talenter, la Norvège a du talent.] Une performance incroyable pour une petite fille de 7 ans. Mais surtout, cette petite fille n'avait rien de suicidaire. Ceci doit donc te faire réfléchir.

Si tu te sens très triste et si tu t'enfonces dans une humeur suicidaire en repassant encore et encore cet air qui entretient, ravive et cultive ta tristesse, alors tu dois comprendre que tu es en train de t'enfermer dans une attitude passive et stérile.
Donc arrête de passer et de repasser cet air et réalise, produis par toi-même quelque chose de concret, quelque chose qui ne dépend que de toi, quelque chose qui te demandera effort, concentration, application. Une réalisation pratique, concrère, dont tu pourras juger du résultat. Quelque chose que tu pourras réessayer, encore et encore, jusqu'à ce tu sois satisfait du résultat.
Je ne sais pas ce qui te conviendra le mieux comme activité, c'est à toi de voir, cela dépend de ce que tu aimes. Cela peut être dessiner, sauter à la corde, que sais-je. Cela peut être bien ranger ta chambre et bien organiser tes affaires, de façon à ce que tout soit en ordre de marche, et que tu sois aussi bien préparé que possible à affronter la vie courante.
C'est important d'être bien organisé.

Vous pouvez lire aussi le post suivant : Ma voix t'accompagnera.
Plus généralement, cet autre blog vous orientera vers Milton Erickson et, au-delà de ce précurseur, vers Jay Haley et vers les spécialistes de la thérapie brève (Paul Watzlawick, Giorgio Nardone etc.)


(d) Un grand romancier anglais : Thomas Hardy

De même le film Tess d'Uberville m'avait incité à lire le roman de Thomas HARDY (Tess of the d'Ubervilles), grand romancier dont j'ai lu ensuite d'autres oeuvres comme Jude l'Obscur (Jude the Obscure).


(e) Spinoza et les émotions -
retour sur l'Éthique de Spinoza :
utilité de cette lecture, choix d'une traduction

Les émotions nous affectent.

La clarté foudroyante de SPINOZA

Venons-en donc à ce qui, tout récemment, nous a puissamment éclairé: Spinoza, Éthique, partie III, De Origine et Natura Affectuum qu'on peut traduire par De l'origine et de la nature des affects.
On y adjoint la partie IV qui parle aussi des affects.

Pourquoi lire Spinoza ? Parce que c'est utile.

L'Éthique est d'une clarté foudroyante.

Sans la grande précision de la pensée et de l'expression de Spinoza, cette clarté ne serait pas.

Comme ce sont les affects qui nous intéressent ici, c'est la partie III de l'Éthique que je recommande de lire, ce qui vous amènera tout naturellement à lire la partie IV De Servitude Humana, seu de Affectuum Viribus qu'on peut traduire par De la servitude humaine, ou de la Force des Affects.

Justement...
Quelle traduction retenir pour l'Éthique de Spinoza ?

Je recommande la traduction de Bernard Pautrat (parue au format poche, chez Points Seuil, en édition bilingue): cette traduction est cohérente et l'édition est correcte.
Publier le texte en édition bilingue relève d'un souci louable.
Le texte en latin + la traduction en français font pas mal de pages.
Du coup, dans cette édition, il n'y a rien d'autre que le texte latin et sa traduction en français.
Or certains lecteurs travaillent seuls ! Et Spinoza n'est pas un contemporain: il faut replacer sa pensée dans son contexte historique.
Donc, pour tous ceux qui travaillent seuls - et pour les autres -, je recommande de lire conjointement à l'Éthique de Spinoza un bon ouvrage sur Spinoza, par exemple l'ouvrage - paru au format poche - de Ferdinand ALQUIÉ "Leçons sur Spinoza : Nature et vérité dans la philosophie de Spinoza, Servitude et liberté selon Spinoza" (Ed. La Table Ronde, Collection La petite Vermillon, 2003).

Spinoza, je le rappelle, écrivait en latin. J'ai parlé de traduction cohérente. Voici une remarque à ce sujet.

Dans son cours sur Spinoza, voici ce que disait Deleuze à propos de deux mots différents employés par Spinoza et parfois traduits par le même mot français...
"Dans le livre principal de Spinoza, et qui s’appelle l’Éthique, c’est écrit en latin, on trouve deux mots : affectio et affectus. Certains traducteurs très bizarrement traduisent de la même manière. C’est une catastrophe. Ils traduisent les deux termes, affectio et affectus, par « affection ». Je dis que c’est une catastrophe parce que, quand un philosophe emploie deux mots c’est que, par principe, il a une raison, surtout que le français nous donne aisément les deux mots qui correspondent rigoureusement à affectio et à affectus, et c’est affection pour affectio et affect pour affectus. Certains traducteurs traduisent affectio par affection et affectus par sentiment, c’est mieux que de traduire par le même mot, mais je ne vois pas la nécessité de recourir au mot sentiment alors que le français dispose du mot affect. Donc, quand j’emploie le mot affect ça renvoie à l’affectus de Spinoza, quand je dirai le mot affection, ça renvoie à l’affectio."
Bonne remarque de Gilles Deleuze.
On trouve encore, largement diffusée en édition de poche, une traduction (du début du XXème siècle) par Charles Appuhn qui, malencontreusement, a traduit les termes latins affectio et affectus par un seul mot en français: affection. Inutile de dire que la compréhension du texte en est... affectée (!)
Cette traduction (du début du début du XXème siècle) est donc à écarter sans hésiter.

Quant à la traduction de Robert Misrahi, parue en 2011 en Livre de Poche, nous ne pensons pas qu'il faille la rejeter.

Cependant, notons d'abord que Misrahi, dans la partie III, utilise - comme Appuhn le terme commisération (vieilli, dans le sens où il est utilisé par le traducteur), tandis que pour la même notion, il utilise dans la partie IV le terme pitié. Pautrat utilise, lui, systématiquement, le terme pitié que ce soit dans la partie III ou la partie IV.
En outre, il faut, pour le texte de Spinoza, entendre le mot commisération dans un sens ancien, bien différent du sens véhiculé par le mot commisération dans le langage actuel. Cette collision ne facilitera pas la compréhension pour le lecteur contemporain.
Alors que le terme pitié ne présente pas cet inconvénient.

Ensuite, et c'est plus gênant, le projet de Robert Misrahi - mettre Spinoza à la portée du plus grand nombre - est tout à fait sympathique mais... à expliquer et à commenter un auteur aussi précis que Spinoza, on court le risque de s'écarter du fil de la pensée de l'auteur.
Dans L'unité du corps et de l'esprit chez Spinoza
(sous-titre : Affects, actions et passions chez Spinoza),
ouvrage de Chantal JAQUET, Éd. PUF, collection Quadrige, 2004),
on pourra lire - entre autres considérations - une critique concernant telle ou telle vue de Robert Misrahi, et notamment une note de Misrahi dans sa traduction de l'Éthique.

Donc, voici mon conseil.

Choix d'une traduction de l'Éthique de Spinoza - Synthèse

En format poche, je recommande finalement la traduction de l'Éthique par Bernard PAUTRAT dans la collection Points Seuil.
Mais... cette édition (bilingue) ne contient que le texte et sa traduction et donc cette édition n'accompagne pas le lecteur dans sa découverte de Spinoza. Je conseille vivement de lire conjointement un bon livre sur  Spinoza, par exemple l'ouvrage - paru au format poche - de Ferdinand ALQUIÉ
Leçons sur Spinoza : Nature et vérité dans la philosophie de Spinoza, Servitude et liberté selon Spinoza
Éd. La Table Ronde, Collection La petite Vermillon, 2003.

Quant à l'ouvrage cité plus haut de Chantal JAQUET, on le conseillera aux étudiants avancés qui veulent approfondir le sujet défini par le titre.

Enfin, les lignes qui précèdent doivent-elles laisser penser que Spinoza est indépassable, in-questionable, in-discutable ?
Non, mais c'est encore un autre sujet que nous n'aborderons pas ici.


(f) Un très grand romancier : Dostoïevski
Présentation où il sera question de...
Anna Grigorievna Snitkina
(sa seconde épouse)
Apollinaria Souslova (un amour malheureux de Dostoïevski)

Au début de l'article, nous avons évoqué des romanciers, notamment le grand écrivain Thomas Hardy.
Voici quelques lignes - élément biographie et conseil de lecture - sur un autre très grand romancier du XIXe siècle: Dostoïevski.

Фёдор Михайлович Достоевский

Il ne faut pas lire les préfaces des ouvrages de Dostoïevski.
Et c'est particulièrement vrai pour les préfaces du roman Le Joueur.
Les trois préfaces que j'ai lues pour ce roman sont toutes profondément criticables, pour des raisons diverses selon les cas.
Trois préfaces écrites par trois personnes différentes, pour trois éditeurs différents. Il est vraiment important de ne pas les lire.
Ou alors... bien plus tard ? Pfff... Même pas.
Je maintiens ce que j'ai dit:
On peut oublier de lire ces préfaces, on peut oublier tel préfacier qui ne sent rien de Dostoïevski (qu'il s'abstienne donc de le préfacer !), on peut oublier les théories irréfutables* assénées dans ces préfaces.
[* Irréfutable au sens de Karl Popper, je vais y revenir?]

Au lieu de lire une préface, on préfèrera lire successivement
(1) le roman lui-même, puis...
(2) des faits sur la vie de l'auteur (des faits objectifs, et non pas des interprétations psychologiques), puis...
(3) des documents d'époque concernant plus précisément cet auteur et la période où il a écrit le roman que vous venez de lire.

Justement, au sujet du point (3), voici un...

Document d'époque sur Dostoïevski

Pour toutes celles et tous ceux qui aiment Dostoïevski, je recommande la lecture du livre suivant:
Dostoïevski, mémoire d'une vie
écrit par
Anna Grigorievna Dostoïevskaïa
dont le nom de jeune fille - Anna Grigorievna Snitkine - vous est peut-être plus familier: c'est le nom de la jeune sténographe à qui Dostoïevski dicta le roman Le Joueur. Dostoïevski était alors dans une situation difficile à cause des contraintes imposées par l'éditeur Stellovski, personnage particulièrement fourbe et rapace. Et alors...
mais lisez plutôt ce livre de souvenirs sur Dostoïevski, homme malade (épileptique), morose, nerveux, dit-il de lui-même, tandis qu'Anna Grigorievna Snitkine dit plutôt: homme très sensible.

Vous pouvez en entendre des extraits de ce livre d'Anna Grigorievna Dostoïevskaïa sur le site de LHOMMEQUILIT (voir lien dans colonne de droite).
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Mais, à propos...

Qu'est-ce qu'une "théorie irréfutable" ?

Il faut l'entendre au sens de Karl Popper.
(En anglais "unfalsifiable theory". Rappelons que le verbe anglais to falsify a ici le sens de "prouver la fausseté de").
Une théorie irréfutable, c'est une théorie dont on ne peut pas, dont on ne pourra jamais prouver la fausseté.

Les préfaces - et plus fondamentalement, les esprits humains ! - sont farcis de théories irréfutables.
Or la seule chose nécessaire et utile, c'est d'informer sur les faits.

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Où il sera encore question des préfaces -
Un élément biographique sur Dostoïevski

Une préface erronée et un silence absolu sur des faits précis concernant les relations entre Dostoïevski et Apollinaria Souslova, c'est la critique attristée que je formule à l'encontre de l'édition de poche dans laquelle j'ai lu le roman Le Joueur, il y a déjà un certain temps. C'était alors l'unique édition de poche pour ce roman.

1/2) Préface erronée
Le roman Le Joueur aurait fait office d' "exorcisme" et aurait définitivement éloigné Dostoïevski du jeu: c'est totalement faux comme le prouve le témoignage d'Ania Grigorievna Snitkine -la jeune sténographe à qui Dostoïevski dictait alternativement le manuscrit du roman Le Joueur. un contrat avec un éditeur l'astreignait à écrire un roman -Le Joueur- en un temps très limité -27 jours!-... Une fois ce travail terminé, Dostoïevski demanda la main d'Ania Grigorievna Snitkine et elle accepta. Par elle on sait donc de source sûre que pendant des années encore après l'écriture du Joueur, Dostoïevski a continué à jouer.

2/2) Le silence absolu sur des faits précis concernant les relations entre Dostoïevski et Apollinaria Souslova.
(Graphie de la transcription anglaise: Polinaria Suslova.)
De tête, je ne pourrais pas retracer toute leur relation.
Toujours est-il que Dostoïevski avait publié une nouvelle d'Apollinaria Souslova dans le journal Le Temps.
À je ne sais plus quel moment, alors que Dostoïevski se trouve hors de Russie, en Europe occidentale, Apollinaria Souslova se refuse à lui et part pour Paris en se liant à un Espagnol (qui dans le roman Le Joueur, devient sous la plume de Dostoïevski un "petit Français" que le personnage principal  (du roman Le Joueur) veut écarter de Pauline* (dont le modèle, jusque dans le nom même est Apollinaria Souslova. Et Apollinaria Souslova sera l'inspiratrice de très nombreux personnages féminins, notamment Nastassia Philippovna dans le roman L'Idiot).

J'ai donc récemment scruté trois éditions différentes du roman Le Joueur et ce n'est que dans l'une d'entre elles -une édition imprimée sur du mauvais papier avec une typographie déplorable (en ce qui concerne le texte du roman...)- que j'ai pu trouver, tout à la fin (et non pas dans la préface !), des précisions décisives sur l'attitude d'Apollinaria Souslova.

Pendant qu'Apollinaria Souslova file à Paris et vit sa liaison avec un Espagnol, Dostoïevski est accroché aux tables de jeu en Allemagne.
Puis il part pour Paris où il retrouve une Apollinaria Souslova miraculeusement seule. Elle accepte d'aller avec lui en Italie -en fait, ils s'arrêteront en Allemagne pour les tables de jeu-, elle accepte de l'accompagner à condition que ce soit "comme frère et soeur".
Et au cours de ce voyage, elle se montre nue à Dostoïevski tout en lui interdisant de le toucher.

Apollinaria Souslova acceptant d'accompagner Dostoïevski en voyage mais à condition qu'ils soient "comme frère et soeur", Apollinaria Souslova refusant de se donner à Dostoïevski mais se montrant nue à lui, ces faits sont avérés.

Il me semble qu'il n'y a aucun doute sur la relation entre Apollinaria Souslova et Dostoïevski: une manipulatrice -dotée d'une estime de soi colossale- jouant avec un homme malheureux (masochiste ?) qui, de son côté, s'attache à cette femme qui pourtant ne lit que rarement les livres qu'écrit Fédor Mickhaïlovitch D. (à l'inverse d'Ania Griogorieva Snitkine).

Parlant de Dostoïevski: comment peut-on vouloir -avec autant d'acharnement- souffrir pour quelqu'un qui ne vous aime pas?
Quand on est jeune, cela peut arriver pour un adolescent de souffrir ainsi pour quelqu'un qui ne vous aime pas. Mais à quarante-cinq ans, l'âge de Dostoïevski au moment du roman Le Joueur... n'est-ce pas du masochisme profond?

Ceci dit, relativisons, car Dostoïevski n'est pas le seul à avoir été torturé par Apollinaria Souslova !...
Elle a aussi torturé Vasily Rozanov dont Dostoïevski était l'écrivain préféré. Vasily Rozanov savait qu'Apollinaria Souslova avait été la maîtresse de Dostoïevski et cela suffit à éveiller son intérêt: une rencontre réelle fit le reste: Rozanov fut immédiatement subjugué par Apollinaria Souslova et dans subjugué il y a "joug".
Subjugué par = tombé sous le joug de.

Dans Dostoïevsky raconté par sa fille, Lyubov Dostoyevskaya  décrit ainsi Apollinaria Souslova:
"C'était une jeune fille de province dont les riches parents pouvaient lui envoyer assez d'argent pour l'entretenir confortablement à Saint Pétersbourg. À chaque automne elle s'inscrivait comme étudiante mais n'étudiait pas et ne passait aucun examen. Toutefois elle assistait à des lectures, flirtait avec les étudiants, les forçait à signer des pétitions, participait à toutes les manifestations politiques, chantait La Marseillaise, jurait comme un Cosaque et se comportait de façon provocante."

Notons que la fille de Dostoïevski et d'Anna Grigorievna Snitkine n'est pas de la génération d'Apollinaria Suslova.
De toute façon, ce portrait doit - selon nous - être complété et affiné.

Apollinaria était fille de serf -oui, le servage existait encore en Russie- mais son père avait su s'enrichir comme commerçant et industriel.
Il décida de donner une bonne éducation à ses filles, Polina et Nadezhda.
Elles avaient une gouvernante et un maître de danse.
Quand les Suslov emménagèrent à Saint Pétersbourg, Polina entra à l'Université d'État de Saint Pétersbourg.
Elle aima les réunions politiques, les manifestations et les réunions d'étudiants.
Elle avait de la sympathie pour les vues les plus radicales de l'époque, notamment en ce qui concerne l'émancipation féminine.

Tout ceci dénote une double motivation revendicatrice chez Apollinaria Souslova: d'abord en tant que fille de serf, mais aussi en tant que femme.
Et elle ne se contente pas de revendiquer: elle manipule ses admirateurs en flirtant avec d'autres étudiants.
C'est ici que se situe la particularité de sa personnalité: revendiquer c'est une chose, faire souffrir ses admirateurs c'en est une autre...
C'est pourquoi, même après avoir replacé la jeune Apollinaria Souslova dans son contexte historique, nous maintenons notre analyse: Apollinaria Souslova faisait preuve d'un comportement manipulateur, voire pervers.
(La perversité, c'est prendre plaisir à faire souffrir autrui.)
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(g) De René CHAR,

De René Char, je conseille notamment Feuillets d'Hypnos
(publié en poche), bref recueil d'où est extraite la citation placée en exergue du présent article.

Et pour mieux comprendre la poésie de René Char,
je conseille le René Char d'Éric Marty (publié en poche).

L'auteur de Beijing Tristesse (voir ci-dessous § 9)
a eu la chance de converser avec Guy Goffette,
un poète qui a personnellement connu René Char.

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(h) VAUVENARGUES

Je poursuis cet article avec Vauvenargues et, à nouveau, Spinoza.

Dans ses Maximes et pensées, Vauvenargues écrivait:
"Les grandes pensées viennent du coeur."

Voltaire fut l'ami de Vauvenargues. Marmontel - qui lui-même a laissé un nom - a dit qu'il n'avait jamais rien entendu de plus brillant que les conversations entre Voltaire et Vauvenargues.
Quand Vauvenargues mourut - à trente deux ans -, Voltaire parla de lui en ces termes:
" Les grandes pensées viennent du coeur.
C'est ainsi que, sans le savoir, il se décrivait lui-même."

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À propos de cet eBook, rappelons cette citation* de Kafka :
"Il me semble d'ailleurs qu'on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un bon coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire (…) Un livre doit être la hache qui brise la mer gelée en nous. Voilà ce que je crois."
(* Extrait d'une lettre de Kafka à Oscar Pollak, 1904)

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27 janvier 2010

DANSE MONGOLE, LE BIYELGEE - COSTUMES TRADITIONNELS

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Pour écouter le morin khuur (vièle-cheval), l' urtiin duu (chant long) et d'autres chants mongols, pour voir des costumes traditionnels, consultez la liste des principaux articles du blog:
PRESENTATION DU BLOG
Musique et culture de Mongolie
Sur les chemins du long voyage
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# Blogs amis : voir rubrique LIENS dans la colonne de droite.
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DANSE TRADITIONNELLE MONGOLE :
LE BIYELGEE

COSTUMES TRADITIONNELS


BYIELGEE___EN_COSTUME___DANS_LA_YOURTE___AVEC_JOUEUR_DE_MORIN_KHUUR_V2


1/2) LE BIYELGEE

En 2009, les
danses biyelgee ont été inscrites par l'Unesco sur la liste du patrimoine mondial, nécessitant une sauvegarde urgente.
Le
biyelgee, ce sont des danses traditionnelles mongoles.
Elles sont conçues pour pouvoir être effectuées dans l'espace réduit du "ger", ce qui explique l'amplitude relativement limitée des mouvements, et le fait que beaucoup de mouvements sont exécutées à genoux. (le "Ger" est le mot mongol désignant la tente traditionnelle des nomades, tente qu'en français nous appelons... yourte).
Il n'y a plus guère que certaines personnes très âgées capable d'exécuter et de transmettre ces danses traditionnelles.

En voici deux exemples:

D'abord nous recommandons chaudement, sur le site de l'
Unesco une page présentant les danses biyelgee, et sur la même page, vous pourrez accéder à deux onglets : "diaporama" et surtout, "vidéo".
Sur tous ces documents, vous pourrez observer des
costumes traditionnels mongols.
Sur la vidéo vous pourrez voir et entendre le
morin khuur (vièle à tête de cheval).

http://www.unesco.org/culture/ich/index.php?USL=00311

Dans la vidéo de l'Unesco, vous prendrez soin de bien écouter le commentaire et de bien observer, non seulement les danses elles-mêmes, mais aussi les lieux où la vidéo a été filmée, les objets liés à la vie traditionnelle, c'est-à-dire non seulement les superbes costumes de fêtes, mais aussi des détails qui ramènent à la vie de tous les jours: les mouchoirs de différentes couleurs qu'on porte à la ceinture -chacun étant dévolu à un usage précis-, le petit étui qu'on porte à la ceinture et qui contient le nécessaire à couture.
Au début de la vidéo figure une carte montrant les régions de
Khovd et Uvs.

Voici un lien direct vers notre playlist
"DANSES COSTUMES ETHNIES de MONGOLIE" sur notre chaîne Youtube: vous y retrouverez la vidéo de l'Unesco, mais aussi d'autres vidéos de danse mongole.
http://www.youtube.com/user/KokeKhuur#g/c/51959D2E0951AFF3

Ci-dessous, la suite de l'article, notamment la partie sur les costumes, incluant photos et liens vers des articles complémentaires.

Tous les Mongols n'ont pas de la famille aux USA.
Une grande partie des Mongols vit dans la pauvreté.
Les nomades vivent modestement, et dans des conditions très rudes. Et puis il y a tous ces Mongols qui espèrent trouver un moyen de subsistance en ville, notamment à Ulaanbaatar, la capitale.
La pauvreté en Mongolie est un thème qui est abordé sur d'autres articles de ce blog.
Si vous allez en Mongolie, ne vous contentez pas de prendre des photos ou de filmer: soyez attentifs au dénuement des gens que vous croisez et penser à leur apporter leur un peu d'aide matérielle... Merci pour eux.

2/2) COSTUMES TRADITIONNELS

Chaque ethnie a son costume, ou plutôt quatre:
deux pour les hommes, deux pour les femmes.
Pour chaque sexe, un costume d'été et un costume d'hiver.
Étant donné les grands écarts température entre l'été et l'hiver, on comprend bien qu'il faut deux costumes différents.
En Mongolie l'hiver est très long et très rigoureux. Un élément qu'on oublie souvent: le vent, qui accentue encore la sensation de froid. Certains coiffures (pas toutes) sont très enveloppantes, recouvrant l'arrière de la tête et la nuque, et si nécessaire les oreilles.

Quelles sont les pièces du costume mongol ?

# le deel (la tunique, en mongol : dööl). Le deel est fermé par un rabat sur le côté droit de la poitrine. Souvent les manches sont à revers. (En français, vous trouverez souvent l'orthographe "del".)
# la large ceinture où sont accrochés des objets utiles (même principe pour la femme et l'homme, les objets diffèrent, voir photos plus bas)
# le couvre-chef
# les bottes.

Le sujet de l'habillement est riche, car tous les éléments du costumes varient en fonction de l'ethnie.

Quelques détails d'un costume féminin

BYIELGEE___COSTUME___NECESSAIRE_A_COUTURE_PORTE_A_LA_CEINTURE_V2
Nécessaire à couture, porté à la ceinture dans un petit étui.

BYIELGEE___COSTUME___MOUCHOIRS_PORTES_A_LA_CEINTURE_V2
Trois mouchoirs à la ceinture: le vert pour ce qui est gras, le rouge pour la sueur, le blanc pour le visage et les mains.

BYIELGEE___COSTUME___COIFFURE_SPECIFIQ_POUR_UNE_FEMME_ACCEDANT_AU_STATUT_D_EPOUSE_V2
Une coiffure spécifique distingue la femme qui accède au statut de femme mariée.

Dans d'autres articles de notre blog, vous trouverez des liens vers des vidéos musicales, figurant sur notre chaîne Youtube: sur beaucoup d'entre elles vous pourrez voir des costumes traditionnels.
http://www.youtube.com/user/KokeKhuur
Et le lien direct vers notre playslist consacrée aux danses et costumes.
http://www.youtube.com/user/KokeKhuur#g/c/51959D2E0951AFF3

Si les costumes vous intéressent particulièrement...

...d'abord
vous pouvez visionner ce diaporama, sur fond de musique mongole.
En fait, les quelques images de ce diaporama proviennent d'un site encore plus fourni en illustrations dont nous donnons le lien plus loin.
Mongolian Traditional Clothing: Nomadic Beauty
http://www.youtube.com/watch?v=TMQ1ivfHwow

...et puis, pour faire le lien avec la géographie, je vous conseille de visionner une vidéo qui vous présente successivement les costumes de treize ethnies mongoles avec, pour chacune d'entre elles, son aire géographique, qui peut d'ailleurs, pour certaines, déborder vers la Chine (province de Mongolie intérieure), ou vers la Russie (dans le cas des "Buryad"). Remarque : en français on transcrit "Buryad" en Bouriate.
http://www.youtube.com/watch?v=W7rBC-VXKQQ

Voici les liens vers trois articles consacrés aux costumes mongols:

L_1/3 Un article d'un journal mongol anglophone, avec quelques illustrations
http://www.mongoliatoday.com/issue/7/clothes.html

L_2/3 Un article d'un site "tourisme" du gouvernement mongol, l'article -en anglais- est intéressant mais n'est pas illustré
http://www.mongoliatourism.gov.mn/index.php?option=com_content&view=article&id=290:traditional-attire&catid=70:culture&Itemid=76

L_2/3 Ah! Voici une trouvaille de Khuur.
Une page web présentant un
article suivi par 100 liens vers autant d'illustrations: costumes ou éléments de costumes, classés par ethnie. L'article date de 1967 mais pour des costumes traditionnels, ce n'est pas gênant. À cette époque, la Mongolie dite indépendante était une République Populaire de Mongolie, très liée à l'U.R.S.S. alors qu'en 2010, la Mongolie indépendante est tournée vers... les USA ! Comme les temps changent... Au fait, d'une époque à l'autre, y a-t-il moins ou plus de pauvres ? Question difficile. Voir nos articles sur la pauvreté en Mongolie et les perspectives économiques.
Mais voici cette mine de 100 illustrations:
http://www.skiouros.net/varia/ncmpr/ncmpr.htm

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Merci de votre visite.
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12 décembre 2009

CHANT ou CHANSON ? - ARTICLE REVU

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CHANT ou CHANSON ?
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Plan
A) CHANT et CHANSON : SIGNIFICATIONS COURANTES
B) QUELLE DIFFÉRENCE ENTRE CHANT ET CHANSON ?
C) LE PROBLÈME DES CHANSONS, LA FORCE DES CHANTS
D) L' URTIIN DUU :
     UN EXEMPLE DE CHANT TRADITIONNEL
E) CHANTER, EN POESIE
F) PROLONGEMENT DANS UN AUTRE ARTICLE :
    LA MUSIQUE PEUT RAVIVER DES ÉMOTIONS ENFOUIES
-

A) CHANT et CHANSON : DÉFINITION

Je distinguerai ici ces deux termes, en leur donnant des significations bien distinctes.

Chez l'animal, l'action de chanter relève de l'instinct. Le chant du merle, du rouge-gorge.
Chez l'homme, l'action de chanter relève d'une décision et d'une intention.

D'abord, donnons le sens des mots "chant" et "chanson".
On remarquera que l'origine est la même: le verbe latin
canto, as, are (je chante, tu chantes, chanter) a donné chanter, chant, chanson.

# Chant :
(1) l'activité de chanter ;
(2) par extension, toute oeuvre chantée.
"Chant" est un terme général, de même que "chanter".
Exemples:
(1) "J'aime chanter. Je prends des leçon de chant. Pour moi, le chant, c'est très important."
(2) "Ce chant est une oeuvre magnifique. Notre chorale va le mettre à son programme."
Remarque (3) En poésie, chanter, c'est célébrer.

# "Chanson" :
(1) - forme brève (souvent populaire) alliant texte et musique.
Exemple : une chanson à succès.
(2) - Les poètes utilisent parfois le mot chanson pour désigner certains poèmes. Le terme chanson induit alors une connotation de simplicité, de proximité
Exemples:
(1) Ce chanteur est aussi le compositeur de ses chansons. Mais sauf exception, il n'écrit pas le texte: il fait appel à des auteurs.
(2) Les "Chansons des rues et des bois" est recueil de poème de Victor Hugo (qui ne voulait pas qu'on mette de musique sur ces vers).
"La chanson du mal-aimé" pest un poème de Guillaume Apollinaire (dans le recueil "Alcools").

>> Nous allons dans cet article esquisser une démarcation entre "chant" (2) (oeuvre chantée) et "chanson" (1) (forme brève et populaire, mêlant texte et musique.)
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B) QUELLE DIFFÉRENCE ENTRE CHANT ET CHANSON ?

On vient de le voir, les deux mots n'ont pas du tout la même étendue.

Tout ce qui est chanté peut être appelé "chant",

...tandis que "chanson" s'applique à des oeuvres partageant des caractéristiques précises:
la brièveté et l'accessibilité.

Les chansons sont faites pour plaire au plus grand nombre et dès la première écoute.
Dès lors, on entrevoit toutes les dérives commerciales pour parvenir à ces fins.

Par exemple, les chansons parlent souvent d'amour et jouent souvent sur la nostalgie.
Cela crée imparablement l'émotion.
Cette émotion que le texte seul -souvent indigent- ne saurait susciter, le charme de la musique la déclenche, même malgré soi. Le savoir-faire de l'interprète fait le reste.
Et c'est ainsi qu'on pleure dans les chaumières.

On considère en général la chanson comme un genre mineur, parce qu'
il est assez facile de créer une chanson, même si l'on n'est ni un grand poète, ni un grand musicien

Souvent, une musique plaisante compense un texte indigent... Et même si l'oeuvre est faible, la musique peut si facilement émouvoir... Certains ne s'en privent pas et tirent des larmes d'un public facilement ému. Qui n'a pas en soi des larmes cachées qui ne demande qu'à couler?


Il existe cependant d'excellentes chansons
.

Certaines chansons ont même une importance historique, comme Strange fruit, oeuvre de Abel Meeropol sur les Noirs lynchés aux États-Unis, interprétée par Billie Holiday en 1939 : cette chanson devint un symbole de la résistance à la violence raciale aux États-Unis.

>> Ce qui fait donc la force d'une oeuvre chantée, c'est d'une part la qualité de la musique et du texte, mais c'est aussi son destin dans la communauté humaine où elle est chantée.

La chanson la plus importante de Billie Holiday restera Strange fruit, métaphore de ces noirs américains lynchés. Le lynchage était alors une pratique courante, surtout dans le sud des États-Unis. Les assassins enlevaient leur victime, la pendaient, lui jetaient des pierres puis brûlaient son corps, c'est pourquoi la chanson évoque l'odeur de la chair brûlée.

Des arbres du Sud [des États-Unis] portent un fruit étrange...

Paroles originales:

Southern trees bear strange fruit
Blood on the leaves
Blood at the root
Black bodies swinging in the southern breeze
Strange fruit hanging from the poplar trees
Pastoral scene of the gallant south
The bulging eyes and the twisted mouth
The scent of magnolia sweet and fresh
Then the sudden smell of burning flesh
Here is a fruit for the crows to pluck
for the rain to gather
for the wind to suck
for the sun to rot
for the tree to drop
Here is a strange and bitter crop

Ce texte fut d'abord un poème écrit par Abel Meeropol (nom de plume: Lewis Allan).
Cet américain -juif russe d'origine- fut tellement choqué par les photos d'un lynchage qu'il n'en dormit pas pendant quelque temps.
Il écrivit ce poème - Strange fruit - puis le mit en musique.

Par la suite, il proposa à Billie Holiday d'interpréter cette chanson.
Billie hésita: son répertoire était constitué de chansons d'amour et de standards de jazz.
Et puis elle accepta, et son interprétation connut un très grand succès.

La firme Columbia records - avec qui Billie était en contrat à l'époque- refusa de produire l'enregistrement de Strange fruit. (Ne demandez pas pourquoi.)
Finalement c'est une petite maison de disques juive, Commodore records, qui produisit l'enregistrement, réalisé en avril 1939.
La revue Time magazine qualifia aussitôt (1939) ce morceau de "musique de propagande" (! No comment).

De fait, cette chanson relança la résistance et la protestation dans la culture noire américaine.

Billie Holiday n'allait que rarement en tournée dans les États du sud. Elle y chantait rarement Strange fruit, à cause des... problèmes que cela pouvait déclencher. Un exemple ?
Une fois, en Alabama, il a a suffi qu'elle essaye d'entonner cette chanson pour qu'elle soit chassée de la ville. Oui, chassée de la ville.


Longtemps interdite à la radio aux États-Unis, et même à la BBC (la radio d'état britannique...), cette chanson est entrée dans l'histoire du mouvement pour les droits civiques, dans l'histoire des noirs américains, dans l'Histoire tout court.


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Billie_Holiday_vers février 1947 - 794pxBillie Holiday vers février 1947




On chante toujours les oeuvres de Jean-Sébastien Bach -comme la "Passion selon Saint Matthieu" (BWV 244)- et de Heinrich Schütz -comme le "Fili mi, Absalon" extrait des Symphoniae Sacrae I - (SWV 269), parce que ce sont des oeuvres fortes qui impressionnent même si l'on n'est pas croyant.
Heinrich Schütz vécut à l'époque très dure de la Guerre de Trente Ans.

Il y a des chansons qui symbolisent un moment de l'Histoire d'un pays.

Pour les Français, le refrain suivant évoque la Révolution française:
"Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Les aristocrates à la lanterne,
Ah ! ça ira, ça ira, ça ira,
Les aristocrates on les pendra"

Le Chant des partisans est une chanson qui, elle, symbolise l'esprit de la Résistance [contre l'occupant nazi] pendant la Seconde Guerre Mondiale:
"Ami, entends-tu le vol noir des corbeaux sur la plaine ?
Ami, entends-tu le cri sourd du pays qu'on enchaîne ?
Ohé ! Partisans, ouvriers et paysans, c'est l'alarme !
Cette nuit l'ennemi connaîtra le prix du sang et des larmes"

Voilà un chant de combat. Mais au fait, pourquoi cette chanson s'intitule-t-elle le Chant des partisans?
Parce qu'à partir du moment où une chanson devient l'emblème de toute une partie de la population rassemblée par cette chanson qui se chantait en choeur, à l'unison, à partir de ce moment-là, cette chanson devient un "chant de ralliement". Et c'est un chant de combat, très résolu, et même très dur, comme en témoignent les paroles. Ainsi le voulait l'époque.

Quant à Strange fruit, l'oeuvre d'Abel Meerepol dont j'ai parlé plus haut, interprétée par Billie Holiday, c'est certainement la chanson qui incarne, à elle seule, la révolte des Noirs américains contre les lynchages dont leur commauté était, de loin, la principale victime, et plus généralement, contre les violences et les injustices de toutes sortes exercées à leur encontre.

>> Le destin d'une chanson -et de toute oeuvre chantée- se joue donc dans l'écho qu'elle éveille dans la population.


Mais il existe de nombreux types de chansons, et notamment des chansons moins marquées par tel ou tel circonstances historiques. Il serait dommage de ne pas en parler.

Il existe notamment des chansons liées au travail.
Prenons le cas des marins, au temps de la marine à voile. Les manoeuvres à bord d'un grand voilier nécessitait un effort simultané de plusieurs hommes, un effort coordonné et rythmé.
Et pour scander telle ou telle type de manoeuvre, il y avait telle ou telle chanson.
Les chants de marins ne sont donc pas que du folklore, loin de là.
Ce sont très souvent des chants de travail.

La fin d'une civilisation...

Il y aussi -toujours pour les Français- des chants qui semblent renvoyer à une civilisation rurale presqu'intemporelle - une civilisation rurale qui a pourtant définitivement disparu avec l'arrivée de l'agriculture mécanisée, cette disparition est évoquée dans le célèbre livre d'Eugen Weber "La fin des terroirs". C'est un livre d'histoire mais il se lit très bien.

Le plus fameux de ces chants [qui renvoient à une civilisation rurale] est sans doute
"Il pleut, il pleut bergère,
Rentre tes blancs moutons".
Pourtant cette chanson ne date que de 1780, et elle est tirée d'une opérette de Fabre d'Églantine (qui l'aurait fredonnée en montant à l'échafaud). Ce n'est donc pas une chanson qui vient de la tradition populaire... D'ailleurs, observons que le narrateur de cette chanson ne fait pas partie du monde rural : il s'adresse à la bergère, mais il ne parle en rien de la civilisation rurale dans laquelle vit la bergère.

D'ailleurs, dans cette civilisation rurale où le travail était physique, où le travail était produit au rythme permis par le corps des hommes et des animaux de trait, le français n'était qu'une des langues utilisées. Il y avait selon les régions le basque, le breton, le corse, l'occitan, et tous les patois d'ici et de là. On parlait et on chantait dans la langue locale.
Les hommes et les animaux allaient d'ahan du même pas. Le laboureur qui poussait sa charrue n'allait pas plus vite que le cheval de trait -ou le boeuf- qui la tirait...

Et  puis, un jour, nous raconte Eugen Weber, cette civilisation a pris fin. Le monde paysan était entré dans l'ère du machinisme et de la productivité: il fallait exécuter le plus de travail possible en un minimum de temps, comme dans le secteur industriel.

On ne racontait plus les contes d'autrefois autour du feu, on ne chantait plus les anciennes chansons, mais on reprenait les nouvelles chansons qui venaient de la ville.

Et la guerre de 1914-1918 a englouti ce qui subistait encore de cette très ancienne civilisation rurale, qui avait duré des siècles et qui avait vu marcher d'ahan l'homme et l'animal domestique, unis dans le même pénible effort pour féconder la terre.


Vous allez me dire... Pourquoi parler de la fin d'une civilisation rurale dans un blog consacré à la musique mongole ?
Mais parce que c'est complètement le sujet !
C'est un phénomène similaire qui se passe -qui s'est passé- en Mongolie.
La fin d'une civilisation traditionnelle, d'abord la fin de sa créativité (elle ne produit plus rien de nouveau, la nouveauté vient d'ailleurs, de la civilisation urbaine), puis vient la fin des transmissions, pour la façon de travailler, pour les chants et, tout simplement, pour toute une façon d'être-au-monde.

Pourquoi croyez-vous que la musique traditionnelle du morin khuur (vièle-cheval) a été inscrite par l'Unesco au patrimoine immatériel de l'humanité ?
(Même inscription pour l'urtiin duu -le chant long-).
Parce que c'est une tradition dont la vitalité s'étiole, une tradition en grand danger de dévitalisation. Vous savez, une dent peut se dévitaliser. Une civilisation aussi.

Oh ! On continuera longtemps à jouer du morin khuur. Et il existe toujours des éleveurs nomades en Mongolie.
Mais la civilisation qui a été constituée par ces éleveurs nomades mongols, cette civilisation qui pendant au moins sept cents ans a irrigué d'une riche vie la musique du morin khuur - et l'urtiin duu-, cette civilisation originale s'est dévitalisée, elle perpétue des coutumes et des contenus qui n'évolueront plus et qui sont concurrencés, pour ne pas dire supplantés, par les contenus de la civilisation urbaine : les chansons transmises par la radio, les feuilletons diffusées par la télévision (alimentée par des panneaux solaires), et par l'information sur la vie du pays et du monde (journaux télévisés,  bulletins d'information de la radio). L'abattage des animaux est réglementé, les lois sont votées par un parlement qui se trouve dans la capitale, ce parlement est élu par les citoyens, les enfants vont étudier dans des écoles sédentaires et ne voient leurs parents que lors des vacances scolaires.
La musique que les nomades entendent à la radio est une musique produite par l'industrie de l' "entertainment" mongol, des artistes de variétés qui passent à la télé. Les chants traditionnels qu'on peut entendre lors des grandes fêtes annuelles mongols renvoient la plupart de ceux qui l'écoutent à la nostalgie d'un monde perdu : ils ont tous, dans une zone perdue de la Mongolie rurale, ou bien encore de la famille, ou au moins des ancêtres. Au temps héroïques où les Mongols se sont constitués en tant que peuple sous l'égide de Gengis Khan, ils n'y avait que des tribus nomades et pas de ville. La civilisation mongole traditionnelle est une civilisation pastorale, nomade, sans écriture et sans villes.

Pendant les sept derniers siècles, il y a eu de nombreuses bifurcations historiques, ainsi l'introduction de l'écriture -alors qu'au départ cette civilisation était purement orale, puis il y eut le déclin du chamanisme supplanté par le bouddhisme que des Bonnets jaunes -venus du Tibet- ont implanté dans la plupart des ethnies mongoles.
(Cependant le chamanisme s'est maintenu chez les Bouriates et a pu être étudié sous l'ère soviétique par une chercheuse française, Mme Roberte Hamayon, voir article LE CHAMEAU QUI PLEURE - MONGOLIE - PAYS - CULTURE - CARTES.)
Ces deux changements importants n'ont pas profondément modifié le mode de vie des éleveurs nomades qui restaient au coeur de la nation mongole.

Mais désormais, culturellement et économiquement, la vie des Mongols tourne autour d'autre chose. Le centre de la vie économique est de moins en moins l'élevage, mais plutôt les mines, l'industrie, voire les services. Les Mongols qui sont éleveurs nomades forment une part bien moins importante de la population. Grâce aux panneaux solaires, ils ont une petite télévision dans leur yourte, une télévision qui happe l'attention des enfants dès leur plus jeune âge. Jadis, la vie nomade était l'univers limité et indépassable des enfants de nomades, depuis déjà quelques décennies, ce n'est plus du tout le cas, évidemment. Les enfants de nomades vont faire leurs études primaires, voire secondaire, dans un petit centre sédentaire (on n'ose pas parler de ville ni même de bourgade) et leurs parents rêvent pour eux d'études supérieures. Les jeunes filles ne veulent pas vivre la vie des éleveurs nomades et souhaitent aller vivre et travailler en ville, et notamment dans la capitale.
Les éleveurs montent toujours à cheval pour gérer leur troupeau. Mais près de la yourte est posée une petite moto qui est utilisée pour de nombreux déplacements plutôt que le cheval ou le chameau (selon les régions).
Les éleveurs ont des revenus modestes. La richesse du pays vient de l'exploitation du sous-sol: mines géantes de cuivre et de charbon. Des colonnes de camion chargés de minerai de charbon partent quotidiennement vers la frontière chinoise.
Un travail salarié dans les compagnies minières, ce sont des rentrées d'argent assurées.
Tandis que le métier d'éleveur est un métier où l'on ne compte pas son temps, chaque jour de l'année il faut s'occuper des bêtes, les traire, les faire paître, les abreuver, les soigner. Il faut régulièrement démonter la yourte pour aller ailleurs, trouver un pâturage à peu près convenable. Un été trop sec suivi d'un hiver très rude, et le troupeau sera décimé.
La ville et ses mirages -les vedettes qu'on entend à la radio (T.Bayagalan, et beaucoup d'autres chanteuses) et qu'on voit dans des spectacles à la télévision montrent aux quidams les milles feux de la société du spectacle. C'est dans la capitale que tout se passe ! C'est là que défilent les belles voitures (le tout dans une pollution record), c'est là qu'on rappe, qu'on joue du rock, qu'on chante de la pop, bref des musiques actuelles, dans lesquelles on injecte une touche mongole, que ce soit un instrument (par exemple un morin khuur) ou bien une technique, comme celle du chant diphonique.
La capitale ! Endroit de tous les possibles, sans doute, mais en pratique, pour beaucoup de Mongols pauvres, illusoire miroir aux alouettes.

Si la ville d'Ulaanbaatar concentre actuellement la moitié de la population mongole, c'est parce que beaucoup de ruraux sont venus à la ville dans l'espoir d'y trouver un sort meilleur.
Certains n'ont pas eu le choix, ayant perdu leur troupeau lors d'un hiver plus rude ou après un accident ou une maladie. Quant aux jeunes filles, enfants de nomades, elles ne veulent plus vivre la vie si rude et si isolée des familles d'éleveurs nomades.
Il y a donc des bidonvilles de yourtes* à Ulaanbaatar. (*Le terme mongol est ger).

Et puis, ce qui faisait la tradition du morin khuur, c'était tout un ensemble, une façon de travailler, une façon de vivre, une façon de vivre -de l'intérieur- des cérémonies et des rituels, une façon d'être en relation avec les autres, avec les animaux, avec la nature. Et il n'y avait rien d'autre, culturellement ou économiquement.
Par exemple ce "Chant pour attendrir les femelles qui refusent d'allaiter"
Suivre le lien pour lire le post consacré à ce chant. C'est une autre sorte de chant, que nous n'avions pas encore répertorié: un chant pour les animaux.

C'est pour cela que ce blog n'aura pas d'extension indéfinie.

La civilisation traditionnelle qui avait donné le morin khuur et l'urtiin duu est en voie d'extinction.
Oh ! certes, on jouera encore du morin khuur, on chantera encore de l'urtiin duu.
Mais ce n'est plus la même chose.
Et pour le dire d'un mot: ce n'est plus la même civilisation.
Culturellement et économiquement, il y a maintenant autre chose. Vous comprenez ?
Alors les Mongols sont toujours très attachés à leurs racines mais ce qui était la civilisation traditionnelle mongole s'est inévitablement...folklorisé.
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C) PROBLÈME DES CHANSONS, LA FORCE DES CHANTS

Le chant qu'on chant collectivement et qui cimente une communauté n'a rien à voir avec une chanson diffusée auprès de tous et déclenchant une dose de souffrance indvidualisée en chaque auditeur passif.

Le problème des chansons.
Par sa forme brève et sa séduction musicale, la chanson est particulièrement apte à rouvrir les blessures affectives. L'auditeur va passer et repasser en boucle une chanson qui réveille et accentue sa souffrance, jusqu'au vertige peut-être.
Les chansons sont créés par des auteurs, des compositeurs qui utilisent le pouvoir évocateur de la musique -alliée aux mots- pour déclencher chez chaque auditeur isolé une émotion qui le pince, le piège, voire qui le submerge.
La chanson titille la souffrance intérieure de chacun. Cela peut paraître bénin, en fait c'est insidieux et dangereux, parce que la chanson est parée de tous les atours de la séduction: mélodie accrocheuse, interprète convaincant (chanter, c'est jouer).
La chanson rouvre en chaque individu la plaie toujours mal refermée de ses peines intimes, histoires secrètes et soufrances impossibles à partager.
La chanson renvoie chacun à sa propre peine, personnelle, particulière, profonde et problématique.
La chanson renvoie chacun à sa solitude souffrante dans ce qu'elle a de plus incommunicable: les peines qu'on est seul à vivre, sans mot, sans secours, sans contact, sans étreinte salvatrice. Sans autre remède que le temps qui passe. Mais la chanson vient pulvériser la fragile et mince couche d'oubli qui commençait à peine à séparer l'individu de sa souffrance. Et c'est d'autant plus pernicieux que la chanson est séductrice, son charme émouvant ne transforme pas la souffrance: la souffrance reste la souffrance, et la chanson, en fourrageant dans la plaie, ravive inutilement la souffrance...
L'auditeur est un individu isolé -même s'il est dans la foule des spectateurs-, il est isolé et il est passif: ce n'est pas lui qui chante. Il est là pour admirer un "artiste", et cet auditeur passif est piégé, via la chanson, par le torrent d'émotions qu'elle déclenche en lui, et qu'il peut cacher aux autres, mais pas à lui-même. La chanson va raviver, entretenir, et souvent aggraver une souffrance, une souffrance à laquelle l'auditeur va s'attacher, parce que c'est la sienne. Et il va écouter et ré-écouter la chanson, sans s'apercevoir qu'il fait tout pour s'enfoncer dans sa souffrance: il chérit sa souffrance sans comprendre qu'il devrait la laisser s'éteindre...
Je parle de ce problème dans le post: la musique peut raviver des émotions enfouies
Et dans le § C2 de ce post, je donne des pistes pour sortir de cette ornière.

La force des chants
Parce qu'il unit toute une communauté, un chant n'accroît pas la souffrance individuelle, mais pose sur elle un baume, parceque la vie de celui qui fait partie d'une communauté est portée par l'énergie humaine de la communauté toute entière.
Dans le chant collectif, l'âme individuelle accède à une autre dimension: la dimension collective.

# Un
chant religieux unit l'assemblée des fidèles dans un même souffle de vie et d'espérance, un même souffle harmonieux, mesuré, confiant, apaisé. Ce chant porte les fidèles au-delà du seuil de la mort, vers les proches qui les ont quittés.
L'individu qui vient de perdre un être cher trouve un secours dans le chant religieux où sa voix est portée par les voix de tous ces êtres humains qui l'entourent physiquement et partagent sa foi, et chanter ainsi calme son corps par une respiration maîtrisée, mesurée, apaisée chez les autres d'abord, puis chez lui aussi.
Parce que le chant religieux unit toute une communauté de personnes qui se connaissent, partagent une foi et des valeurs, et entretiennent des relations sociales, il n'accroît pas la souffrance individuelle mais pose sur elle un baume: la vie de celui qui souffre mais appartient à une communauté soudée est portée par l'énergie humaine de cette collectivité.
Ceeux qui n'ont pas de croyance religieuse peuvent cependant trouver une âme collective dans une communauté qui veut, par exemple, bâtir un monde meilleur ici bas.
Bruno Bettelheim, qui avait vécu l'enfer des camps de concentration pendant la Seconde Guerre Mondiale, avait remarqué que ceux qui résistaient le mieux, ceux qui gardaient la volonté de vivre était d'une part les... Témoins de Jéhovah (exemple d'une foi inébranlable et d'une communauté étroitement soudée dans sa foi inébranlable) et... les communistes (autre exemple d'une foi inébranlable, mais ici une foi laïque en un avenir bâti collectivement par les hommes sur cette terre).
Bien entendu, nous ne portons aucun jugement sur cette foi-ci ou cette foi-là. Ce qu'il est intéressant d'observer, c'est que cette foi a porté des communautés tout entières, et les individus qui les composaient, alors qu'ils étaient plongés dans des conditions particulièrement dures: les camps de concentration...

# Un
chant patriotique unit les membres d'une nation dans la conscience d'une même culture, mais ces chants sont souvent récupérés, voire créés de toute pièce par le pouvoir politique. Le chant patriotique encourage les hommes au combat collectif.

# Un
chant de lutte en est une forme plus générale. La lutte rassemble un groupe d'hommes qui ont un idéal commun. Exemple : chant révolutionnaire.

# Un
chant qu'on fait chanter aux enfants, dans les écoles, est choisi à dessin. Au départ, c'est parfois... une chanson. Mais si cette chanson porte des valeurs universelles et généreuses, elle a les caractéristiques nécessaires pour devenir un chant.

# Un chant traditionnel unit tout un peuple dans l'émotion d'une même culture.
Chaque individu qui participe à une fête traditionnelle se retrempe dans la célébration de l'âme commune de son peuple.

Nous allons en présenter un exemple en
Mongolie avec l'urtiin duu (chant long), une forme de chant traditionnel.
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D) L' URTIIN DUU :
UN EXEMPLE DE CHANT TRADITIONNEL


Né il y a deux mille ans (d'après les estimations), l'
urtiin duu célèbre les valeurs traditionnelles liées à une ancestrale vie nomade au sein d'une nature terriblement rude.
C'est un chant d'une beauté prodigieuse, ample et majestueuse.

L'urtiin duu évoque la vie des éleveurs nomades au sein des immenses et sauvages paysages de la Mongolie.  Que va devenir l'urtiin duu chanté maintenant dans les villes, par des artistes professionnels? Dans ce contexte, comment ces artistes, pourraient-ils faire vibrer les valeurs d'une vie d'éleveur nomade qui n'existe plus ni pour les interprètes, ni pour leurs auditeurs citadins?

D'où mon conseil,
si vous voulez écouter les chants traditionnels mongols, allez en Mongolie et là-bas, éloignez-vous des villes. Mettez entre vous et les villes le plus de distance possible, allez retrouver les nomades qui vivent dans les zones les plus reculées, les plus isolées. Alors vous aurez une chance, lors des fêtes traditionnelles, d'entre un véritable urtiin duu (chant long).  Tel est mon conseil pour entendre ce chant prodigieux.

Toutefois, sans accomplir ce long voyage, vous pouvez découvrir sur ce blog
l'
urtiin duu (chant long) et le morin khuur (vièle-cheval).

L'
urtiin duu a été inscrit par l'UNESCO au patrimoine immatériel de l'humanité.

Vous pouvez en écouter des exemples sur ce blog: plusieurs articles proposent une sélection de liens vers des vidéos musicales.
Pour obtenir d'un coup la liste de tous les articles consacrés à ce thème, cliquez dans le nuage de tags (colonne de droite) sur le lien "chant long" ou "urtiin duu".

Voici un des articles présentant l'
urtiin duu
#
URTIIN DUU - CHANT LONG - MUSIQUE MONGOLE
http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2009/07/21/15553920.html


Vous trouverez dans cet article le lien vers la page de L'UNESCO présentant l'
urtiin duu.
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E) CHANTER, EN POÉSIE

Ainsi commence L'Énéide, poème épique du poète latin Virgile,
(Virgile voulait réaliser pour Rome l'équivalent de L'Iliade du poète grec Homère...):
"Arma virumque cano (...)"
Je chante les armes et les hommes (...)

Quand pour décrire sa poésie,
un poète emploie ainsi le verbe chanter avec un complément d'objet direct,
chanter veut dire célébrer.

Et, bien entendu, il n'y a pas que la poésie épique.
Le poète peut choisir de chanter l'amour,
ou la tragique grandeur de la condition humaine.

Cet emploi du mot chanter nous est revenu récemment
à l'occasion de la lecture des

Roubaïyat (quatrains) du poète persan Omar Khayyām (1048-1131),
poème célèbre et facile à trouver en traduction, à moins que vous ne lisiez le persan.

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F) PROLONGEMENT DANS UN AUTRE ARTICLE

Si tu aimes ce post, tu aimeras sans doute aussi cet autre article :

LA MUSIQUE PEUT RAVIVER DES ÉMOTIONS ENFOUIES.

Nous citons de la poésie dans les posts suivants :

LA JUMENT FAMILIÈRE

DEBOUT DANS LA BROUSSE DE L'ÊTRE

POESIE JAPONAISE CLASSIQUE


Si tu aimes ce post, tu aimeras aussi sans doute
"RENCONTRE AVEC LA CHINE DES MINGONG"
eBook dispo via lien en colonne de droite >>

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21 juillet 2009

URTIIN DUU - CHANT LONG - LONG SONG

----------2014-08-24 V10---------

Conseil pour naviguer sur ce blog

Pour écouter le morin khuur (vièle-cheval), l'urtiin duu (chant long) et d'autres chants mongols, pour voir des costumes mongols traditionnels, (...)
consultez la liste des principaux articles du blog:
http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2010/02/18/16855989.html

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UN TYPE DE CHANT MONGOL TRADITIONNEL

URTIIN DUU = CHANT LONG = LONG SONG

NOROVBANZAD___AMAZING_VOICE_0014

Norovbanzad, grande chanteuse d'urtiin duu,
accompagnée au morin khuur.
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Avant-propos

Depuis de nombreux siècles, les éleveurs nomades de Mongolie mènent une vie simple dans un climat particulièrement rude: certains hivers, le cheptel mongol perd des centaines de milliers de bêtes...
La famille d'un éleveur vit de façon autonome, logeant dans une tente démontable (la yourte, càd le "ger"), se déplaçant à la recherche de pâturages souvent bien maigres, et s'occupant de préserver son petit troupeau des rigueurs du climat et des attaques nocturnes des loups.
Cette vie autonome exige une énergie et un courage quotidien et trouve une récompense modeste mais précieuse: survivre ! préserver sa famille et son troupeau.
Les nomades ne possèdent que peu d'objets, mais cultivent depuis toujours un art immatériel: la musique. S'enracinant dans une tradition d'au moins deux mille ans, la musique traditionnelle mongole reflète la vie énergique, simple et courageuse des éleveurs nomades.
Le morin khuur ("vièle-cheval") porte, sculpté au bout de son manche, une tête de cheval, ce compagnon si cher au coeur d'un Mongol. Au cours des fêtes traditionnelles où les nomades se regroupent, l'esprit de leur culture ancestrale est illustré de la façon la plus éclatante par  l'urtiin duu ("chant long"), une forme de chant exceptionnelle que je vous invite à découvrir.

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PLAN

1) Présentation de l' urtiin duu - le chant long -
# Présentation
# Lien vers notre chaîne Youtube.
# Parenthèse
2) Histoire de la Mongolie depuis la chute du mur de Berlin : quelques repères.

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1) L' URTIIN DUU, le chant long (long song)

# Présentation

Dans les chants mongols traditionnels, il y a deux formes principales:
l'urtiin duu (le chant long), le bogino duu (le chant court).

L'URTIIN DUU (le chant long) a été classé par l'UNESCO au patrimoine mondial de l'humanité.
Signalons que ce chant exige - de toute évidence - une technique et un entraînement peu communs. C'est un chant majestueux, d'une ampleur impressionnante.
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Pourquoi "chant long " ?
Dans cette dénomination, "long" ne se réfère pas à la durée d'un morceau (beaucoup ne font que quelques minutes), mais au fait que chaque syllabe est tenue longtemps.
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Ce chant ample, calme et majestueux emplit, épouse et célèbre... l'immensité de l'espace mongol, un monde magnifique mais rude.
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Cette rudesse, cette exigeance forgent le courage et les valeurs des éleveurs nomades qui y vivent tout au long de l'année, avec des biens matériels limités. Telle était la vie traditionnelle des Mongols.
-
L'homme est influencé par ses conditions de vie.
Les exigences d'un environnement superbe mais surtout extrêmement difficile ont forgé les valeurs de ce peuple de nomades.

Sur les terres sillonnées par les nomades mongols, vivre, c'est d'abord survivre, pour les hommes comme pour leurs animaux.
Les hivers sont terribles, et une sécheresse suivie d'un hiver dur décime les troupeaux, à l'échelle d'un pays les pertes se comptent alors en millions de têtes.

Pendant des siècles, pendant des millénaires même, des lignées humaines ont nomadisé dans les espaces immenses de l'Asie Centrale.
Des monts de l'Altaï aux dépressions semi-arides des Gobis, et de ces Gobis jusqu'au lac Baikal, des tribus de nomades -chasseurs puis éleveurs- ont parcouru des immensités grandioses, sauvages, désolées et néanmoins d'une impressionnante beauté.

Un nomade n'emporte avec lui qu'un petit nombre d'objets : l'indispensable. Et dans l'indispensable, il y a la beauté.
La beauté des costumes brodés (un article du blog leur est consacré).
La beauté d'un art immatériel : la musique.
Les instruments mongols traditionnels sont de taille réduite : un cavalier mettra facilment son morin khur en bandoulière.
Quant à l'art du chant, aussi prodigieux soit-il —et l'art de l'urtiin duu est prodigieux—, il est totalement immatériel...

Les instruments, variés, allaient de la flûte au tambour, de la cithare au morin khuur.
Le manche du MORIN KHUUR est orné à son sommet d'une tête de cheval sculpté...
Le morin khuur est un instrument en apparence assez simple avec son archet en crin de cheval et ses deux cordes situées loin du manche...
Mais il n'est pas si facile d'en bien jouer.

Le morin khuur, dans sa décoration —la tête de cheval sculpté— comme dans son utilisation —l'imitation du cheval au galop et du hennissement d'un cheval sont des passages obligés dans la pratique de l'instrument—, le morin khuur est un instrument intimement lié à l'amour des Mongols pour leurs chevaux, compagnons indispensables de ces grandes étendues. Seuls les chameaux les remplacent dans les zones les plus arides.

Pendant des siècles les joueurs de morin khuur ont transmis leur art uniquement par tradition orale. Le morin khhur, outre qu'il sert à imiter le hennissement d'un cheval et le galop d'un cheval, peut produire un son proche de la plainte d'une voix humaine.
Le morin khuur produit, si l'on en joue avec douceur, un son très feutré et si l'on en joue avec plus d'âpreté, un son plus rauque.
C'est traditionnellement le morin khuur qui accompagne l'urtiin duu.

L'URTIIN DUU remonte à deux mille ans peut-être, c'est un type de chant unique. L'urtiin duu célèbre les vertus indispensables à la vie nomade et la splendeur de cette Nature si terriblement rude de l'Asie centrale, presqu'inhabitée.

Survivre dans ces contrées nécessite un courage sans relâche, un héroïsme tout en humilité devant une Nature que l'homme ne maîtrise jamais. Pour survivre dans cet environnement, il faut produire bien des efforts quotidiens, développer bien des qualités, forger bien des vertus.
L'urtiin duu est à la mesure des hautes vertus nécessaires aux nomades dans un environnement si rude...
L'urtiin duu est à la mesure d'un courage inébranlable et d'une solidarité sans faille.

L'urtiin duu nécessite une voix éclatante, portant toute sa puissance au-devant de l'espace immense.
L'urtiin duu est un chant si ample et majestueux qu'il arrive à évoquer la grandeur sauvage des vastes étendues mongoles...

La mélodie pentatonique est simple, mais les ornements et les effets de voix sont spectaculaires.
La tessiture est large et la voix s'élance dans le suraigu comme un oiseau dans le ciel.

Dans ces espaces que l'horizon lui-même ne saurait borner, dans ces espaces où les bêtes stressées par le manque de nourriture et les conditions extrêmes ralentissent leurs mouvements, la vie des éleveurs nomades se déroulait sur un rythme ample et lent qu'on retrouve dans la majesté sereine de l'URTIIN DUU, dans ces syllabes tenues comme des ponts invisibles entre le chanteur (qui souvent est une chanteuse) et d'autres nomades qu'on imagine à peine visibles... à l'horizon d'un immense paysage.

L'URTIIN DUU reflète le sens sacré de la vie qui se forge chez ces femmes et ces hommes soumis de tous temps au rythme d'une Nature si rude où seul un effort stoïque et sans relâche permet aux hommes et aux bêtes de survivre. Une Nature si rude, une vie si dure et un avenir si incertain ont forgé un courage à la fois humble et chevillé à l'âme.
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La culture mongole a longtemps été une culture uniquement orale et les textes de l'URTIIN DUU évoquent une époque où la langue artistique et la langue commune n'avaient pas encore divergé.
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L'URTIIN DUU est abondamment chanté dans les cérémonies et célébrations qui rythment la vie des nomades mongols. Mis à part les fêtes privées (mariages...), les grandes fêtes où résonnent l'URTIIN DUU ont lieu soit en été quand les animaux sont le plus gras et au mieux de leur forme, et quand les produits fabriqués avec le lait sont le plus abondants: ce sont les fêtes du NAADAM, où se pratiquent trois sports traditionnels: le tir à l'arc, la lutte de l'aige et les courses de chevaux (ou de chameaux). Dans ces courses passionnées, les jockeys sont des enfants dont les plus jeunes n'ont que sept ans !
L'autre très grande fête annuelle est le nouvel an lunaire, TSAGAAN SAR.

L'assistance qui écoute - attentivement - le chanteur ou la chanteuse d'URTIIN DUU, cette assistance participe volontiers au chant à certains passages. Le chanteur est généralement accompagné au ''MORIN KHUUR'' ( vièle à tête de cheval) et parfois au ''LIMBE'' (flûte en bois). Chaque occasion - fête, célébration - a ses spécificités qui amènent à sélectionner tel ou tel chant, pour telle ou telle étape des cérémonies. La région où se produit la célébration a également des conséquences sur le choix des chants et sur la manière de les interpréter.
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Si vous voulez approfondir, vous pouvez trouver des sites plus savants qui iront plus loin dans la description technique de l'URTIIN DUU, mais voici quand même quelques repères généraux.
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Un chroniqueur chinois de la dynastie Chou rapporte que les Xiong-nu - peuple nomade ancêtre des Mongols - chantaient comme un loup qui hurle... le loup étant une créature dont ce peuple affirmait descendre. Tout comme les Mongols d'ailleurs...
[ Si vous vous intéressez à l'histoire, sachez que vous trouverez le nom de ce peuple transcrit d'au moins trois façons : Xünnü, Xiongnu ou Hsiong-nu. ]
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L'URTIIN DUU tient une place particulière dans la société mongole et fait l'objet d'une véritable vénération en tant que forme rituelle d'expression associée aux célébrations et fêtes importantes. L'URTIIN DUU est exécuté en diverses occasions : mariages, inauguration d'un nouvel habitat, naissance d'un enfant, marquage au fer d'un poulain et autres événements fêtés par les communautés mongoles nomades. Ces chants longs peuvent également être interprétés lors du NAADAM -festivité estivale et lors des fêtes du nouvel an lunaire: TSAGAAN.
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L'URTIIN DUU est un chant très ample, serein et majestueux qui se distingue par des syllabes tenues très longtemps, avec des modulations, c'est un chant nécessitant une tessiture vocale très étendue ainsi qu'une puissance et une agilité vocale exceptionnelles.
Le contenu de l'URTIIN DUU, c'est toute une philosophie de vie qui s'est forgée dans la tradition millénaire des éleveurs nomades mongols, confrontés sans trêve à une existence extrêmement rude dans les vastes étendues qui vont des zones arides des Gobis aux montagnes de l'Altaï.
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Si l'URTIIN DUU est généralement considéré comme étant apparu il y a 2_000 ans, les premières oeuvres littéraires où il est évoqué datent du treizième siècle. Plusieurs styles régionaux ont été préservés jusqu'à aujourd'hui. Les interprétations et les compositions actuelles continuent de jouer un rôle majeur dans la vie sociale et culturelle des nomades de la Mongolie et de la République autonome de Mongolie-Intérieure, dans le nord de la République populaire de Chine.
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Depuis les années 1950, l'urbanisation et l'industrialisation prennent le pas sur le nomadisme, entraînant la disparition de pratiques et expressions traditionnelles. Une partie des prairies où les praticiens vivaient en nomades a été victime de la désertification, obligeant de nombreuses familles à opter pour un mode de vie sédentaire où certains thèmes classiques de l'URTIIN DUU, tel l'éloge des vertus et des connaissances nomades, perdent tout leur sens.
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Souvent accompagnés du MORIN KHUUR, l'URTIIN DUU tient une place particulière dans la vie des communautés mongoles de Mongolie et de Chine. Ces chants doivent leur beauté à une mélodie longue et continue, à de riches variations rythmiques et au registre vocal varié des interprètes.
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English sum-up
The Urtiin duu or long song is one of the two major forms of Mongolian songs, the other being the short song (bogino duu). As a ritual form of expression associated with important celebrations and festivities, Urtiin duu plays a distinct and honoured role in Mongolian society. It is performed at weddings, the inauguration of a new home, the birth of a child, the branding of foals and other social events celebrated by Mongolias nomadic communities.
Urtiin Duu: namely "Long Tune free-rhythm Songs".
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Urtiin duu !
Ce style de chant, c'est celui que j'aime le plus au monde !
Très impressionnant et très beau.

Dans la vie mongole traditionnelle, la chanteuse ou le chanteur d'urtiin duu était accompagné par un joueur de morin khuur, instrument prodigieux, qui unit l'usage des crins de cheval et l'emploi des harmoniques pour produire un son d'une douceur feutrée, une musique émouvante et belle comme un chantonnement qu'on sent bourdonner au plus profond de soi.

Parmi les vidéos que nous présentons, certaines vous permettront d'entendre une grande voix qui s'est tue. Une voix exceptionnelle.
Namjilyn Norovbanzad grandit dans une famille d'éleveurs. Elle devint une grande chanteuse, spécialiste de l'Urtiin duu, le chant long, ce chant traditionnel mongol. Elle disparut en 2002.

Ne nous berçons pas d'illusion : s'il existe encore aujourd'hui des éleveurs nomades en Mongolie, la civilisation traditionnelle n'est plus —depuis plusieurs décennies déjà— leur seul horizon. Les enfants étudient dans des écoles sédentaires, et les jeunes filles en particulier, rêvent d'une autre vie, à la ville. Le fait même qu'une chanteuse d'urtiin duu ayant grandi dans une famille d'éleveurs (Norovbanzad ) soit devenue une star de l'industrie du disque (en Mongolie) signale qu'avec l'arrivée de la radio, on ne vivait déjà plus dans le même monde économique. Et donc, bien sûr, la culture aussi a changé.
Oh ! certe, les Mongols urbains sont fiers de leur héritage culturel, ils accordent un grand prix aux fêtes traditionnelles, à la musique traditionnelle, aux chants traditionnels, mais c'est l'hommage d'une civilisation nouvelle et problématique (pour les humains qui la composent) à une civilisation traditionnelle qu'on admire sans vouloir y retourner : les filles des éleveurs nomades ne rêvent que d'aller vivre à la ville, loin du rude isolement où vivent leurs familles.

Voilà, je vous l'accorde, une fin bien mélancolique pour cet article.
Mais —Paul Valéry l'écrivait déjà— les civilisations sont mortelles.
Inutile donc de se voiler la face, la culture traditionnelle des éleveurs mongols n'est plus le seul horizon du peuple Mongol et ce, depuis déjà bien des décennies.
Désormais, en Mongolie, on peut apprendre le morin khuur et l'urtiin duu dans des conservatoires, mais la civilisation qui a donné naissance, il y a bien longtemps, à l'urtiin duu (chant long) et à la musique du morin khuur, et au "chant pour attendrir les femelles qui refusent d'allaiter", cette civilisation ne fait que survivre à l'époque révolue où elle créait une splendide culture musicale, époque révolue où il n'y avait pour les Mongols pas d'autre horizon que la vie d'éleveur nomade.

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# Lien

Les vidéos musicales que nous sélectionnons pour vous, amis lecteurs, sont désormais regroupées dans une chaîne sur Youtube.

Notre chaîne sur Youtube comporte plusieurs playlists, dont une spécialement consacrée à l'urtiin duu.
Bien sûr, nous vous conseillons d'explorer les autres playlists de cette chaîne toute entière dédiée à la musique mongole.

http://www.youtube.com/user/KokeKhuur

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# Parenthèse

Vous voudrez bien m'excuser de ne pas chercher à présenter un panorama exhaustif de la production musicale mongole.
Si vous cherchez des clips réalisés par des musiciens mongols, vous allez trouver tous les styles, de la pop mélodique au rap/hip hop le plus bling bling, avec rappeurs enrobés, frimant à côté de grosses voitures et de filles lourdement sexy. Mais tout ça, ce n'est pas très différent de la culture mondialisée que vous connaissez déjà et qu'on fabrique partout.
Si vous tombez sur de tels clips réalisés avec des musiciens mongols, n'oubliez pas que vous n'y apercevrez pas la réalité du peuple mongol : une grande majorité de gens très pauvres.

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2) Histoire de la Mongolie depuis la chute du mur de Berlin: quelques repères.

La misère est grande en Mongolie. C'est cela, la réalité. Et aux rares informations télévisées, vous avez peut-être pu voir quelques scènes d'émeutes.

Rappelez-vous: 1989... Le Parti révolutionnaire du peuple mongol (PPRM) détient le pouvoir depuis près de 70 ans... Cette année-là se fissurent puis se disloquent le mur de Berlin et l'organisation toute puissante du pouvoir soviétique.

En mars 1990, la totalité du Politburo mongol démissionne. La même année sont organisées les premières élections démocratiques. En mai, le monopole du Parti communiste est aboli et on établit le calendrier d'une élection.
Le 29 juillet 1990, les Mongols votent librement pour la première fois de leur histoire ! Il n'y a pas eu assez de temps pour qu'une opposition puisse s'implanter solidement : le PRPM remporte ces élections législatives aisément... Malgré une population nomade à 30%, le taux de participation s'élève à 92%.

Entre 1990 et 1992 ont lieu des évolutions importantes. La Chambre Haute dominait la Chambre Basse qui, elle, était pourtant élue au suffrage universel. La Chambre Haute est supprimée. Une dyarchie est instaurée - président et premier ministre - afin de ne pas concentrer tout le pouvoir exécutif en une seule main.

En 1991, suite au coup d'État fomenté - en Russie - par les communistes contre Gorbatchev, le président mongol rompt avec le PRPM.
Depuis son accession au pouvoir en 1990, le président a conduit des réformes libérales, pendant que s'effondrait l'URSS (Union des Républiques Socialistes Soviétiques) avec les conséquences que l'on sait, les anciennes Républiques s'émancipant une à une de la tutelle de la Russie : Ukraine, Géorgie, Kazakhstan, Kirghistan, etc..., la liste est longue.
-
En juillet 1992 se tiennent des élections présidentielle et législative. Le président - devenu indépendant - est réélu. Mais le PRPM aussi : il remporte 57% des voix et... 92% des sièges à l'Assemblée, grâce à un mode de scrutin majoritaire adopté en 1990, et grâce -en plus - à un redécoupage électoral favorable au PRPM.
Économiquement, c'est une période difficile : en 1993, le PIB mongol chute de 8%...
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Le président indépendant (ex-PRPM) reste en place jusqu'en 1997 et sera remplacé par un président issu... du PRPM. Mainmise - en général - du PRPM sur le poste de premier ministre, sauf pendant de brèves périodes - de 1996 à 1998 et de 2004 à 2006.
-
L'épisode de 2006 illustre la position de force du PRPM : rien ne peut se faire sans lui... En janvier 2006, le PRPM (ex-communiste) se retire du gouvernement de coalition qu'il avait formé avec le Parti démocratique (libéral), en accusant le Parti Démocrate de mal gérer l'économie et de laisser filer l'inflation.
Du fait du retrait du Parti de la Révolution, le gouverment perd plus de la moitié de ses ministres et l'Assemblée destitue donc le gouvernement - enfin ce qu'il en reste.
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Dernier dimanche de juin 2008 : le PRPM remporte (une fois de plus) la majorité des sièges à l'Assemblée.
Oulan-Bator, mardi 1er juillet 2008. Le résultat des élections a fait monter le mécontentement d'une foule qui, à 6 heures du soir, s'attaque au bâtiment principal du « Parti de la Révolution » (PRPM). Ces émeutiers jugent le gouvernement corrompu et soupçonnent des fraudes électorales. Il faut dire que le PRPM s'était vanté de sa victoire avant même l'annonce des résultats par la comission électorale nationale.
Des pierres sont lancées sur les vitres. Un début d'incendie se déclare dans le bâtiment. Les forces de l'ordres sont un moment débordées, puis réagissent en lançant des gaz lacrymogènes contre les manifestants qui s'éparpillent.
Le soir même, l'état d'urgence est décrété. Les troubles de juillet 2008 feront au total 5 morts et plus de 300 blessés. La fin du communisme s'était passée sans violence.
-
Mai 2009 : le président sortant - issu du PRPM - perd l'élection, remportée par un ténor du parti démocrate.
-
----------------------FIN--------------------

30 mars 2009

LA MONGOLIE DEPUIS LE XVIe SIÈCLE - MONGOLIE ET PAUVRETÉ - INDICE DE GINI

V2 2013-07-12 Ajouts dont un dernier paragraphe sur l'évolution révente
V1 2009-03-30


La Mongolie depuis le XVIe siècle

Mongolie et pauvreté -
Explication de la courbe de Lorenz
et de l'indice de Gini des revenus


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Conseil pour naviguer sur ce blog
 
Pour écouter le morin khuur (vièle-cheval), l'urtiin duu (chant long) et d'autres chants mongols, pour voir des costumes traditionnels, ...
consultez la liste des principaux articles du blog:

Sur les chemins du long voyage
http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2010/02/18/16855989.html
 
 
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Pour un article sur les perspectives économiques
actuelles pour la Mongolie, consultez
http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2010/02/16/16935607.html

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Pour une réflexion sur la pauvreté et la misère,
vous pourrez consulter les blogs suivants:

http://miseremisery.canalblog.com/
http://looforqin/canalblog.fr/
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Mongolie et colonisation(s)

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Au XVIème siècle, les chefs Mongols sont convertis par les Bonnets jaunes (une lignée du bouddhisme tibétain) qui étendent ainsi leur emprise sur la Mongolie. Il s'agit bien d'une colonisation religieuse. Les Mongols étaient jusque là « un peuple à chamanes ».
>> Sur le chamanisme, voir l'article
'' LE CHAMEAU QUI PLEURE - MONGOLIE - PAYS - CULTURE - CARTES ''
Vous y trouverez des liens pour approfondir.
-
Et, soit dit en passant, les Bonnets jaunes trouvaient dans cette expansion un moyen de s'affirmer face à leurs éternels rivaux, les Bonnets rouges. Le bouddhisme tibétain n'est pas monolithique et les enjeux de pouvoir existent chez les bouddhistes comme dans les autres religions...

Dans la longue histoire de la papauté, certains papes ont été empoisonnés: un mode opératoire discret, efficace et qui (à l'époque) laissait peu, voire pas, de traces discernables. Un ange passe... (si j'ose dire).
Dans la longue histoire du bouddhisme tibétain, il est arrivé la même mésaventure à des dalaïs-lamas, supprimés avec efficacité et discrétion par un clan rival.
Vous comprenez bien que, les passions humaines étant de tout temps et partout similaires, le désir de s'emparer du pouvoir a suscité des comportements similaires dans des clergés (catholiques / bouddhistes) fort éloignés les uns des autres.
Au final, c'est bonnet blanc et blanc bonnet... (si j'ose dire !)

Mais revenons à nos moutons (et chèvres et chevaux et chameaux)...
il faut bien insister sur un point.
>> En Mongolie, avant le bouddhisme, il y avait une culture originale et au coeur de cette culture, une religion : le chamanisme.
-
Au-delà de cette colonisation religieuse par les Bonnets Jaunes (au XVIIème siècle), si vous regardez une carte, vous verrez que la Mongolie - territoire immense mais faiblement peuplée - est enclavée entre deux immenses et puissants voisins, la Russie et la Chine. Donc vous avez deux zones d'influence en terre mongole : la zone d'influence russe, territoire aujourd'hui indépendant : la Mongolie. Et puis la zone d'influence chinoise, province de la Chine : la Mongolie intérieure.
-
Les peuples mongols - une population peu nombreuse - ne peuvent que difficilement s'émanciper de l'influence de leurs deux puissants voisins.
Ceci est illustré par l'histoire du territoire indépendant au XXème siècle. Lorsque le système impérial chinois - très mal en point depuis les deux Guerres de l'Opium et les Traités Inégaux -, lorsque donc le système impérial chinois s'effondre définitivement en 1911 (fin de la dynastie Qing), la Mongolie déclare son indépendance, mais cette indépendance aura beaucoup de mal à entrer dans les faits. D'ailleurs, l'influence russe devient bientôt l'influence soviétique, très prégnante : la révolution russe se déclenche en 1917 et dès 1924 est proclamée la République populaire de Mongolie. Les décennies qui suivent montrent que le cours des affaires mongoles suit étroitement le régime de l'URSS. Après la pérestroïka russe et la chute du mur de Berlin en 1989, l'onde de choc atteint rapidement la Mongolie où se produit une « Révolution démocratique » avec son corollaire: une entrée brutale dans l'économie de marché.
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Mongolie et pauvreté.
Une transition brutale vers l'économie de marché.
Augmentation des inégalités.

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Si vous voulez lire une réflexion de fond sur la pauvreté et la misère,
consultez la page suivante :
http://miseremisery.canalblog.com/
-
Dans la première décennie du XXIème siècle, même s'il y a une classe moyenne en Mongolie, il y a aussi - et surtout - beaucoup de pauvreté. À tel point que des industriels ont installé des usines textiles en Mongolie, pour la bonne raison qu'ils pouvaient payer les ouvrières moins cher qu'en Chine. C'est dire...
Sans doute ce type d'implantation fait-il partie de ce que les technocrates occidentaux désignent globalement comme un « remarquable succès de la transition vers la démocratie et l'économie de marché ».

Ce « remarquable succès » s'accompagne d'inconvénients notables pour une grande partie de la population, notamment les ruraux et, de façon générale, les plus modestes. En effet, les services de l'État sont de moins en moins efficaces ( par rapport à la période soviétique prise comme référence historique), et ces services de l'État sont concurrencés par des services privés, beaucoup plus coûteux et seulement accessible à une petite partie de la population : la clientèle solvable. Concrètement, pour les gens des zones rurales et pour les pauvres des villes (souvent des ruraux obligés de renoncer à leur mode de vie traditionnel), la qualité de l'éducation et des soins médicaux a décliné. Seuls les Mongols les plus aisés ont accès aux soins médicaux privés de qualité , seuls les Mongols les plus aisés peuvent envoyer leur progéniture dans les universités privées, et même dans les universités étrangères. D'un point de vue des motivations individuelles, les enseignants et le personnels soignants ont tout intérêt à migrer du système d'État vers le secteur privé.
Enfin le taux de chômage est élevé.
-
La fameuse « transition » - bel euphémisme technocratique - « vers la démocratie et l'économie de marché » a donc conduit à une inégalité sociale croissante : ce n'est pas un sujet de polémique, c'est un constat, réalisé entre autres par les économistes de la Communauté Européenne. On peut objectiver ce constat en mesurant les inégalités de revenus.
-
Mesure des inégalités de revenus
-
On mesure souvent les inégalités de revenus dans un pays par un indice synthétique,
l'indice de Gini [des revenus].
Ici 3 possibilités... Vous voulez
(1) Comprendre l'indice de Gini :
partie 'Méthodologie', en police marron, (avec graphique).
(2) Juste des données sur différents pays :
partie 'Données commentées', en police marine.
(3) Vous voulez sauter cette partie : déroulez jusqu'à retrouver la police noire.
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(1-A) Méthodologie
-

L'indice de Gini
est un indice de concentration, calculé généralement pour les revenus, dans un pays donné : indice de Gini des revenus.
Cet indice permet de mesurer la concentration des revenus dans un pays, autrement dit, il permet d'aborder les inégalités de revenus, dans un pays donné.
L'indice de Gini est sans unité - c'est en fait un pourcentage. On peut comparer les indices de Gini de différents pays, ce qui permet d'avoir une idée du degré d'inégalité des revenus dans tel pays par rapport à tel autre.
L'indice de Gini est compris entre 0 et 1. La valeur 0 correspondrait à une égalité parfaite ( même revenu pour tous les ménages ). La valeur 1 correspondrait à une inégalité totale ( un seul ménage reçoit tous les revenus du pays).
-
La distribution des revenus ( ''distribution'' au sens statistique mais aussi au sens comptable), la distribution des revenus évolue au fil du temps dans chaque pays. Si vous trouvez une source vous donnant un coefficient de Gini des revenus sans vous donner l'année, fuyez cette source ! La date des dernières donnés disponibles varie selon les pays.
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(2) Inégalités de revenus par pays : données commentées
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Évolution au fil du temps dans un pays, exemple de la Chine.
L'ère Deng Xiao Ping (ce dirigeant chinois qui avait lancé le slogan "Qu'importe qu'un chat soit blanc ou noir pourvu qu'il attrape les souris") a vu l'émergence foudroyante du capitalisme à la chinoise. Conséquence : pour la Chine, le coefficient de Gini des revenus a grimpé.
En 1982, vers le début de la fameuse "inflexion" lancée par Deng Xiao Ping, le coefficient de Gini des revenus en Chine était de 0,26 * : cette valeur faible indique que la société chinoise de l'époque était encore très égalitaire. ( Source: Banque Mondiale, graphique, in "wdr2006_outline")
En 2001, le coefficient de Gini des revenus était passé à 0,445 : un grand bond en avant... pour les inégalités en Chine. C'est le dernier chiffre dont je dispose pour la Chine. Il est est certain qu'en 2009, le coefficient de Gini des revenus pour la Chine se situe à une valeur encore plus élevée, ce qui fait désormais de la Chine la cousine germaine de... l'Amérique latine, en terme d'inégalités. (Source : "Le dessous des cartes") Un grand chemin parcouru en peu de temps. Mais on pourrait faire des remarques similaires pour d'autres anciennes économies communistes, comme la Bulgarie, sans parler de la Russie...
Pour la Russie en 1995 : 0,49. Avant la "transition", le coefficient de la Russie était de 0,24 (Source: Banque mondiale).
Le Brésil doit se situer encore au-dessus de la Chine puisqu'en 2001, son indice de Gini des revenus était de 0,593 :une valeur très élevée.
Pour le Mexique en 2000, 0,546.
Pour les USA en 2000 : 0,408.
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(1-B) Méthodologie (suite de 1-A, avec graphique)
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Remarque : si on a des données fiables pour les patrimoines- on peut calculer un indice de Gini pour les patrimoines. Les patrimoines sont encore plus concentrés que les revenus, en gros parce que les bas revenus ne peuvent épargner, tandis que les hauts revenus peuvent épargner et accroître - encore plus - leur patrimoine.
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Comme la présentation de l'indice de Gini - ou ''coefficient de Gini'' - n'est pas toujours très pédagogique, plutôt que de balancer une formule, je vais expliquer comment on construit un indice de Gini pour les revenus.
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COURBE_DE_LORENZ___INDICE_DE_GINI
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Il faut d'abord connaître les revenus disponibles de l'ensemble des ménages d'un pays (Le mot ''ménage'' est un terme statistique pour désigner les gens qui vivent dans un même logement.) (L'expression ''revenu disponible d'un ménage'' désigne le revenu disponible après prélèvement des impôts et cotisations sociales et après versement des diverses prestations sociales [quand il y en a...]). Et quand on a estimé, avec autant d'exactitude que possible..., le revenu disponible pour chacun des ménages d'un pays, on ordonne ces ménages par revenus croissants, depuis les ménages qui ne gagnent rien jusqu'au ménage qui reçoit le revenu maximal. Bien. C'est très important d'ordonner par revenus disponibles croissants parce que c'est la base de l'opération suivante : la construction de la courbe de Lorenz. Pour cette courbe, on met en abscisse un cumul de population, en pourcentage du nombre total de ménages. Et en ordonnée, on va mettre un cumul de revenu, en pourcentage de la somme de tous les revenus. Donc, avant de pouvoir placer un point de la courbe de Lorenz, il faut calculer le nombre total de ménage - noté M(100) - et le cumul des revenus pour l'ensemble des ménages - noté R(100). Dans cette notation, 100 signifie qu'on prend en compte 100% des ménages. Vous suivez ?
Comment va-t-on construire cette courbe de Lorenz (ici pour les revenus des ménages) ?
On connaît le nombre total de ménages, M(100). Donc on sait calculer 10% de M(100), on calcule M(100)x(10/100) qu'on peut noter M(10), 10 indiqant que ce chiffre corresponde à 10% des ménages.
Puisqu'on a ordonné les ménages par revenus croissants, on est capable de calculer le cumul de revenus pour les 10% de ménages les plus pauvres. On obtient un total de revenus qu'on va noter R(10), 10 pour rappeler que cela concerne 10% des ménages, en l'occurrence le 10% le plus pauvre.
Ce cumul des revenus des 10% de ménages les plus pauvres, on le divise par le cumul des revenus pour l'ensemble des ménages du pays. Autrement dit, on calcule R(10)/R(100) : c'est la part des revenus des 10% de ménages les plus pauvres rapporté aux revenus de l'ensemble des ménages. OK ?
Eh bien, on peut placer déjà placer un point de la courbe : en abscisse, on coche 10% (le 10% de ménages les plus pauvres) et en ordonnée on coche R(10)/R(100) : par construction, c'est un pourcentage.
On continue, et en suivant le même principe, on place sur le graphique les points correspondants aux 20% des ménages les plus pauvres, aux 30% des ménages les plus pauvres etc.
Remarquons que les deux points extrêmes de la courbe de Lorenz sont connus :
# à 0 % de la population des ménages correspond 0 % des revenus cumulés.
# à 100% de la population des ménages correspondent 100% des revenus cumulés.
Pour plus de détails, lire la note de lecture du graphique.
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Fin de la partie méthodologie.

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(3) Article : suite et fin
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Pour en revenir aux influences exercées sur les peuples mongols par les deux grandes puissances voisines, et maintenant l'Occident (notamment les USA); ces trois influences peuvent être étudiées en parallèle ( i1 à i3).
 
- (i1) L'influence chinoise

Dans la province chinoise (Mongolie intérieure) les enfants des peuplades mongoles apprennent le chinois à chinois, mais - d'après ce que je sais - ils peuvent aussi y apprendre le mongol. Le gouvernement de la province de Mongolie intérieure préfère utiliser l'expression "öbür monggol" (Mongolie du sud) alors que la traduction du "Mongolie intérieure" devrait normalement être "dotood monggol". Il faut savoir que l'habitude de désigner les deux territoires mongols par les termes "extérieur" et "intérieur" provient des Mandchous, qui ont régné sur la Chine, ce peuple du Nord est un voisin des Mongols. Il faut aussi que dans la région autonome de Mongolie, les mongols ne constituent que 17% de la population: 79% de la population est constitués par l'ethnie Han (majoritaire en Chine). Les Mongols se subdivisent en tribus, les Ordos sont une des tribus mongoles de la Mongolie intérieure.
La forte présence des Han résulte d'une politique menée par le pouvoir central chinois. En fait, la politique d'installation des Han remonte au XIXème siècle, sous la dernière dynastie impériale, la dynastie Qing (1644-1911).
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D'un côté, les Mandchous, en 1640-1642, battent les armées de la Chine des Ming (dynastie impériale en place depuis 1368) et de l'autre cette Chine des Ming est minée par les révoltes contre un pouvoir impérial qui prélève des taxes trop lourdes pour assurer son train de vie fastueux. En 1644, un général de l'armée des Ming s'allie aux Mandchous pour combattres les troupes (Ming) rebelles !...
C'est ainsi que les Mandchous parviennent au pouvoir et fondent la dynastie Qing (1644-1911). Les Mandchous ont leur propre langue, qui va d'ailleurs devenir la langue officielle de la dynastie Qing. Mais jusqu'au XVIIème siècle, les Mandchous ne possédaient pas d'écriture ! C'est le second empereur de la dynastie Qing, Huang-Taiji, qui va confier à un savant mandchou le soin de composer une écriture, inspirée de celle du mongol. Aujourd'hui, la langue mandchou est pratiquement éteinte...
Les Mandchous constituent dans la Chine d'auhourd'hui une ethnie reconnue, comptant environ 10 million de personnes, contre 1,2 milliards pour l'ethnie majoritaire, les Han.
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Le joug de la dynastie Qing sur les tribus mongoles n'était pas des plus tendres...
En vue de calmer des troubles, le pouvoir impérial Qing offrit des terres du nord aux paysans chinois, c'est ainsi que commença la colonisation par les Han des terres de la "Mongolie intérieure".
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Cette colonisation déjà ancienne aboutit à l'inclusion des territoires désignés comme "Mongolie intérieure" dans la République chinoise proclamée en 1911. (Repère pour ceux qui ne sont pas familiers avec l'histoire de l'Asie: il ne s'agit pas encore de la République populaire de Chine qui sera créée en 1949 ! )
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Aujourd'hui les Han se concentrent dans les villes, tandis que les Mongols sont plutôt dans l'espace rural et les bourgs. Évidemment, dans la Mongolie intérieure comme dans le reste de la Chine, la langue des études approfondies et de la réussite sociale est le chinois.
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Au sein de la Chine, les Mongols constituent une ethnie composée d'environ six millions de personnes. Sa langue est reconnue et même enseignée, mais la langue des études supérieures et de l'intégration dans la vie économique est bien sûr le chinois.
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Le mode de vie pastoral des éleveurs nomades (Mongols) est plus que menacé, les meilleures terres étant accaparées par l'agriculture (assurée par les représentants de l'ethnie majoritaire, les Han).
En fait, en Mongolie intérieure, Les Mongols qui veulent assurer un avenir à leurs enfants ont intérêt à s'installer dans les villes et à laisser leurs enfants suivre des études supérieures en chinois. La langue mongole est marginale dans la vie économique, et ceci, en Mongolie intérieure, pose davantage question que la disparition du mode de vie traditionnel.

En Mongolie indépendante, quel avenir pour le mode de vie traditionnel?

Pour revenir à la Mongolie indépendante, nombreux sont les éleveurs à rejoindre les villes où ils végètent dans des conditions précaires. Certains hivers, très rudes, peuvent tuer des millions de moutons...

Les jeunes filles de Mongolie indépendantes qui sont issues de familles nomades sont scolarisées dans des écoles sédentaires, implantées dans de petits bourgs. Elles reviennent dans leur famille à l'occasion des vacances. Pour ces jeunes filles, l'avenir qui leur ouvre le plus de possibilités, c'est de poursuivre leurs études, c'est d'aller dans les villes, pour y trouver une vaste palette d'opportunités de tous ordres, en terme de métier, de distraction, de confort, d'accès à la vie moderne.

Il est un peu trop facile pour les Occidentaux - confortablement installés dans la vie moderne - de célébrer les modes de vie traditionnels et de regretter leur disparition...
Sur toute la surface de la Terre, les modes de vie traditionnels sont menacés. Mais dans toutes les populations où
ces modes de vie se perpétuent, les nouvelles générations n'ont pas envie de vivre à l'écart des nombreuses possibilités de la vie moderne !

- (i2) L'influence soviétique

- Dans le Mongolie dite indépendante, on emploie beaucoup, comme jadis, l'alphabet cyrillique pour transcrire le mongol, et on utilise encore beaucoup la langue russe. Dans le film « Le chameau qui pleure », le personnage du chauffeur routier vient de Russie et s'exprime en russe avec les Mongols. Ce film présente d'indéniables qualités documentaires.

Il ne faudrait pas croire que l'influence soviétique ait été particulièrement bénéfique (par rapport à l'influence chinoise).
Sous l'ère de l'URSS, la Mongolie dite indépendante est en fait un protectorat soviétique... avec de nombreuses conséquences économiques et culturelles.
Auparavant, les mongols utilisaient une écriture dite traditionnelle, dérivée de l'écriture ouïgour, elle-même dérivée des écritures sémitiques telles que l'arabe. Les textes s'écrivaient de haut en bas, puis de gauche à droite. L'influence soviétique, entraînant l'usage de l'alphabet cyrillique pour transcrire le mongol, a rendu difficile l'accès des mongols aux anciens textes de leur propre culture !

(i3) L'influence américaine en Mongolie indépendante

Enfin, suite à la chute du mur de Berlin, avec la brutale transition vers l'économie de marché -, l'influence culturelle américaine s'est affirmée en Mongolie indépendante.
L'alphabet latin est donc également utilisé pour transcrire le mongol.
Et un certain nombre de Mongols ont émigré aux USA, mais ce rêve n'est accessible qu'à une petite partie de la population.

Vous avez dit "Empire", "Colonisation" ?

Revenons un instant au XIIIème siècle. L'empire mongol allait de la Mer Noire jusqu'à la Mer de Chine méridionale et du Golfe Persique jusqu'à la Mer du Japon. Il formait un grand bloc d'Asie, comprenant des villes commes Moscou, Bagdad, Pékin. Les mongols était un ''peuple à chamanes'' et non un 'peuple à dieu'', ce qui leur donnait dans le gouvernement de l'empire une sorte de distante tolérance par rapport aux religions des peuples soumis. Mais l'empire comprenait en particulier le Tibet, et au XVIème siècle, les Bonnets Jaunes - une école du bouddhisme tibétain - conquiert jusqu'au souverain, Alta Khan.
Je parlerai ici d'une véritable colonisation religieuse qui va s'avérer néfaste d'abord pour l'empire mongol, mais aussi pour les mongols eux-mêmes.

Donc, sans oublier la colonisation religieuse - déjà ancienne - par les Bonnets jaunes tibétains, les Mongols pris en sandwich entre l'influence russe et l'influence chinoise pourraient en dire long sur la colonisation. Et les mongols pourraient également en dire long sur les effets de la colonisation économique et culturelle par l'économie de marché et la société de consommation : les services de qualité (santé, éducation) ne sont financièrmeent accessibles qu'à une petite partie de la population.

Conséquences de l'évolution historique :
la culture traditionnelle mongole est en danger


Pour un peuple numériquement faible situé entre deux puissants empires, la colonisation est un destin presqu'inévitable, et pour préserver la culture mongole, il faut faire bien des efforts.
On saluera donc à ce titre l'inscription par l'Unesco de la musique traditionnelle du morin khuur au Patrimoine immatériel de l'Humanité.

Mais cette démarche est significative: la culture traditionnelle est en danger, davantage menacée encore que le mode de vie traditionnel.
Comme toutes les industries de l'entertainment dans le monde, l'industrie mongole diffuse des musiques inspirés des courants mondiaux : rap, R&B, pop...
Même un concert de musique traditionnelle, urtiin duu (chant long) ou morin khuur (vièle-cheval) s'éloigne à grand pas de la tradition. Le jour de morin khuur aura tendance à jouer plus dans l'aigu, pour avoir un son plus brillant et séduire davantage son auditoire de citadins et de touristes. Les chanteuses ou chanteurs d'urtiin duu se verront gratifier, bien souvent, d'une accompagnement moderne, bruyant, facile à créer avec les moyens modernes, alors que dand la tradition l'urtiin duu n'est accompagné que d'un simple morin khuur.
Et parmi les Mongols qui ont fait des études supérieures, beaucoup restent aux USA (où ils ont fait leurs études) ou cherchent à partir pour ce pays qui offre des perspectives de carrière et de confort de vie sans équivalent en Mongolie.

Pendant ce temps, en Monglie même, pour beaucoup de Mongols dont les conditions de vie sont très difficiles, l'essentiel est de survivre...
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Conditions de vie difficiles en Mongolie : survivre
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Étant donné les conditions de vie d'une grande partie de la population mongole - niveau de vie très bas, système de santé peu efficace pour les gens modestes -, des maladies infectieuses comme la tuberculose peuvent se développer.
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La vie des éleveurs nomades est extrêmement rude...
Sur l'année les températures peuvent varier de -40°C à +35°C, et entre la nuit et le jour la température peut passer de -5°C à +30°C en automne et au printemps. Si l'été est sec, le fourrage manquera pendant l'hiver...
La Mongolie a traversé en 1999-2000 et 2000-2001 deux hivers - consécutifs...- particulièrement rudes. La température est descendue jusqu'à -50°C, parfois au-dessous (un minimum à -57°C). Rien que pendant l'hiver 1999-2000, les éleveurs mongols ont perdu trois millions de têtes de bétail.
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Il n'y a pas que des éleveurs nomades en Mongolie. La capitale Ulaabaatar rassemble une part importante de la population du pays. Et parmi la population d'Ulaabaatar, il y a beaucoup de familles pauvres, avec des parents sans travail, malades souvent, vivant dans des baraquements de fortune. Et il y a aussi des enfants des rues, à Ulaanbaatar. La capitale de la Mongolie est la seule capitale au monde où la température moyenne annuelle est négative. Quand il fait trop froid, les enfants des rues descendent sous terre, pour se réchauffer auprès des conduites d'eau chaude.
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La santé des Mongols n'est pas toujours bonne : la tuberculose et autres infections pulmonaires sont favorisées par l'insuffisance de la ventilation dans les yourtes.
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La chute du communisme et la disparition de l'U.R.S.S. a précipité la Mongolie vers l'économie de marché. Le passage a été brutal et les conséquences pas toujours bénéfiques. Les
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La peste est une menace latente : les marmottes véhiculent la peste, tout en y étant assez résistantes. Rassurez-vous, on ne signale que quelques cas annuels (pas plus qu'aux USA par exemple). Ces quelques cas proviennent de la chasse aux marmottes, en juillet et août.
Rappelons que le bacille de la peste est transmis de rongeur à rongeur par les puces. La puce du rongeur peut occasionnellement piquer l'homme.
Dans ce cas, le bacille infestera l'organisme par la voie lymphatique (peste bubonique), et parfois directement par le sang (peste septicémique). La contamination peut atteindre d'autres organes, comme les poumons. La maladie peut alors se transmettre d'homme à homme par aérosol, et de façon extrêmement contagieuse.
Comme je l'ai dit, rassurez-vous : la peste est présente sur tous les continents (sauf l'Australie) mais l'OMS ne signale que quelques cas par an en Mongolie : en 1996 six cas, en 1997 quatre cas occasionnant deux décès.
À titre de comparaison, aux USA : en 1996 cinq cas dont deux mortels, en 1997 quatre cas dont un mortels. (Source : OMS, www.who.int/fr/ )
Donc si vous vous sentez assez courageux pour aller aux USA, alors vous êtes suffisamment courageux pour aller en Mongolie !

Mais penchons-nous un peu sur les...

Développements récents de l'économie mongole et perspectives

Dans l'économie mongole, deux secteurs sont incontournables :
le secteur agricole et le secteur minier.

Dans le paragraphe précédent, nous avons évoqué les conditions difficiles dans le secteur agricole, et la précarité de l'élevage extensif dans des conditions extrêmement rudes.

Dans un article indépendant datant de 2010
- MONGOLIE - PERSPECTIVE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE -,
nous avions annoncé les tractations (entre compagnies minières et pouvoir politique mongol) en vue d'une mise en valeur de gigantesques ressources minières.
D'une part, un énorme gisement de cuivre, Oyu Tolgoi.
D'autre part, un colossal gisement de charbon, Tavan Tolgoi.

En cette année 2013 doit commencer l'exploitation du gisement d'Oyu Tolgoi mais des tensions - encore récemment, entre le pouvoir mongol et les compagnies minières - ont un peu retardé cette mise en exploitation (je vous passe les détails).

Plus importante que ces difficultés de partenariat est la question :
Qu'est-ce que la population de Mongolie indépendante va retirer de l'exploitation du sous-sol national ?

Nous nous posions déjà cette question dans l'article cité ci-dessus :
je ne peux que vous y renvoyer - cet article est toujours d'actualité, je ne vois pas grand-chose à y retoucher -...,
et je vous rappelle le problème prégnant de la pauvreté et des inégalités sociales en Mongolie, illustré dans cet article-ci par un indicateur souvent utilisé : l'indice de Gini des revenus.

Autre question importante soulevée (comme un nuage de poussière et de suies) par l'exploitation minière :
Quel impact sur l'environnement ? (à court, moyen et long terme.)

À propos d'environnement, et en nous éloignant des sites miniers, signalons que Ulaanbaatar (Oulan Bator en français) est une ville extrêmement polluée.

Évidemment, il faut toujours rester optimiste.
Les Mongols aiment leur culture et leur pays, et on peut espérer que de bonnes décisions seront prises au sein de cette jeune démocratie.

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Rappel :
Article sur l'exploitation minière en Mongolie
et sur les perspectives économiques et sociales :
MONGOLIE - PERSPECTIVE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE


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29 mars 2009

LE CHAMEAU QUI PLEURE - MONGOLIE - PAYS - CULTURE - CARTES

Le Chameau qui pleure.
Mongolie : pays, culture, cartes.

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Conseils pour naviguer sur ce blog
 
Pour écouter le morin khuur (vièle-cheval), l'urtiin duu (chant long) et d'autres chants mongols, pour voir des costumes traditionnels, ...
vous pouvez consultez la liste des principaux articles du blog:

"Sur les chemins du long voyage"
mongoliamusic.canalblog.com/archives/2010/02/18/16855989.html

>>> Sur le sujet du "Chameau qui pleure", vous pouvez aussi lire l'article suivant, à propos d'un CD contenant le "chant pour attendrir les femelles qui refusent d'allaiter":
mongoliamusic.canalblog.com/archives/2009/03/05/14129930.html

2016-05-08 V12
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Mongolie : pays, culture, cartes

Plan de l'article :

1 Introduction
2 Que recouvre le mot "Mongolie" ?
3 Première approche, premier outil: les encyclopédies
4 Géographie physique & cartes
5 Histoire du peuple mongol
6 Culture - et musique - mongoles
7 Religion originelle : le chamanisme
8 La Mongolie réelle et actuelle : enjeux
 
1 Introduction

Quelques pistes pour se documenter sur la Mongolie et sa culture.
Inutile de refaire ce qui a déjà été fait, et bien fait.
En revanche, dans le grand fouillis du Web, je voudrais vous signaler quelques sources de qualité, avec quelques conseils de recherche documentaire.

2 Que recouvre le mot "Mongolie" ?

Il y a une Mongolie indépendante, enclavée entre la Russie au nord et la Chine au sud.

Mais il y a aussi, juste au sud de cette Mongolie indépendante,
une province de la République Populaire de Chine,
qui s'appelle la Mongolie intérieure ( Inner Mongolia ).
C'est bien sûr dans l'Histoire qu'il faudra chercher l'origine de cette partition.

D'autre part, au nord de la Mongolie indépendante,
on trouve
une tribu mongole, implantée pour une large part en territoire russe.

Donc les peuples mongols et leur culture sont répartis sur trois pays.

Dans la suite de l'article, nous parlerons surtout de la Mongolie indépendante, que nous appellerons Mongolie tout court. 

3 Première approche, premier outil : les encyclopédies

D'abord un conseil de méthode :
dans un domaine que vous ne connaissez pas, allez du général au particulier,
commencez tout simplement par consulter des dictionnaires, atlas et encyclopédies:
ouvrages en ligne, sur papier ou sur DVD.
Commencez par Internet: l'encyclopédie gratuite Wikipedia (dans la version anglaise, les articles sont souvent plus développés)
Complétez par des encyclopédies de référence comme l'Universalis (en français) ou la Britannica (en anglais). (Ouvrages consultables en bibliothèque);
Wikipédia, français :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mongolie
Wikipédia, anglais  : http://en.wikipedia.org/wiki/Mongolia
 
4 Géographie physique & cartes

 
# Observez d'abord une
carte physique de la Mongolie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Map_of_Mongolia_topographic_de.jpg
Observez l'étagement du relief, s'abaissant de l'ouest vers l'est.
Carte disponible en plus haute résolution:
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/15/Map_of_Mongolia_topographic_de.jpg
 
Ce lien figure dans l'article Wikipédia sur la Mongolie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Mongolie
Mais Wikipédia contient aussi un article détaillé sur la
Géographie de la Mongolie
http://fr.wikipedia.org/wiki/Géographie_de_la_Mongolie

# Vous pouvez observer cette autre carte physique de la Mongolie
http://en.wikipedia.org/wiki/File:Mongolia_Topography.png
Observez l'étagement du relief, s'abaissant de l'ouest vers l'est, ainsi que le réseau hydrographique (les cours d'eau) bien visible sur cette carte: notez que certaines zones ne comportent aucun cours d'eau important.
Carte disponible en haute résolution (2,75 mégaoctets)
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/fe/Mongolia_Topography.png
 
Cette carte provient de l'article Géography of Mongolia
http://en.wikipedia.org/wiki/Geography_of_Mongolia


 # Voici ensuite une carte des "aimags" (provinces) de Mongolie
http://en.wikipedia.org/wiki/File:Mongolia_aimags_2007.png
En plus haute résolution:
http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/7/76/Mongolia_aimags_2007.png
 
Ce lien provient de l'article Mongolia dans le Wikipedia (anglais)
http://en.wikipedia.org/wiki/Mongolia

 

# Voici d'autres cartes et plans
 
Carte administrative de Mongolie (1996)
http://www.lib.utexas.edu/maps/middle_east_and_asia/mongolia_pol96.jpg
 
Carte administrative de Mongolie avec indication de relief (1996)

http://www.lib.utexas.edu/maps/middle_east_and_asia/mongolia_rel96.jpg
 

Carte administrative de Mongolie en pdf
http://www.un.org/Depts/Cartographic/map/profile/mongolia.pdf
 
Carte d'UlaanBaatar

http://www.metrotown.info/mongolia/ulaanbaatar.html
 
# Enfin voici une source qu'il est difficile d'ignorer
Google maps vous permet de zoomer, et de choisir entre les options plan / satellite / relief.
Pour avoir la carte sur toute la largeur de l'écran, pensez à masquer le volet des liens en cliquant sur le chevron bleu pâle «  situé près du coin gauche supérieur de la carte.
http://maps.google.com/?q=mongolia

  
5 Histoire du peuple mongol

Je ne peux pas vous dire: "J'ai lu tous les ouvrages et je vous recommande celui-ci pour telle raison, celui-là pour telle autre raison." Désolé: tout le monde a ses limites et je reconnais bien volontiers les miennes.

Sur l'histoire de la Mongolie, il existe des ouvrages en français. Je vous recommande "Histoire de l'empire mongol" de Jean-Paul Roux, aux éditions Fayard (ISBN-13: 978-2213031644).
C'est un ouvrage bien écrit, agréable à lire. Donc son épaisseur ne doit pas absolument vous effrayer. L'auteur s'exprime bien et il est passionné par son sujet: dans ces conditions, la lecture est plaisante et instructive.
M. Jean-Paul Roux avait étudié à l'Inalco (Institut National des Langues et Civilisations Orientales) et à l'École du Louvre (histoire de l'art). Maîtrisant de nombreuses langues orientales,
M. Jean-Paul Roux fut directeur de recherche au C.N.R.S. et enseignant à l'École du Louvre. Il est décédé en 2009.

Dans son ouvrage, M Jean-Paul Roux évoque évidemment les pratiques artistiques des Mongols et des peuples ayant donné naissance au peuple mongol.
Ces peuples avaient une culture uniquement orale et ce n'est qu'au XIIIe siècle qu'un alphabet mongole est né, s'inspirant de l'écriture ouyghour elle-même dérivée de l'écriture arabe.
Dans ces conditions - civilisation orale -, précieux sont les témoignages écrits sur les peuples mongols ou précurseurs de mongols. Il existe heureusement de tels témoignages grâce à la civilisation chinoise, dont l'écriture est une des plus ancienne au monde.
Sur ces peuples - tribus mongoles ou précurseurs des Mongols -, les anciens Chinois rapportent en substance que leurs jeux sont brutaux ( et ceci serait encore plus vrai à l'aune de notre sensibilité contemporaine) mais que leur musique enchante l'oreille par son charme étrange.
 
Tout comme ces anciens chinois, nous-mêmes sommes tombés sous le charme de la musique traditionnelle mongole et nous avons créé ce blog afin de vous la présenter.

6 Culture - et musique - mongoles

Sur le Wikepédia français, l'article Culture mongole ne vous dira pas grand-chose sur le morin khuur
http://fr.wikipedia.org/wiki/Culture_mongole
Par contre, sur le Wikepedia anglais, l'article Culture of Mongolia
http://en.wikipedia.org/wiki/Culture_of_Mongolia
vous donnera un lien vers un article spécial sur le morin khuur :
http://en.wikipedia.org/wiki/Morin_Khuur

Pour partager quelques instants la vie d'éleveurs nomades de Mongolie,
je vous conseille le film mongol : Le chameau qui pleure
C'est une histoire qui permet au spectateur d'écouter un chant émouvant
accompagné au morin khuur. Cette musique et ce chant ont une fonction bien précise...
Quand une femelle met bas (une brebis, une chamelle selon les régions),
elle refuse parfois son petit. Elle le repousse et ne le laisse pas téter.
Le petit se retrouve alors en danger de mort.
On fait appel à un joueur de morin khuur qui commence à jouer un air de "toïgo toïgo" et bientôt une femme se met à chanter.
C'est une musique si émouvante et belle qu'à l'issue de ce chant accompagné du morin khuur, la femelle, comme réconciliée avec elle-même, avec son petit, et avec le monde, la femelle accepte son petit, elle le laisse téter.
Belle histoire, très touchante, et qui plonge ses racines dans la très ancienne familiarité des éleveurs mongols avec leurs animaux.

Vous pouvez voir cette scène dans le film "Le Chameau qui pleure".
Ceci dit, pour ma part je connaissais ce chant avant de voir le film,
et de façon générale, je recommande d'écouter cette musique en dehors du film, pour elle-même.
Les images distraient, or la musique nous touche directement à l'intérieur de nous-même :
elle gagne à s'écouter les yeux fermés.

Sur la musique mongole, un ouvrage très riche, en anglais,
Carol PEGG :  Mongolian Music, Dance and Oral Narrative. Performing Diverse Identities.
Seattle & London: University of Washington Press, 2001, xviii p., 376 p
Vendu avec un disque CD, avec des enregistrements réalisés par l'auteur dans diverses régions de peuplement mongol.

Pour ma part, je n'ai pas encore cet ouvrage...


Pour savoir ce que propose ce blog en matière de musique, danse, costume..., voici la page qui présente les principaux articles du blog:
http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2010/03/02/16855989.html

Même si la musique est votre centre d'intérêt principal,
je vous conseille d'aller un peu plus loin :
vous découvrirez des choses surprenantes...
par exemple sur le chamanisme.
 
 7 Religion originelle : le chamanisme

Pour être synthétique: à partir du 16e siècle, les Mongols ont été convertis au bouddhisme tibétain. Il faut remarquer que cette religion tibétaine qui s'est largement imposée en Mongolie est une religion importée.
La religion originelle des Mongols est le chamanisme.

Certaines régions, certaines tribus sont restées dans une culture chamanique.
Au nord de la Mongolie, les tribus
vivant en Sibérie ont conservé des pratiques chamaniques, malgré les efforts des missionnaires chrétiens et l'hostilité du pouvoir soviétique. Toutefois, la mainmise de l'URSS a beaucoup affecté la pratique chamanique...

Au rang des tribus évoquées, on peut compter les Bouriates, tribu mongole vivant à cheval sur la Mongolie et la Russie, plus précisément dans le Nord de la Mongolie indépendante et dans le Sud de la Sibérie, auprès du Lac Baïkal. La plus grande part du territoire peuplé par les Bouriates se trouve en zone russe.
La longue rémanence du chamanisme chez les Bouriates nous permet d'imaginer -un peu- l'époque où les pratiques chamaniques étaient prépondérantes dans toutes les tribus mongoles. Cet effort d'imagination nous ramène avant la conversion des Mongoles au bouddhisme tibétain (conversion qui date du XVIe siècle).

Mais qu'est-ce que le chamanisme ?
À propos du chamanisme, je vous invite à oublier vos idées préconçues et les assimilations abusives.
Vous pouvez oublier les qualificatifs de "magie" et de "sorcellerie", termes à la fois dévalorisants et inappropriés. Ces termes sont terriblement révélateurs des préjugés de ceux qui les prononcent. Oubliez donc de tels préjugés qui forment un obstacle à tout essai de compréhension du chamanisme.
Mais vous pouvez aussi laisser de côté les travaux inadaptés d'un Mircéa Éliade influencé par le mysticisme orthodoxe et qui, à ce titre, voyait dans "l'expérience extatique" une expérience religieuse commune à la mystique chrétienne et au chamanisme. Là aussi, c'est inapproprié.
L'histoire de l'étude du chamanisme révèle surtout les préjugés des occidentaux et leur difficulté à prendre en compte -sans les dévaloriser et sans les caricaturer- des pratiques et fonctionnements culturels radicalement différents des leurs.
Pour avoir une idée du chamanisme, je vous conseille les travaux reconnus de Mme Roberte Hamayon, éminente anthropologue qui, elle, est allée sur place étudier le chamanisme là où il se pratiquait encore.

Mme Hamayon s'est interrogée sur l'usage des mot "transe" ou "extase" pour décrire les états chamaniques. Et elle a fini par rejeter l'usage de ces mots.
Que veut dire "Il est en transe?" Rien de précis! Ici comme souvent, un mot fait écran à la compréhension de ce qu'il est censé désigner. Décrire par un terme vague
une réalité qu'on n'a jamais observée soi-même, c'est s'empêcher d'aller plus loin dans l'observation et la réflexion.

Rappelons que dans une société traditionnelle, on ne peut pas séparer ce qui est religieux de ce qui ne l'est pas. On peut donc dire que les pratiques chamaniques ont...
# des rôles religieux et sociaux (il s'agit notamment de pouvoir donner  à chaque individu -vivant ou mort- sa place dans une lignée),
# un rôle pragmatique, càd en vue de l'action: négocier avec les Esprits pour essayer d'agir sur des phénomènes aléatoires (chasse, évènements climatique).
Dans le chamanisme, pas de doctrine, pas de lieu de culte, pas de clergé.

Vous pouvez lire l'article suivant de Mme Roberte Hamayon :
http://www.erudit.org/revue/ethno/2003/v25/n1/007125ar.html

 NOTA : sur ce blog, nous nous plaçons dans une démarche de science humaine. Nous n'avons rien à vendre et nous nous tenons à l'écart du grand supermarché de la religion où on vous vend de la "spiritualité à tour de bras. Rappelez-vous que vous vivez dans une société consumériste où des entreprises essaient, par tous les moyens, de vendre des marchandises à des consommateurs toujours un peu déboussolés.

Du même auteur, des vidéos sur le chamanisme, plus accessibles peut-être, telles que celle-ci (***) :
http://www.archivesaudiovisuelles.fr/FR/_video.asp?id=1392&ress=4516&video=101074&format=68
Dans cette vidéo Mme Hamayon parle du shamanisme et -entre autres populations de Sibérie- elle évoque les Bouriates.
La tribu des Bouriates est une tribu mongole, vivant à cheval sur la frontière russo-mongole. En fait, la plus grande partie de leur territoire se trouve en Russie: vers le lac Baïkal, pour fixer les idées.

Dans cette vidéo, Mme Hamayon évoque ses difficultés à travailler en Sibérie du temps de l'U.R.S.S.. Mme Hamayon signale combien il était difficile, pour les les populations sibériennes et les Bouriates (mongols) vivant sous le joug de l'U.R.S.S..., combien il était difficile d'essayer de maintenir des pratiques chamaniques face à un pouvoir russe totalement hostile à cette culture.
Mme
Hamayon nous amène jusqu'à l'époque actuelle en nous expliquant l'évolution des pratiques chamaniques en liaison avec l'évolution de la société.

Cet intéressant sujet étant traité, il est bon de revenir à une vision plus globale de la réalité...

Les anthropologues, et notamment ceux spécialisés dans l'anthropologie exotique, adorent étudier les sociétés traditionnelles.
Ce sont des chercheurs, des universitaires.
Le couronnement de la recherche en ethnologie consiste à rédiger des publications savantes, décrivant avec soin telle ou telle pratique culturelle.

C'est très bien et je suis le premier (parmi les profanes) à m'intéresser à ce type de travaux.

Ceci dit, les préoccupations des Mongols eux-mêmes sont beaucoup plus terre à terre.
Pour une grande partie de la population mongole, l'enjeu est de survivre.
 
 8 La Mongolie réelle et actuelle : enjeux

Les sociétés, leur économie, leur culture sont en perpétuelle évolution, et se trouvent confrontée en permanence au défi que constitue le choc avec d'autres sociétés, d'autres économies, d'autres cultures.
Dit ainsi, ça vous paraît abstrait.
Mais si je vous dis que beaucoup de Mongols ont émigré aux USA, que bon nombre de leurs enfants, là-bas, deviennent de jeunes chrétiens très enthousiastes, sur le modèle du parfait petit américain...
Si je vous dis que les plus hauts dirigeants mongols ont fait leurs études dans les meilleures universités américaines et qu'ils ont conclu des accords avec de grandes sociétés minières occidentales pour exploiter les riches gisements du sous-sol mongol (cuivre, or, charbon), mais que le vrai défi sera d'utiliser au moins une partie de l'argent issu des droits d'exploitation des mines pour financer le développement du pays...
Si je vous dis qu'en Mongolie, l'industrie du spectacle produit des clips où les jeunes représentants du hip-hop mongol sont filmés sur fond de
voitures de luxe et de filles décoratives, tandis que dans cette même capitale Ulaanbaatar les enfants des rues vivent dans une misère noire et, pour échapper au froid hivernal, se réfugient sous terre, auprès des canalisations d'eau chaude...
Si je vous dis que le secteur public (éducation, santé) est très insuffisant et voit ses meilleurs éléments partir dans le secteur privé qui, lui, est inaccessible à une grande part de la population.
Si je vous dis que, parmi les Mongols très pauvres -et ils sont vraiment très pauvres-, on trouve non seulement les habitants des bidonvilles de la capitale, mais aussi une grande partie des éleveurs nomades, disséminés sur un territoire grand comme trois fois la France.
Si je vous dis que les riches Mongols vont se faire soigner à l'étranger et envoient leurs enfants dans les universités américaines, tandis que faire suivre des études supérieures à leurs enfants est un rêve inaccessible pour beaucoup de familles mongoles...
Si je vous dis qu'en 2005 (source: ONU), 32% de la population vivait avec moins de 1.25 $ par jour et qu'à cette date 29% de la population souffrait de malnutrition...
...Alors vous pourrez comprendre que les préoccupation des Mongols sont terriblement terre à terre, pratiques. Au-delà des beaux paysages et des beaux costumes qui s'affichent dans les clips vidéos de musique traditionnelle mongole, il y a une réalité sociale difficile pour une grande partie de la population mongole.

La récente mise en exploitation des immenses ressources minières du pays va certes donner du travail à un certain nombre de Mongols. Mais les emplois les plus qualifiés seront presque tous occupés par des cadres et ingénieurs étrangers, expatriés en Mongolie. Quel développement demain, pour la Mongolie ? Grande question...

 
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28 mars 2009

CONNAISSEZ-VOUS LE MORIN KHUUR (vièle-cheval) ? L' URTIIN DUU (chant long) ?


Connaissez-vous...
...le
morin khuur, vièle-cheval ?
...et l'
urtiin duu, chant long ?

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Conseil pour naviguer sur ce blog
 
Pour écouter le morin khuur (vièle-cheval), l'urtiin duu (chant long) et d'autres chants mongols, pour voir des costumes traditionnels, pour connaître les perspectives économiques de la Mongolie..., consultez cette page présentant les principaux articles du blog:
Sur les chemins du long voyage
http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2010/02/18/16855989.html
 
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MORIN_KHUUR_petit_format
Je vous ai dessiné un croquis du morin khuur,
avec son archet accroché à une des chevilles.
 
  Morin khuur
signifie vièle-cheval.
C'est un instrument de musique mongol, à deux cordes frottées.
La caisse de résonance est de forme trapézoïdale.
Le manche porte se termine par une tête de cheval, sculptée dans la masse.
À l'origine, des crins de cheval étaient utilisés pour l'archet et les cordes.


La musique traditionnelle du morin khuur est inscrite par l'UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l'humanité.
 

Commentaire personnel :
Cette musique traditionnelle est très belle... et le morin khuur mérite d'être mieux connu. Pour tout dire, depuis que je le connais, c'est mon instrument préféré.

Le morin khuur (vièle-cheval) accompagne des chants traditionnels,
en particulier l'urtiin duu (chant long), magnifique forme de chant traditionnel.
L'urtiin duu (chant long) a lui aussi été inscrit par l'UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

>> Pour allez plus loin :

# (1/5) Un article sur la légende du morin khuur et sur des chants accompagnés par le morin khuur : l'urtiin duu, mais aussi le chant pour amadouer les femelles qui refusent d'allaiter (cf. le film mongol ''Le Chameau qui pleure'')
http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2009/03/21/14117182.html
 
# (2/5) Un article spécialement consacré au chant pour amadouer les femelles qui refusent d'allaiter, chant traditionnel accompagné au morin khuur (cf. le film mongol "Le Chameau qui pleure")
http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2009/03/05/14129930.html
 
# (3/5) Un article consacré à l'urtiin duu (chant long), magnifique chant traditionnel
http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2009/07/21/14130857.html

 
# (4/5) Une page présentant les principaux articles du blog
Sur les chemins du long voyage
http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2010/03/02/16855989.html
 
# (5/5) Notre chaîne sur Youtube est dédiée à la musique mongole et comprend une sélection de vidéos avec -entre autres- les vidéos de l'Unesco sur le morin khuur (vièle-cheval), l'urtiin duu (chant long) et le byielgee (danse traditionnelle)
http://www.youtube.com/user/KokeKhuur

# Lien externe : page du Wikipedia anglais consacrée au morin khuur
http://en.wikipedia.org/wiki/Morin_khuur

# Écouter des CD
Quelques disques sont disponibles: commencez par chercher dans la médiathèque près de chez vous.
Quelques CD sont référencés sur ce blog: cliquez sur le tag CD pour afficher tous les articles contenant ce tag.
Un de ces CD a été produit en Chine. À ce propos, morin khuur (mot mongol) est un instrument dont le nom chinois est 马头琴 (en caractères simplifiés) ou 馬頭琴 en caractères non-simplifiés.

# Concerts de musique mongole
Vous n'avez pas forcément besoin d'aller en Mongolie : des artistes mongols se produisent régulièrement en Occident.
La rédaction de notre blog, pléthorique mais néanmoins débordée, n'a pas moyens de suivre en permanence les annonces de concert...
Surveillez sur Internet les concerts et l'été, les festivals.
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Bonne lecture et bonne écoute !

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21 mars 2009

LA LÉGENDE DU MORIN KHUUR

Conseil pour naviguer sur ce blog
Pour aller plus loin, voici une liste des principaux articles du blog:
Sur les chemins du long voyage
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Voici le chant du morin khuur

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Plan
Introduction
La légende du morin khuur
Explications et exemples
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Introduction

Voulez-vous...
Écouter le
morin khuur ?
Prêter l'oreille à la musique du morin khuur ?
Ouvrir votre coeur au chant du morin khuur ?

Prononciation: en mongol, le "kh" se prononce comme le "ch" allemand de "Achtung".

Avant de vous donner des liens vous permettant d'écouter
ce très ancien instrument mongol,
je vais vous raconter comment est né le morin khuur, selon la légende...

La légende du morin khuur

cliquez sur l'image pour l'agrandir
MORIN_KHUUR___MATOUQIN___large

( Il peut exister d'autres versions de cette légende, mais c'est celle que j'ai reçue. C'est une
légende, il ne faut donc pas s'étonner d'y rencontrer un cheval fabuleux, capable de voler.)

Il était une fois
un homme très pauvre mais qui avait pour meilleur ami un cheval merveilleux capable de courir plus vite que le vent, capable même de voler.

Un homme riche au coeur sombre, qui perdait toutes les courses [de chevaux], devint comme enragé de jalousie. Il essaya d'acheter ce cheval fabuleux. Peine perdue.
Possédé par la jalousie, cet homme avide et emporté tua le cheval.

Cruellement privé de son ami cheval, l'homme p
auvre ne put, au début, rien faire d'autre que pleurer.
Puis il eut une idée : utiliser la dépouille de son
cheval pour construire un instrument de musique.

Pour la caisse de résonance il utilisa le crâne du cheval,
Pour le manche il utilisa
un os long,
Et pour les cordes de l'instrument ainsi que pour l'archet, il utilisa les
crins de son cheval.

Et
sur cet instrument-cheval - le morin-khuur -
il chanta sa douleur d'avoir perdu Khuur, cet ami si proche de son coeur.
Il chanta l'âme de son ami disparu car pour ces peuples à chamanes, les animaux ont une âme, comme les humains.

L'Esprit cheval va !
sans trêve...
au-dessus des vastes espaces mongols.

L'homme chanta ces inoubliables moments où il faisait corps avec cheval,
galopant sous le ciel immense, dans l'espace sans barrière.

Il chanta ce compagnon loyal et fidèle, son meilleur ami.

Il chanta pour son ami cheval et pour l'amour qu'il avait de lui.

À travers les vastes espaces de l'Asie centrale,
L'Esprit Cheval galope sans trêve,
Au-delà de l'Altaï et plus loin que les Gobis
Plus loin que le lac Baïkal
Et par-delà le Khangaï...

Le joueur de morin khuur
Joue en pleine Nature
Le vent porte le son
À travers forêts, steppes et déserts
Le long des rivières
Et au-delà des monts

Le vent porte le son du morin khuur
À travers les vastes espaces
Jusqu'à l'Esprit Cheval
Qui dresse ses oreilles !

Un cheval,
quelque part en Asie centrale,
Hennit dans son troupeau !

Le morin khuur était dédié
Par cet homme qu'on ne nommait pas encore un Mongol
À l'âme de son ami cheval
Dédié à l'Esprit Cheval
Et c'est pourquoi,
depuis la naissance - très ancienne - de l'instrument
son manche en bois porte
- sculptée dans la masse - une tête de cheval.
Ses oreilles dressées
Écoutent...
Le chant du morin khuur.

Explications et exemples

1
) L'usage des crins de cheval pour le morin khuur est un fait historique.

Cependant, à l'époque contemporaine, les crins de cheval ne sont plus guère utilisés.

2) Le morin khhur, hommage de l'homme au cheval

Le morin khuur permet d'imiter le hennissement d'un cheval, et la course d'un cheval qui galope.

À ce propos, il faut rappeler que les Mongols et les tribus précurseurs des Mongols étaient des peuples à chamanes (par opposition aux "peuples à dieux").
Donc, chez ces peuples, une grande importance était accordée aux Esprits, et notamment aux Esprits des animaux.
Or le cheval était devenu, de longue date, un animal familier, ô combien utile dans les vastes étendues d'Asie centrale. Un animal qu'il fallait capturer, dresser mais qui, une fois apprivoisé, s'avérait ô combien fidèle et sûr. Un ami précieux.
En mongol, khuur signifie 'cheval', et le 'kh' mongol se prononce comme le 'ch' allemand de 'achtung'.

Le mode de vie nomade oblige à la simplicité : peu de possessions matérielles. Dans un climat et un environnement très rudes, l'existence est précaire et des relations personnelles très fortes se tissent avec la famille, la tribu, et aussi avec les animaux.

Et parmi les animaux qu'ils élèvent, le cheval tient une place à part dans le coeur des Mongols. Selon un dicton français, le cheval est la "plus belle conquête de l'homme".
Les Mongols rendent justice au cheval, en lui accordant dans leur coeur une place à part.

Pour la merveilleuse capacité de relation du cheval avec l'homme, quel plus bel hommage que la création d'un instrument de musique portant son nom: le morin khuur !
Un instrument capable d'imiter son hennissement et ses allures, jusqu'au plus tempêtueux des galops : il y a donc bien une étroite parenté entre 'khuur' (le cheval) et le morin khuur (vièle-cheval).

Vocabulaire: en musicologie, on appelle vièle tout instrument à cordes frottées.

L'animisme accorde une âme aux hommes, mais aussi aux animaux, aux rivières, aux montagnes.
Certes, les Mongols se convertissent au bouddhisme au XVIe siècle sous l'influence de moines tibétains. Mais le bouddhisme est compatible avec la croyance que les animaux ont une âme. Encore aujourd'hui... si un éleveur Mongol se sépare d'un animal -par exemple un chameau vendu pour la boucherie-, la femme de l'éleveur -gardienne des traditions- conservera
une mèche de son pelage et elle nouera cette mèche à un endroit précis, près de l'entrée du 'ger' (terme mongol pour l'habitation démontable qu'en français nous appelons une 'yourte').

3) Chant pour amadouer les femelles qui refusent d'allaiter
Un exemple surprenant d'utilisation du morin khuur.

La musique est un art immatériel capable de propager les sentiments au-delà même de la barrière des espèces : en Asie centrale - c'est-à-dire sur une aire plus vaste que la Mongolie- certains chants des nomades des steppes sont capables de convaincre une femelle rétive d'allaiter son petit.
En effet, après la mise bas, certaines brebis, certaines chamelles refusent d'allaiter leur petit qui se retrouve alors en danger de mort. Pour ces situations, il existe des chants spéciaux. Et chez les Mongols, ce chant est chanté par une femme accompagnée par un joueur de morin khuur.
À la fin du chant, la femelle attendrie laissera son petit l'approcher et la téter.
Dans cet échange entre l'homme et l'animal, plusieurs facteurs jouent un rôle: l'usage d'une onomatopée spécifique à chaque espèce animale, le rythme, la mélodie, l'interprétation et, bien sûr, la douceur triste du morin khuur.

Le titre du film mongol
"Le chameau qui pleure" (The weeping camel) est une allusion explicite à cet art ancestral d'amadouer les femelles qui refusent d'allaiter. Le film met en scène un exemple de ce que je viens de décrire de façon plus générale.

Vocabulaire:
Évidemment, le chant pour amadouer les femelles est un cas très particulier. Cependant, il n'y a pas que les nomades des steppes qui chantent aux animaux. En Europe, il y a des chants de travail pour les boeufs, pendant le labour. Chanter aux animaux se dit brioler ou hucher.
À partir de ces verbes sont construits les noms briolage et huchement.

>> Ci-dessous, lien vers un article consacré spécialement au
"chant pour amadouer les femelles qui refusent d'allaiter"
http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2009/03/05/14129930.html



4) Écouter la musique traditionnelle du morin khuur

Voici d'abord un instrumental extrait de notre chaîne Youtube:
"Morin huur" par A. Batochir
 
www.youtube.com/watch?v=PMlHFqZSEb8

Notre chaîne Youtube vous présente une sélection de vidéos,
regroupées en playlists. Le morin khuur est présent
dans
la playlist 'morin khuur' mais aussi d'autres playlists :
 

www.youtube.com/user/KokeKhuur

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9 mars 2009

CHANT POUR ATTENDRIR LES FEMELLES QUI REFUSENT D'ALLAITER- chant traditionnel d'éleveur, accompagné au MORIN KHUUR -

--------------------------- 2010-10-21 V6 ----

Chant pour attendrir
les femelles qui refusent d'allaiter

Tradition des éleveurs nomades d'Asie

Documents grand public :
# Film "Le Chameau qui pleure"
# CD avec Li Bo, instrumentiste originaire de Mongolie intérieure

Mot-clés :
chant (song, duu, dyy)
hucher, brioler, huchement, briolage,
morin khuur (vièle-cheval, horsehead fiddle)

A) Tradition des éleveurs :
le huchement, le briolage
- l'action de hucher, de brioler -

Les mélodies huchées d'Asie Centrale sont connues des ethnologues mais sont -à ma connaissance- peu représentées dans les collections de disques qui recherchent l'authenticité (comme Ocora). (Une remarque au passage : si on traque "l'authenticité", c'est parce qu'elle est perdue.)

Hucher, c'est utiliser la voix pour influer sur le comportement d'un animal (et il s'agit a priori d'un animal domestique).

Le verbe 
hucher et le nom huchement sont les termes généralement utilisés par les ethnographes, mais il y en a beaucoup d'autres, d'usage plus localisé, tel le verbe brioler et le nom briolage.

S'il y a beaucoup de termes -et dans de nombreuses langues- pour désigner cette façon de s'adresser aux bêtes, c'est tout simplement parce qu'autrefois le huchement (ou briolage) était pratiqué dans de nombreuses contrées : en Asie, en Europe, etc. Dans toutes les contrées sur Terre où les hommes voulaient utiliser des animaux domestiques pour en faire l'élevage ou pour les faire travailler.
[ Ici, les bêtes désignent les animaux domestiques : "un bon berger prend soin de ses bêtes".]

Encore vivace chez les éleveurs nomades de Mongolie, la tradition du huchement nous permet de plonger au coeur d'une très ancienne tradition d'élevage, car les ancêtres des éleveurs actuels avaient mis au point des techniques bien spécifiques et fort efficaces pour influencer le comportement de l'animal. Ainsi le fameux "chant pour attendrir les femelles qui refusent d'allaiter".

Ici on est donc loin de "l'art pour l'art"... (référence de cette expression : histoire littéraire, France, XIXe siècle)
Le huchement (ou briolage) désigne des techniques vocales ayant un but pratique mais touchant au coeur : qu'il s'agisse d'attendrir les femelles qui refusent leur petit ou qu'il s'agisse de rassurer un bébé chameau, qui a peur dans la nuit, il faut que ce qui touche le coeur de l'animal parte du coeur de l'homme.
Il s'agit donc d'un art très pur : un art qui n'a rien à vendre, mais tout à donner.
C'est la seule beauté qui vaille, celle qui va de coeur à coeur.


B) Documents grand public :
Sur ce sujet, il existe certainement des documents ethnographiques, c'est-à-dire des documents recueillis par des ethnologues à des fins d'études. Mais ces documents ne sont pas forcément - et sont même rarement - accessible au grand public. Nous nous intéressons donc ici à des productions sonores que tout un chacun peut se procurer, parfois au prix de quelques efforts.
Voici donc deux documents grand public à propos du "chant pour attendrir les femelles qui refusent d'allaiter"

B1) Film "Le Chameau qui pleure"
C'est un film qu'un certain nombre de gens connaissent puisqu'il est sorti dans les salles, et notamment en France où j'ai pu le voir.
Ce film a été co-réalisé par une femme mongole Byambasuren Davaa et un italien, Luigi Falorni

En voici le synopsis, où j'inclus quelques informations complémentaires :
Au printemps, dans le troupeau d'une famille d'éleveurs nomades du désert de Gobi, une chamelle met bas mais refuse d'allaiter son petit.
Faisons connaissance avec le biotope. Le désert de Gobi est une très vaste contrée aride s'étendant sur le Sud de la Mongolie indépendante et sur le nord de la Chine, plus précisément dans la province de "Mongolie intérieure"...

Parenthèse.

...C'est ainsi que le désert se trouve aux portes de Beijing (Pékin). Quand le vent du nord souffle sur le "Gobi", il soulève et emporte une quantité prodigieuse de sable et de poussière qui viennent se déposer sur la ville de Beijing, la recouvrant d'une couche de poussière.
Un auteur que je connais en parle dans un eBook : voir lien en colonne de droite.

Fin de la parenthèse.

Le terme "désert de Gobi" est une appellation occidentale qui mérite une explication. "Gobi" est un terme mongol. En langue mongole, un gobi, c'est une cuvette aride à fond caillouteux.
Donc pour désigner ce vaste ensemble aride, un Mongol ne parlerait pas du "désert de Gobi" (avec une majuscule), il parlerait des gobis (au pluriel et avec une minuscule).
Le film est tourné en Mongolie indépendante dont est originaire la co-réalisatrice mongole du film, Byambasuren Davaa.

Le film peut être qualifié de docufiction, puisqu'il montre la vie quotidienne d'éleveurs mongols de cette région, au travers d'une histoire scénarisée.

La scène qui donne son nom au film renvoie à une antique tradition des éleveurs nomades de Mongolie :
le chant pour attendrir les femelles qui refusent d'allaiter.
Ce chant est fondé sur des onomatopées et il fait à une chanteuse accompagnée d'un joueur de morin khuur.
Dans un région aussi aride, les éleveurs sont obligés de se déplacer fréquemment, utilisant la tente démontable que d'après un mot turc nous appelons en Occident "yourte" mais la langue mongole utilise le terme "ger". Un "ger", La tente démontable des éleveurs nomades mongols, nous l'appelons en Occident une "yourte" (d'après un mot turc), mais les Mongols, dans leur langue, disent : un "ger".
Par ailleurs, il faut savoir qu'il y en Mongolie indépendante plusieurs ethnies avec chacune leurs costumes, leur dialecte voire leur langue, car il n'y a pas que des Mongols parmi les peuplades installées - depuis longtemps - à l'intérieur des frontières de l'actuelle Mongolie indépendante.

Revenons au film "Le Chameau qui pleure" et au fil de l'histoire.
Un petit que sa mère refuse d'allaiter se retrouve rapidement en danger de mort. Et il n'y a pas de joueur de morin khuur dans cette famille d'éleveurs. La famille envoie donc deux enfants - deux garçons dont un très jeune - vers l'école de musique la plus proche, où ils demanderont à un joueur de morin khuur de bien vouloir venir accompagner ce "chant pour attendrir les femelles qui refusent d'allaiter".
Le film est empreint d'une grande simplicité qui sied à la vie simple et rude des éleveurs nomades.

A ma connaissance, "Le Chameau qui pleure" est toujours disponible en DVD.

Mais je connaissais le "chant pour attendrir les femelles qui refusent d'allaiter" bien avant d'aller, et c'est parce que je connaissais déjà ce chant que j'ai voulu aller voir ce film lors de sa sortie.
Comment avais-je connu ce chant? Par un CD. C'est le second document grand public dont je vais vous parler.

B2) "Chant pour attendrir les femelles qui refusent d'allaiter" sur le CD "The Tale of Matouqin"

Pochette du CD :
The_Tale_of_matouqin___Pochette_de_ce_CD_chinois

Photo du soliste Li Bo, originaire de Mongolie intérieure, grand spécialiste du 馬頭琴, nom chinois du morin khuur.
The_Tale_of_matouqin___Soliste_LI_BO

Ce CD est, "à la base", un CD de morin khuur, avec des morceaux instrumentés. Mais on y trouve aussi des morceaux chantés et notamment ce fameux "chant pour attendrir les femelles qui refusent d'allaiter". Le joueur de morin khuur auquel est consacré ce CD est originaire de Mongolie intérieure, cette province chinoise où d'ailleurs les Mongols sont moins nombreux que les représentants de l'ethnie Han (majoritaire en Chine). On peut voir régulièrement sur la télévision chinoise (CCTV notamment), des prestations d'artistes issus des minorités, ainsi des Mongols jouant du morin khuur ou chantant l'urtiin duu (un magnifique chant traditionnel) ou chantant le chant diphonique, dit "khoomeï" (throat-singing en anglais, le khoomeï recouvre d'ailleurs plusieurs techniques différentes, selon la façon dont l'inteprète produit -physiquement- le son).

Ce qu'il faut comprendre, c'est que les peuples chinois (je parle des Han) et le peuple mongol ont tous deux une langue, une longue histoire et de longues traditions culturelles. Ces deux histoires s'entremêlent puisque les armées de Temüdjin (connu sous le nom de Tchingis Qaghan ou, en français, Gengis Khan) concluent victorieusement, en 1215, le siège de Beijing (Pékin).
La Chine sera même entièrement sous domination mongole de 1271 à 1368: c'est la dynastie Yuan, fondée par l'empereur mongol Kubilaï Khan.
Parmi les peintres chinois ayant vécu sous cette dynastie Yuan, on citera bien sûr Ni Zan, mais aussi Huang Gongwang, Wu Zhen, et Wang Meng. Pour une première approche vous pouvez chercher "Ni Zan" sur le Wikipédia anglais mais je vous suggère de consulter en bibliothèque des livres d'art consacré à la peinture chinoise.
Je disais que les histoires respectives des peuple mongol et Han se sont parfois croisés, de manière tumultueuse.
Mais les différences sont très grandes entre les deux cultures. Les Mongols sont des éleveurs nomades et les Han des paysans sédentaires.
La culture des éleveurs mongols est traditionnellement orale et c'est seulement au XIIIe siècle après J-C que les Mongols ont inauguré une culture écrite avec un alphabet inspiré de l'alphabet ouighour.
Tandis que les Han produisaient déjà des documents écrits dès le XIV avant J-C.
Vous voyez la différence dans le mode de vie - nomade / sédentaire -, dans l'accès à l'écriture - XIIIe siècle après J-C versus au moins le XIVe siècle avant J-C. Ceci sans porter aucun jugement de valeur. Les cultures écrites ont leurs trésors, les cultures orales ont les leurs.
Une ordre grande grande différence est d'ordre démographique. Prenons la situation actuelle : les Mongols - répartis entre la Russie, la Mongolie intérieure et la Chine - ne sont que quelques millions tandis que la population des Han dépasse le milliard.
Nous l'avons, l'histoire des Mongols et l'histoire des Han se sont parfois croisées et il y a eu des échanges culturels entre Mongols et les Han. (En chinois, il n'y a pas de marque du pluriel, je ne mets pas de s à Han). Ainsi le morin khuur est depuis longtemps connu par les chinois qui le désignent sous le nom de 馬頭琴 -en pinyin ma3tou qin2- mot à mot cheval tête vièle (Non seulement les tons de la langue chinioise sont une nouveauté pour un locuteur français, mais en outre les lettres du pinyin ne sont pas forcément associées au même son qu'en français. Ainsi le "q" de "qin" ne se prononce pas "k". Pour la prononciation du pinyin, utiliser un site spécialisé ou une méthode de chinois avec exemples audio).
Je rappelle au passage qu'en mongol, ce qui s'écrit "kh" se prononce comme le "ch" allemand dans "achtung", et les voyelles redoublées -uu, ii- représentent des voyelles longues.

Ces repères étant posés, revenons à ce CD intitulé "The tale of matouqin" avec comme soliste Li Bo, prestigieux instrumentiste originaire de Mongolie intérieure.

Comme toute disque produit par l'industrie musicale, ce CD n'est pas un document ethnographique sur une tradition pure et dure qui serait enregistrée sur le vif dans le désert de Gobi au milieu d'un troupeau de disque.
Un disque produit par l'industrie musicale - mais c'est vrai pour les disques produits en Mongolie indépendante-, c'est un document sonore où vont se mêler instrument traditionnel et musique électronique, thème musical traditionnel et arrangement moderne, travail sur la prise de son, travail sur le son en studio (post-enregistrement).
De plus, avec l'écart culturel important -que j'ai signalé- entre les Mongols et les Han, les disques chinois de "matouqin" sont bien souvent très loin de la musique mongole. Et j'en ai écouté un certain nombre donc je peux en parler.
Mais pour moi, ce CD -"The Tale of Matouqin" avec Li Bo en soliste- est une exception dans la mesure où certaines plages du disque sont vraiment proches de la tradition mongole, et notamment la plage où figure le "chant pour attendrir les femelles qui refusent d'allaiter".
Quand aux plages qui sont assez de la tradition mongole -compositions originales-, elles s'écoutent à plaisir car Li Bo est un grand spécialiste de l'instrument, morin khuur en mongol, matouqin en chinois.
Donc je conseille ce disque. Je ne crois pas que vous pourrez le trouver en France mais vous pouvez soit le commander sur internet et si vous êtes embêté pour commander sur un site chinois, il vous restera de demander à quelqu'un qui va en Chine de vous le ramener.

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8 mars 2009

URTIIN DUU - CHANT LONG - LONG SONG - MUSIQUE MONGOLE - YOUTUBE

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    Conseil pour naviguer sur ce blog
     
    Pour écouter le morin khuur (vièle-cheval), l'urtiin duu (chant long) et d'autres chants mongols, pour voir des costumes traditionnels, ...
    consultez la liste des principaux articles du blog:

    Sur les chemins du long voyage
    http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2010/02/18/16855989.html


    --- 2010-03-02 V4 --------------------------

    MUSIQUE MONGOLE

 


  • URTIIN DUU - CHANT LONG
    - LONG SONG
    - 长调(蒙古民歌)

 

 


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    MONGOLIAN_SONG___URTIIN_DUU___C2

    L' urtiin duu est l'un des plus beaux chants que je connaisse.

    C'est une forme de chant traditionnel mongol.
    On traduit « urtiin duu » par « chant long » en français, « long song » en anglais.
    Ceci par opposition à un autre type de chant mongol traditionnel, le « bogino duu » ou chant court.

    Mais ceci ne vous en dit pas beaucoup plus, n'est-ce pas?
    Sachez que l'urtiin duu (chant long) a été classé par l'Unesco au patrimoine culturel de l'humanité en 2005. (Lien vers la page de l'Unesco sur notre chaîne Youtube.)
     
    L'
    urtiin duu est un type de chant accompagné traditionnellement par un « morin khuur » ( vièle-cheval ), la musique traditionnelle du morin khuur a également été classée par l'Unesco au patrimoine culturel de l'humanité, en 2003.

    Par leur tradition d'éleveurs nomades, les Mongols sont de grands cavaliers, montant selon les régions des chevaux, ou bien - dans les zones plus arides - des chameaux. (Les chameaux d'Asie ont deux bosses, je vous le rappelle.)

    Les territoires parcourus depuis des siècles par les Mongols présentent des paysages sauvages, ce sont des immensités souvent désolées, mais superbes.
    La splendeur de cette Nature à la fois sévère et grandiose leur a inspiré l'urtiin duu, un chant populaire très orné, très exigeant pour la voix, un chant magnifique et serein à la mesure des paysages immenses qu'ils ont sillonnés, sur la trace de leurs ancêtres et des animaux sauvages:
    chevaux sauvages, chameaux sauvages, loups, vautours...

    Je ne connais pas de chant plus beau, plus serein, plus majestueux.
    Non, je n'en connais pas.
    C'est un chant qui respire une ampleur extrême, égale aux majestueux paysages qui l'inspire.
    J'espère pouvoir faire un jour entendre ces chants à la jeune handicapée sans ressources dont je recherche la trace ( voir avis de recherche sur ce blog) mais revenons au coeur du sujet de ce post.

    L'inscription de cette magnifique tradition orale au patrimoine mondial de l'humanité témoigne, malheureusement, qu'elle est peut-être en danger.
    Cette tradition est issue de la culture nomade, elle en célèbre les vertus.

    Écoutez, pendant qu'il en est encore temps, les représentants vivants de ce très beau chant traditionnel, l'urtiin duu.

    Les historiens pensent que l'urtiin duu est apparu il y a deux mille ans.
    C'est un chant très orné où une grande liberté est laissée à l'interprète.
    Les plus beaux exemples que je connais sont chantés par des femmes.
    L'accompagnement était parfois un morin khuur, comme dans la tradition, mais cela se fait rare: de plus en plus souvent, on entend un accompagnement « moderne », assez bruyant et assez lourd (et il y a pire).

    D'autre part, il existe différents styles d'urtiin duu selon les régions.
    Cependant, il nous semble que certaines chanteuses dotées d'une bonne voix chantent la mélodie de l'urtiin duu sans être vraiment capables de produire les ornements complexes et les montées dans l'aigu qui singularisent ce chant.
    Vous jugerez par vous-même.

    Au travers des exemples que je vous donne, essayez de vous faire une idée de la splendeur de l'urtiin duu, recueillez-vous au sein de sa sérénité majestueuse comme la petite famille nomade qui s'endort au coeur d'un paysage immense traversé par des chevaux sauvages qui le jour vont comme le vent. La nuit, c'est encore le vent qui porte les odeurs du troupeau jusqu'aux narines des loups...

    Et maintenant, faisons silence ! Écoutons l'urtiin duu...

    Sélection de vidéos musicales d'urtiin duu
     
    Quand vous serez sur le site ci-dessous,
    sélectionnez la playlist "urtiin duu".

    http://www.youtube.com/user/KokeKhuur

    Dans cette playlist figure la vidéo de l'Unesco présentant l'urtiin duu.

    MONGOLIAN_SONG___URTIIN_DUU___C1

 

Les deux photos illustrant cet article montrent
deux chanteuses d'urtiin duu,
lors d'un concert à l'occasion de Tsagaan Sar 2007.
Tsagaan Sar est la fête du nouvel an (lunaire),
d'où les costumes d'hiver. Chaque ethnie possède
ses coiffures et costumes caractéristiques.
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1 mars 2009

JOURNAL DE VOYAGE - (1) BERCEUSES MONGOLES - (2) CONSTRUISONS LA GER ( LA YOURTE ) ET MANGEONS LA SOUPE MONGOLE

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# Note : si vous cliquez sur un des tags (colonne de droite),
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SOMMAIRE :
# JOURNAL DE VOYAGE 1 : BERCEUSES MONGOLES
# JOURNAL DE VOYAGE 2 : CONSTRUISONS LA GER (LA YOURTE) ET MANGEONS LA SOUPE MONGOLE

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JOURNAL DE VOYAGE  1


BERCEUSES 
MONGOLES

--- Liens vers Youtube, au fil du récit. ---


– Bonjour, vous avez fait bon voyage ?
Pour venir ici depuis Ulaanbaatar, il y a un long chemin à parcourir! Et c'est déjà le soir. »
Notre hôte s'arrête et tend l'oreille. Puis il explique:
– Il y a de plus en plus de loups. Et ils viennent rôder autour du troupeau. »
Il fait nuit noire et soudain, je ne me sens pas trop rassuré.
– Vous n'avez pas peur des loups ? » demande-t-il.
Mon interprète traduit.
Les yeux écarquillés, j'avance une moue pensive, en cachant vaillamment mon inquiétude.
– Pas avec vous » assure mon interprète. C'est une jeune femme pleine d'esprit.
Notre hôte sourit avec bienveillance et reprend la parole.
Mon interprète m'explique:
« Nous allons entrer dans la "ger", sans faire trop de bruit...
Parce qu'il y a de jeunes enfants qui doivent dormir bientôt. »


Je compends parfaitement.
La "ger", c'est la tente des nomades, qu'on appelle en français une yourte, mot d'origine turque. En langage mongol, c'est la "ger".
En chemin, mon interprète m'a expliqué que toute une famille vit dans l'espace commun de la ger. Il y a un côté pour les hommes et un côté pour les femmes, mais cette petite maison démontable n'a qu'une seule pièce et pas de cloison. Chez les nomades, aucune personne ne dispose d'une pièce pour elle seule, où elle pourrait se retirer.
Les nomades ont beaucoup à faire à l'extérieur, dans le très vaste espace mongol.
Mais quand on rentre –le soir par exemple– on se retrouve tous ensemble dans l'espace réduit de la ger.

J'entre et je salue timidement, on me répond chaleureusement.
Il me semble qu'il y déjà beaucoup de monde dans la ger, beaucoup plus que je n'imaginais.
Je me sens terriblement gêné de débarquer ainsi, avec mon interprète, parmi ces gens simples que je vais, forcément, déranger.
Je me tourne vers mon interprète d'un air interrogateur et gêné. En hochant la tête, elle m'encourage à avancer.

Mon interprète est assaillie de questions et je me retrouve, malgré moi, au centre de l'attention. Je devine un flot de questions très directes et, timide comme je suis, je me sens atrocement gêné.
Ils demandent d'où je viens, si je suis marié. Par quel moyen nous sommes venus, depuis Ulaanbaatar.
Par la route depuis Ulaanbaatar, oh c'est très long ! Et en plus, en hiver. Oui, quelle drôle d'idée de venir en hiver. Pourquoi ?
Mon interprète se tourne vers moi. Je bafouille une réponse.
"Parce que ça s'est trouvé comme ça, une période de temps libre."
D'ailleurs, nous ne sommes qu'au début de l'hiver. La température est descendue à moins vingt degrés Celsius la nuit dernière. Mais dans deux mois, ce sera moins quarante...

Dehors, je n'avais presque pas froid, parce que j'avais accumulé les épaisseurs. Mais ici, dans la chaleur de la ger, je suis beaucoup trop couvert et je suis, en outre, rouge de confusion. Si on posait une bouilloire sur ma face, sûrement l'eau se mettrait à bouillir et on pourrait faire du thé tout de suite. J'ai trop chaud, j'étouffe, je commence à enlever quelques unes des multiples pelures qui m'enveloppent. Et comme dans un oignon, chaque pelure en cache une autre, on n'en voit jamais la fin. Ça va un tout petit peu mieux.

Mon interprète signale que je m'intéresse au morin khuur (violoncelle à tête de cheval) et à l'urtiin duu (chant long, une forme de chant traditionnel mongol).
Mes hôtes prennent bonne note de cet intérêt pour leur culture traditionnelle.
Mais tout ça dure peu, ils pensent que nous devons manger.

En deux coups de cuillère à pot, je me retrouve devant une soupe de céréales et de mouton, brûlante et toute fumante.
Mon interprète prend les devants et se fait attribuer une portion raisonnable.

Il y a effectivement, deux petits enfants... qui m'ont observé en silence.
Et pendant que je mange, en me faisant tout petit, tellement je me sens confus de m'immiscer ainsi dans l'intimité de ces gens très simples, les femmes couchent les deux petits et l'une d'elle commence à chanter.

Voici ce premier chant, une berceuse:
http://www.youtube.com/watch?v=htmQfepebhM
Tous les Mongols ont entendu ce chant - très ancien - dans leur petite enfance.

On me re-sert de la soupe, c'est beaucoup trop pour moi et par une mimique mi-effrayée, mi-implorante, je signale à mon interprète que c'est excessif.
Après, mes hôtes me font en plus manger du fromage de brebis.

Une autre femme s'est mise à chanter ce chant, une autre berceuse:
http://www.youtube.com/watch?v=q_Ne7pABgoo&NR=1
Urna Chahar
-Tugchi: Buuvei, extrait de l'album Amilal (2005
Urna Chahar-Tugchi vient d'une famille de nomades, elle a grandi au milieu des chevaux et des moutons, dans les vastes espaces mongols.

Là, je suis tellement impressionné que j'oublie tout.
J'oublie même de mâcher ce fromage de brebis, très bon d'ailleurs.
Cette voix si haute, cette vois si pure...
Il me semble que si le paradis existe, il doit ressembler à cette voix, cette voix d'ange.

Tout bas, je demande à mon interprète qui est cette chanteuse, à qui appartient cette voix fabuleuse - au sens propre du terme -, une voix qui semble sortir tout droit d'une fable merveilleuse, d'une légende qui serait devenue, soudain, réalité, dans l'espace enchanté de la nuit.

C'est une grande chanteuse », me dit mon interprète,  et elle poursuit « C'est une grande interprète d'urtiin duu. Ceci était une berceuse, mais peut-être,
les jours prochains, l'entendrons-nous chanter l'urtiin duu, le chant long. »

Les yeux grand ouverts comme enfants qui rêvent tout éveillés, je me laisse guider jusqu'à une banquette, le long de la paroi de la ger.
Tout est là et, en même temps, tout a disparu.
Je n'ai pas envie de parler.
En moi monte une vague envie de pleurer. Quelque chose qui ressemblerait à une envie de pleurer très ancienne et très enfouie, qui referait surface. J'ai le coeur triste. Je sais que je ne pleurerai pas. Mais un jour, peut-être, en écoutant cette voix...

Je ferme les yeux.
Maintenant, tout autant que les bruits du dedans, me parviennent les bruits du dehors. Les quelques bruits que font les animaux dans leur enclos. Obscur piétinement, bruits divers de gorge et de narine,  renâclement, expiration bruyante. Il fait bien froid, mais il n'y pas trop de vent. Bien regroupés, ils perdent moins de chaleur. Cependant, ils flairent avec inquiétude la moindre odeurs qui leur vient: les loups sont-ils dans les parages?

Je suis fatigué, malade, et j'ai vécu tant de choses.

Un menu remue-ménage continue autour de moi. Désormais les occupants de la ger parlent plus bas.
Alors même que tout semblait aller vers le silence, la même chanteuse commence un autre chant:
http://www.youtube.com/watch?v=TbfszHbEByk 
Un chant lui aussi si calme et apaisant.

Petit monde tout rond, petite maison ronde comme le monde, la ger s'endort.
Un homme ira peut-être au dehors, pendant la nuit, si un indice laisse penser que les loups s'approchent.

Je n'en saurai rien et, malgré l'étrange et familière nouveauté du monde qui m'entoure, je m'endormirai profondément, réveillé pourtant au milieu de la nuit par les ennuis de santé qui ne m'ont pas quitté, depuis des années.

Alors, sans espoir de me rendormir, j'écoute la nuit...,
j'imagine et je sens les moutons et chevaux, dehors, tout près,
chaque troupeau fait bloc, dans l'immensité du paysage froid.
Ces animaux -certes rustiques- supportent des conditions si rudes...
Quel lourd fardeau chacun doit porter.
Voici venu le temps d'une profonde humilité.

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JOURNAL DE VOYAGE  2

CONSTRUISONS LA GER
( LA YOURTE )
ET MANGEONS LA SOUPE MONGOLE

--- Lien vers Youtube au fil du récit. ---


Ce matin, je me sens déjà plus à l'aise.
Mais il faut que je vous présente la ger (la yourte) de façon un peu plus méthodique.

Allez, on va la monter ensemble, les enfants.
On va prendre ces treillis en bois, on les déplie, on les déploie:
on obtient de panneaux de lattes croisées qui vont constituer les parois de la ger.
Oui, c'est assez fin. On les met à la verticale, on les incurve, on n'oublie de laisser un espace vide : pour la porte !
Deux volontaires pour ériger la porte, voilà construite l'orbe de la ger.
Ah oui, la porte n'est pas bien haute, les plus grands devront baisser la tête pour franchir le seuil.

Ah non, ça n'est pas bon, ce qu'on a fait. Pas du tout, du tout, du tout...
Vous ne voyez pas ce qui cloche ? Personne ?
Ça n'est pas ça du tout ( gros soupir ).
Regardez la porte, qu'est-ce qui ne va pas ?
Son orientation !
La ger doit s'ouvrir vers le soleil, la porte doit être au sud !

Mais bon, vous ne l'oublierez pas, maintenant.
Deux volontaires pour ôter la porte.
Maintenant on reforme l'arc de cercle avec les croisillons, avec l'ouverture... ICI, exposée au sud. Avec ces sangles, vous reliez le chambranle de la porte aux croisillons. Ouf ! Voilà.

Ça va mieux.
Ça va beaucoup mieux.
Et le toit, maintenant...

Comment placer un toit sur des parois en croisillons, aussi frêles ?
Eh bien, le toit sera soutenu par ces deux gros piliers que nous allons installer face à la porte, de part et d'autre du centre.
Deux piliers, bien solides, ceux-là, et ça va suffire pour soutenir l'essentiel du toit.

Attendez, attendez! Il faut d'abord bien consolider, grâce à des sangles, le vaste cylindre vertical délimité par les treillis de bois.

Maintenant, les deux piliers : ils viennent se placer de part et d'autre du centre du cercle. Non, pas comme ça. Regardez la base des piliers.
La ligne -imaginaire- qui joint la base des piliers doit être parallèle au seuil de la porte.
Voilà ! C'est très rigoureux.

Hé, pas besoin d'être à quatre pour tenir ces deux piliers!
Vous croyez que dans une famille de nomades, ils sont douze pour monter la ger?
Pour tenir les deux piliers, un seul homme suffit, les bras écartés, chaque main tenant un pilier.

Au-dessus des deux piliers, un "cercle de bois", pour décrire simplement une pièce de bois un peu complexe.

Regardez: juste devant les piliers, on placera le gros poêle en fonte, très massif, très lourd.
À l'arrière du poêle, vous savez, il y a un gros tuyau qui se coude et s'élève à la verticale. Ce tuyau sera exactement au centre du cercle de la ger. C'est par ce tuyau que sort la fumée, elle montera à la verticale et s'échappera de la ger par cette ouverture, au centre du "cercle de bois" qui couronne la charpente.

Sur ce "cercle de bois", les perches vont venir s'emboîter, comme les rayons d'une roue. Et ce "cercle de bois", c'est le moyeu de la roue, la pièce centrale du toit.

Bon, ça me paraît correct, maintenant.
Chaque perche viendra donc s'emboîter sur la pièce centrale comme un rayon sur un moyeu, et l'autre extrémité de la perche reposera sur un croisillon.
Et comme ces croisillons sont eux-mêmes bien maintenus par les sangles, la paroi ne va pas s'écrouler sous le poids du toit.

Le poids du toit, ce n'est pas que la charpente.
Il faut maintenant poser les couches de feutre qui vont isoler la ger de l'extérieur. Plus il fait froid, et plus on ajoute de couches de feutre.
C'est léger et très isolant. Et la matière première est là, tout autour.

Où ça ? Mais sur le dos des moutons, mes agneaux.
Sur le dos des moutons.
Vous les sentez, ces moutons ? Vous sentez leur odeur un peu forte ? Vous sentez sous vos doigts la laine des moutons ?
Vous avez déjà touché des moutons vivants ?
Alors vous avez senti sous vos doigts une toison grasse.
Après avoir touché la toison des moutons, il vous est resté sur les doigts une trace grasse, c'est le suint.
Après avoir tondu les moutons, on dégraisse la laine, et on récupère le suint qu'on raffine pour obtenir de la lanoline, qu'on utilise dans les produits de beauté.
Sous nos latitudes, du moins. Car en Mongolie, je ne sais pas. Je ne sais pas tout sur la Mongolie, je l'avoue bien volontiers et pour aller au-delà, il vous faudra chercher quelqu'un de plus savant. Ou aller vivre en Mongolie, pendant quelques temps. Quelques années. Pas seulement l'été. Ce serait trop facile. Et puis l'été est tellement court, là-bas. Si vous n'avez pas vécu l'hiver en Mongolie, en pleine nature, avec les nomades, vous ne pouvez dire que vous connaissez la Mongolie...

Bon, vous avez presque fini la construction de la ger.
Il reste à poser sur le feutre cette grande toile blanche qu'on va placer tous ensemble et qui tombe... comme une robe... sur le corps de la ger.

Alors, à l'intérieur, comment s'organise-t-on ?
Sûrement pas au hasard. Il y a des traditions, des rites.
Et des questions de physique élémentaire, comme l'évacuation de la fumée, d'où l'emplacement du poêle, comme nous l'avons vu: juste devant les piliers, sous l'ouverture centrale.

Restons devant le seuil et regardons l'intérieur.
Derrière nous, au sud, le soleil.
Devant nous, à l'opposé de la porte, le fond de la ger, au nord.
À notre gauche, l'ouest. À notre droite, l'est.

La partie sud-est, sur la droite, et vers la porte, est l'endroit où l'on prépare la cuisine, le fromage. L'est est le côté des femmes et des enfants.

La partie nord-ouest est celle des hommes, des aînés, des invités.

J'ai une question sur la cuisine.
Les Mongols mangent de la soupe, et le repas typique commence et finit par un bol de thé. Donc:
thé - soupe - thé.
La soupe mongole est à base de viande.
Le bouillon qu'on obtient en faisant cuire la viande est utilisé pour la soupe.

Les nomades sont des éleveurs et non pas des cultivateurs, donc la viande a une place et un statut essentiel dans leur alimentation.
Le lait et les produits laitiers comptent aussi beaucoup. Le lait est utilisé pour fabriqué du fromage, qui présente l'avantage de pouvoir se conserver facilement et longtemps.

Mais les Mongols consomment aussi des raviolis fait maison, et en particulier ils offrent des raviolis à leurs visiteurs.
Tant qu'il ne fait pas très froid, les raviolis sont préparés pour une consommation immédiate.
Mais quand il fait bien froid, la Nature permet de bien conserver les raviolis: la température extérieur les congèle! Les raviolis sont alors entreposés à l'extérieur de la ger. Les grands froids n'ont pas que des inconvénients. ;)

Il y a deux grandes catégories de raviolis mongols: les grands raviolis cuits vapeur, et les petits raviolis qui, eux, sont bouillis.
On les fabrique à la main et, à l'intérieur du ravioli, on dépose une farce de viande et d'oignon hachés menu.
Le ravioli doit contenir le "jus gras" qui est considéré, à juste titre, comme étant nourrissant.
Souvenez-vous du climat...

D'ailleurs, soit dit en passant, et ce n'est pas un hasard, dans le Nord de la Chine on fabrique également, de manière traditionnelle, des raviolis "au jus". C'est tout à fait comparable.

L'opération délicate, dans la fabrication des raviolis au jus, consiste à bien refermer le ravioli, de façon que le ravioli ne laisse pas échapper pendant la cuisson le "jus qui nourrit". La main droite étant considéré comme "pure", c'est à elle qu'il revient de fermer le ravioli.

Non seulement ce n'est pas si facile de bien refermer le ravioli, mais en outre, il faut que le ravioli satisfasse à certains canons esthétiques:il faut que le ravioli soit joliment refermé!
Surtout les gros raviolis : cuits à la vapeur, ils conservent bien leur forme.
Pour les petits raviolis, le problème c'est qu'étant bouillis, ils sont déformés par la cuisson.

Pour manger un gros ravioli vapeur, on coupe avec petit bout de pâte, de façon à créer un trou par lequel on aspire le fameux jus nourrissant.
Mais les raviolis vapeur sont un emprunt au monde chinois. Le ravioli le plus valorisé -peut-être- par les Mongols, c'est le petit ravioli bouilli.

En dix minutes, les petits raviolis bouillis sont cuits et, de toute façon, c'est facile à voir: ils remontent à la surface...
On mange les petits raviolis bouillis avec le bouillon de leur cuisson.

La qualité de la pâte est trèèès importante pour les raviolis: à aucun moment, la pâte ne doit se rompre. C'est d'ailleurs cette caractéristique qui permettra au ravioli de ne pas laisser échapper son jus. À condition d'avoir, par surcroît, parfaitement refermé le ravioli...

Bon, je n'épuiserai pas ici le sujet de la nourriture. Dans toutes les sociétés humaines, c'est un sujet très vaste. Les nourritures consommées lors des grandes fêtes annuelles - le nouvel an lunaire, par exemple-, les nourritures qu'on offre aux invités, tout cela mérite une description soigneuse.

Pour ma part, avant de refermer ma contribution du jour, je voudrais revenir sur un des buts de mon long voyage: la musique traditionnelle mongole. Cet instrument orné d'une têtre de cheval, qui s'appelle morin khuur ( vièle-cheval). Les sons émouvants de cet instrument. Et puis, cette forme de chant traditionnel qu'on appelle l'urtiin duu (chant long). Un forme de chant qui m'a tellement ébloui que j'ai fait ce long voyage pour venir l'écouter... sur les terres qui l'ont vu naître, il y a deux mille ans, dit-on...
Attention, prononciation:
Dans khuur (cheval), le "kh" se prononce comme le "ch" allemand de "Achtung".

L'urtiin duu est pratiqué en public lors des fêtes: les grandes fêtes annuelles, les mariages... Dans la tradition, la chanteuse ou le chanteur d'urtiin duu est accompagné par un joueur de morin khuur qui est, dans la tradition, un homme.
(Mais de nos jours, beaucoup de jeunes filles mongoles apprennent le morin khuur).

Aussi, pour finir cet article, je vous laisse avec une vidéo qui vous présente, selon les règles de la tradition, une chanteuse d'urtiin duu accompagné d'un joueur de morin khhur.
Sur cette vidéo, ne soyez pas surpris de voir des sous-titres en chinois: ces artistes sont de ''Mongolie intérieure'', province de Chine.
Mais ce sont bien d'authentiques mongols, et c'est un authentique urtiin duu que vous pouvez écouter ici, en contemplant un de ces magnifiques paysages mongols.
Pour ceux qui sont intéressés par le morin khuur, observez bien le jeu du musicien.
Et vous pouvez admirer sans retenue la performance de la chanteuse:  l'urtiin duu est un très beau chant, et c'est aussi une impressionnante performance vocale.
Là aussi, si vous aimez chanter, ne vous décourager: tout s'apprend.
Voici la chanteuse Hodut dans "Ih Bogdo Bolgen Hanggai"
http://www.youtube.com/watch?v=bOIjGyv13Sk

Pour ma part, au terme de ma seconde journée, je retourne sous la ger.
Une bonne soupe mongole m'attend.
Bien chaude, bien nourrissante.

La Nuit est déjà là, épaisse et froide.
Elle entoure la ger, seule trace humaine au milieu d'un immense paysage...

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16 février 2009

MONGOLIE - PERSPECTIVE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

-----------------------2010-02-16 V1-----
-----------------------2010-02-21 V5-----

MONGOLIE -
PERSPECTIVE ÉCONOMIQUE ET SOCIALE

Catégories : science économique,
statistiques sociales, réflexion stratégique

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Article connexe :
Mongolie et pauvreté,
Comment calculer l'indice de Gini des revenus
http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2009/03/30/17247927.html
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La Mongolie dont nous parlons ici est la
Mongolie indépendante.
D'abord, je vous invite à lire attentivement le plan.

PLAN

A) Pauvreté en Mongolie
B) Ressources de la Mongolie
C) Les menaces qui pèsent sur les pays disposant d'importantes ressources naturelles
D) Mongolie: la perspective économique proche
E) Les projets des dirigeants mongols
F) Un défi pour la démocratie mongole
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A) Pauvreté en Mongolie

Sur ce blog, nous avons déjà évoqué un fait :
une grande partie de la population de la Mongolie vit dans la pauvreté.

Sur ce sujet, deux données:
En Mongolie
#
32% de la population vit avec moins de 1,25 dollar par jour.
# 29% de la population est sous-alimentée.
Année:
2005 - Source: ONU.

En termes concrets:
pour une grande partie de la population, impossible de manger correctement, impossible de se soigner correctement, impossible de payer des études à ses enfants.

B) Ressources de la Mongolie

La Mongolie est traditionnellement un pays d'
élevage extensif.
Les salaire extrêmement bas ont attiré la création d'une industrie manufacturière pourtant insuffisante (le chômage n'est pas négligeable).
Le sous-sol de la Mongolie recèlent d'importants gisements de
cuivre, d'or, d'uranium et de charbon.

C) Les menaces qui pèsent sur les pays disposant d'importantes ressources naturelles

Hélas, d'importantes ressources naturelles ne suffisent pas à assurer le développement d'un pays, ni un mieux-être pour sa population.

Ainsi, de nombreux pays africains disposent d'importantes ressources naturelles: pétrole, bois, diamants selon les cas.
Alors même que ces ressources sont abondamment exploitée, rares sont les populations africaines à avoir vu leur sort s'améliorer.

De 1978 à 2008, au Nigéria le Produit Intérieur Brut par habitant n'a quasiment pas augmenté: cela signifie que l'extraction du pétrole nigérian a produit des royalties qui n'ont pas été investies dans l'appareil productif.

En 2008, le PIB par habitant au Vénézuéla était plus élevé qu'en 1977. Là aussi, le développement n'a pas suivi. Et comme le président vénézuelien vient de dévaluer de moitié la monnaie nationale, les choses ne vont pas s'arranger de sitôt.

Rappelons un risque évident: l'argent tiré de l'exploitation du sous-sol peut aller enrichir une caste dirigeante sans apporter aucune amélioration au sort de la majorité de la population et sans améliorer les capacités du pays à créer de la richesse sur le long terme après épuisement des ressources naturelles.

Mais ce n'est pas là le seul facteur de risque.
D'autres risques sont moins évidents et requièrent une analyse économique.

Pendant les années 1960... l'exploitation de ''nouveaux'' champs de gaz naturels au Pays-Bas a soudainement gonflé les revenus de ce pays. Avec quelles conséquences? La monnaie nationale s'est nettement appréciée, rendant l'industrie manufacturière beaucoup moins compétitive et réduisant la profitabilité des entreprises de ce secteur.
C'est ce qu'on a appelé « le mal hollandais ».

Il y a des choix politiques et économiques qui permettent à un pays d'éviter de tomber dans ce mécanisme néfaste. Mais nous n'en parlerons pas ici, car dans cet article nous nous bornons à examiner la réalité.

La réalité, en l'occurrence, c'est la perspective économique proche pour la Mongolie.

D) Mongolie: la perspective économique proche

Deux grands gisements vont être mis prochainement en exploitation:
# Oyu Tolgoi -gigantesque gisement de cuivre et d'or- va être exploité conjointement par les compagnies « Ivanhoé Mines » (basée au Canada) et « Rio Tinto » (basée au Royaume-Uni). Rio Tinto est un géant mondial du secteur minier.

# Tavan Tolgoi -gisement de charbon- pourrait être exploité par...? D'après nos renseignements, le gouvernement est en pourparlers avec plusieurs firmes dont « Peabody Energy Corp. », compagnie basée aux USA.
Dans ce type de discussions, l'enjeu est évidemment le partage des revenus entre
d'un côté le pays qui loue ou cède le gisement et de l'autre la compagnie minière qui apporte son savoir-faire technique, son personnel d'encadrement, son matériel, sa capacité organisationnelle.

Soit dit en passant, les revenus fournis par la grande mine de cuivre et d'or seront nettement plus importants que ceux -non négligeables- fournis par la mine de charbon.

Globalement, ces deux gisements fourniront à la Mongolie un brusque afflux de ressources supplémentaires.
Paradoxalement, c'est une situation à risque, comme nous l'avons vu plus haut.

Comment gérer cette situation?
Comment utiliser ces nouveaux revenus?

Les besoins ne manquent pas.
Quels sont les projets des dirigeants mongols?

E) Les projets des dirigeants mongols

Le President Tsakhia Elbegdorj and Premier Ministre Sukhbaatar Batbold sont conscients des risques économiques.
En particulier ils connaissent le « mal hollandais ».

Le President Tsakhia Elbegdorj est diplômé de la « Kennedy's school of governement » de Harvard et a aidé à traduire en langue mongole « The Mystery of Capital », livre de Hernando de Soto, économiste péruvien qui connaît bien les sujets évoqués plus haut et qui est venu ce mois-ci en Mongolie où il a rencontré le Président et le Premier Ministre.
Conscients des risques qui pèsent sur un pays pourvu d'abondantes ressources naturelles, les dirigeants mongols ont déjà choisi un certain nombre d'orientations.

Les dirigeants mongols ont l'intention, lorsque le prix des matières premières sera élevé, de mettre de côté les royalties supplémentaires résultant de cette augmentation de prix. Cette cagnotte pourra être sollicitée en période défavorable, afin d'équilibrer les ressources de l'État.
Cette mesure s'inspire de l'exemple donné par le Chili est un très important producteur de cuivre. Mais le prix des matières premières est extrêmement volatil.

En 2009, le gouvernement mongol a créé un « Fond de Développement Humain » afin de distribuer un peu de royalties aux citoyens. Remarque: attention, on voit poindre le risque du clientélisme: donner de l'argent afin de se faire réélire.

Le gouvernement veut aussi réformer le système de protection sociale afin de cibler l'aide sociale sur les pauvres. Mais nous ne savons pas exactement quels citoyens seraient concernés par cette aide sociale. Nous avons montré plus haut que, selon le critère du revenu disponible, les pauvres constituent une part très importante de la population mongole. Les besoins en matière de protection sociale sont donc immenses. D'un point de vue économique, la meilleure voie serait de créer des emplois productifs, c'est-à-dire de créer des emplois qui créeraient de la richesse.

Le gouvernement veut aussi investir dans le réseau de transport, en améliorant les réseaux routiers et ferroviaires, non seulement pour améliorer l'accès aux mines, mais aussi pour permettre aux éleveurs d'amener plus facilement leurs animaux sur les marchés.

Rappelons que le territoire de la Mongolie s'étend sur 1_566_500 kilomètres carrés ( trois fois la surface de la France métropolitaine). Sur ce vaste territoire vivent environ 2_800_000 habitants (année: 2006), dont 40% vivent dans les zones rurales. À elle seule, la capitale Ulaanbaatar compte 1_000_000 habitants (même date).

F) Un défi pour la démocratie mongole

Conscients des risques économiques engendrés par l'exploitation des riches ressources naturelles du sous-sol, les dirigeants espèrent qu'un bon fonctionnement démocratique permettra de bien négocier la nouvelle situation.

De fait, les critiques pleuvent sur le gouvernement.
Journalistes, militants et de nombreux parlementaires reprochent à l'équipe dirigeant de ne pas suffisamment lutter contre la pauvreté et le chômage.
Par exemple au cours du forum économique mongol qui s'est tenu les 8 & 9 février 2010.

Le Premier Ministre a l'intention de publier sur Internet les contrats entre l'État et les sociétés minières.
(Remarquez que, quand un contrat est signé, c'est trop tard pour réagir: les jeux sont faits.)

En tout cas, le gouvernement est attendu au tournant.

Sanjaasuren Oyun, docteur en sciences de la Terre et parlementaire depuis douze ans, fait pression pour que le gouvernement se garde de la voie facile qui consiste à distribuer de l'argent aux citoyens: ce sera... ou ce serait... une mesure très populaire, à n'en pas douter. Et une mesure très efficace pour gagner ou garder le vote des électeurs.
Sanjaasuren Oyun préfèrerait que l'argent provenant de l'exploitation des mines soit utilisé pour améliorer les infrastructures et pour créer des emplois.
Évidemment, il y aurait deux façons de créer des emplois:
# Soit gonfler déraisonnablement l'administration de l'État, ça c'est facile.
# Soit créer des emplois productifs, c'est-à-dire des emplois qui créent de la richesse. Ça c'est plus difficile, puisque cela implique de se confronter au marché: il faudrait d'abord cerner les secteurs économiques où la Mongolie pourrait s'illustrer dans la création de richesse, (de valeur ajoutée pour être plus précis).

Voci un fait éloquent sur le niveau de vie d'une grande partie de la population mongole: dans les derniers dix-quinze ans, on a vu des entrepreneurs du textile venir monter des usine de confection en Mongolie parce qu'il pouvaient faire travailler les ouvrières mongoles à des salaires plus bas que les ouvrières chinoises.

Pour que la perspective s'améliore pour les citoyens modestes et leurs enfants, il faudra aux dirigeants mongols davantage qu'une bonne connaisse de la science économique: il leur faudra un souci sincère d'améliorer durablement le sort de leurs concitoyens défavorisés et de leurs enfants.

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8 février 2009

CHANSONS MONGOLES : HOMMAGE À LA CHANTEUSE T. BAYASGALAN

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 Conseil pour naviguer sur ce blog
 
# Pour écouter
le morin khuur (vièle-cheval), l'urtiin duu (chant long) et d'autres chants mongols, pour voir des costumes traditionnels, ...
consultez la liste des principaux articles du blog:

Sur les chemins du long voyage
http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2010/02/18/16855989.html
 
 # Notre chaîne Youtube, avec des playlists par thème
http://www.youtube.com/user/KokeKhuur
(La playlist F.1 est consacrée à T.Bayasgalan, et une autre playlist à des vidéos-karaoké, avec notamment des textes de chanson de T.Bayasgalan.)

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CHANSON POPULAIRE -

HOMMAGE À UNE BELLE VOIX MONGOLE:


                     T. BAYASGALAN

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+ la célèbre berceuse "BUUVEIN DUU" (autre interprète)
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баярлалаа, Баясгалан!
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Tribute to a mongolian singer: T. BAYASGALAN
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--------------------Liens vers Youtube au fil du texte---
--------------------Vidéos numérotées de 1 à 16--------

BAYASGALAN_2008_MONGOLIAN_SINGER

Il ne doit y avoir aucune ambiguïté : avec T. Bayasgalan il s'agit de chanson contemporaine, ancrée dans la vie mongole et non pas de chant traditionnel mongol. Mais dans un pays où une forme de chant traditionnel (l'urtiin duu) nécessite une voix particulièrement éclatante et virtuose, on n'imagine pas des chanteuses populaires chuchotant de façon à peine audible au plus près d'un micro.
Pour transposer ceci dans un univers sans doute culturellement plus proche pour nos lecteurs : en Italie, pays du bel canto et de l'opéra, on n'imagine pas non plus un chanteur ou une chanteuse qui chuchote de façon à peine audible.

Des chansons de T.Bayasgalan, vous avez pu en entendre à la radio mongole ces dernières années, si vous avez parcouru en voiture les immenses paysages mongols.
Mais peut-être préfèrerez-vous le cheval ou le chameau ?

En matière de chanson mongole, il s'agit ici d'un style particulier, qu'on appelle zokhioliin duu (chant littéraire). Ce style compte des artistes de grand talent, comme T.Bayasgalan: sa voix magnifique mais retenue, son interprétation sensible et dépouillée lui ont attiré l'affection du public. Et c'est là une juste récompense pour cette émouvante artiste à la musicalité irréprochable et au lyrisme tout en nuances.


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Avertissement:
Dans l'article précédent (sur les danses traditionnelles biyelgee), nous évoquions la disparition de la personne qui s'occupait de ce blog.
Sans nouvelle, nous espérons qu'elle est toujours vivante.
Cet article lui est spécialement dédié car cette personne aimait et admirait particulièrement la chanteuse mongole T. Bayasgalan.
D'ailleurs nous puisons dans ses notes pour le texte et les liens de l'article. La phrase en exergue est de lui.
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Une belle voix mongole : T. Bayasgalan.
 
En caractères cyrilliques:
Баясгалан

T.Bayasgalan est une grande chanteuse mongole. En Mongolie, elle a le statut de "State Merited Artist". C'est une gloire nationale!
Elle est très célèbre et très appréciée non seulement dans toute la communauté mongole, mais aussi en Russie.
Bayasgalan est la plus éminente représentante féminine du zokhioliin duu -chanson littéraire- et connut la gloire à partir de 2004 avec "Zovhon Chamdaa" (Seulement pour toi) qui figure parmi les titres proposés ici (vidéo n° 11).

T.Bayasgalan a une voix splendide, qu'elle utilise avec un tact, un discernement admirables.
Son chant est d'une sobriété exemplaire.
 
Une belle voix au service de la musique, sobrement émouvante, toute en nuance et retenue, une belle voix tendre qui vous baigne comme une rivière dont on voudrait que le flot jamais ne s'arrête
.
Une voix posée, calme, apaisante, pure, tendre, émouvante.


À plusieurs reprises, Bayasgalan a été choisie pour représenter son pays dans des cérémonies officielles.
En général, les airs qu'elle chante sont typiquement mongols.
Mais elle est tout à fait capable, bien sûr, d'interpréter d'autres airs et cela lui arrive parfois. Quel que soit le chant, l'interprétation de Bayasgalan est toujours un exemple.

Une grande voix mongole :
Bayasgalan.
En caractères cyrilliques:
Баясгалан
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 Pour consulter notre sélection de vidéos de
T. Bayasgalan,
vous avez le choix:
 
# Soit vous lisez la suite de cet article, qui propose
une pré
sentation de chaque vidéo terminée par
un lien direct vers la vidéo.
 
# Soit vous allez directement sur notre chaîne Youtube
où vous pourrez cliquer sur la playlist F.1 (CHANSONS MONGOLES) pour T.Bayagalan et sur la playlist F.2 pour la berceuse "Buuvein duu".
http://www.youtube.com/user/KokeKhuur
En fonction de vos goûts,
vous pourrez ensuite
revenir ici lire les présentations des vidéos: ci-dessous.

(1) Botgon duu + la berceuse "Buuvein duu"

Botgon duu : une tendre berceuse mongole, chantée magnifiquement par Bayasgalan.
Les belles images de la vidéo renvoient à la vie nomade, un mode de vie qui s'est perpétué depuis des siècles.
Vous y verrez...
des scènes de la vie des nomades, une guimbarde (instrument de musique), des chameaux, un morin khuur, un tout petit garçon qui souffre de l'absence de sa mamaan et même... un chameau qui pleure. Une très belle vidéo.
BAYASGALAN___BOTGON_DUU_0036
Au premier plan, un chameau qui passe...
Au-delà, un joueur de morin khuur...


BAYASGALAN___BOTGON_DUU_0301

Au fil du chant, la vidéo vous offre les paroles de la berceuse: langage mongol écrit en caractères cyrilliques.
http://www.youtube.com/watch?v=PzWHTQROikA


Et voici, par une autre interprète, une berceuse mongole célébrissime, "BUUVEIN DUU" - que vous retrouverez sur notre playlist F.2, sur notre chaîne Youtube (lien vers la chaîne en tête de l'article)
http://www.youtube.com/watch?v=M9Lagj9j3jM

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(2) Concert à Saint Pétersbourg, le 26-09-2008

концерте в С.Петербурге 26.09.2008

Ici, la présentatrice est russe, bien sûr, et parle russe.
Puis vient Bayasgalan... qui nous offre deux beaux chants.
Bayasgalan est ici vêtue d'une robe bleu turquoise et toute scintillante, qui paraît presque blanche sous l'intense lumière des projecteurs.
Assorti à cette robe, un voile protège sa gorge et retombe derrière son épaule.

(2-1) Le premier chant est d'une aérienne beauté céleste, comme le ciel de sa robe et l'oiseau de sa voix.

BAYASGALAN___SAINT_PETERSBURG_CONCERT_0310

Dans cet air -entre tous-, la voix de Bayasgalan est un oiseau, un grand oiseau qui me porte sur son dos et bat des ailes, tout en souplesse. Et à chaque battement, lorsque les ailes s'appuient sur l'air, je me sens poussé vers le haut comme par une vague frontale. Et de ses larges ailes, le grand oiseau s'appuie sur cette lame d'air. Pendant que ses ailes battent leur ample cadence, se déploie devant moi un vaste paysage : rivières qui sinuent, montagnes ocres aux flancs creusés de ravines, et ce ciel si clair où voguent lentement d'éblouissant nuages. C'est ainsi que j'ai survolé Russie et Mongolie, le lac Baïkal puis les montagnes sèches qui annoncent la Chine.
Спасибо, Баясгалан!  Le charme et la grâce de ta voix, la sensibilité de ton interprétation sont envoûtants...

Ce premier chant, 
 interprété à ravir, semble quelque peu inhabituel dans le répertoire de Bayasgalan.
Explication : ce chant porte la signature d'un gourou indien (décédé en 2007) 
qui a fondé des centres dans de nombreux pays, dont la Mongolie.
En 2007, ce gourou avait effectué une visite - très officielle - en Mongolie.
Le concert de St Petersbourg (en 2008) n'est pas la seule occasion où Bayasgalan a interprété un chant de ce gourou.
Attention
Nous préférons ne pas donner le nom de ce gourou et nous appelons le lecteur à la plus grande prudence : en France, l'association créée par ce gourou a été classée en 1995 "groupe sectaire" par la Commission parlementaire sur les sectes.

(2-2) Le second chant est plus représentatif du répertoire habituel de la chanteuse.
Pour ce second chant, Bayasgalan porte une très belle robe longue d'un bleu profond, élégamment brodée.

BAYASGALAN___SAINT_PETERSBURG_CONCERT_0550_HD


Une très belle prestation. Spassiba!... Bayasgalan

http://www.youtube.com/watch?v=AnCUGRY6kOk
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(3) Hairlan duulmar baina

BAYASGALAN___HAIRLAN_DUULMAR_BAINA_0347
Nous retrouvons ici la belle voix pleine d'émotion de Bayasgalan à la télévision.
La chanteuse est ici vêtue de sa très belle robe longue d'un bleu profond, une belle robe délicatement ornée et brodée. Typiques des parures mongoles, ses boucles d'oreilles sont deux ruisseaux de perles.

http://www.youtube.com/watch?v=Ez410oZ1l0o


BAYASGALAN___HAIRLAN_DUULMAR_BAINA_0038_CUT
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(4) Chinii mini har

Très beau chant, d'une beauté éclantante... et sereine, par Baysgalan ici vêtue d'un superbe costume traditionnel.

BAYASGALAN___CHINII_MINI_HAR_0034

Le clip montre Bayasgalan chantant dans un paysage mongol d'une splendeur majestueuse: un immense lac entouré de montagnes.
Autour du lac, la végétation est rousse, les chardons et graminées sont secs: c'est déjà la fin de l'été.

http://www.youtube.com/watch?v=hn2299pReqk
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(5) Унаган хайр - Vidéo-daporama
Très beau chant par Bayasgalan
Beau diaporama: des paysages, et des scènes de courses de chevaux, prises lors du Naadam (grande fête annuelle traditionnelle, en été). Les jockeys de ces courses sont des enfants dont certains n'ont pas plus de 7 ans !

http://www.youtube.com/watch?v=hLTQsZGuEAM
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(6)   Huugee uruvduud uilmaar
Хүүгээ Өрөвдөөд Уйлмаар
Une très belle interprétation de Bayasgalan, à ne pas manquer,
car le son de cette vidéo est d'excellente qualité
et permet d'apprécier la voix pure, à la fois sensible et majestueuse de Baysasgalan.
Sur cette vidéo, pas d'illustration sinon les paroles qui s'affichent au fil de ce magnifique chant, paroles en mongol -écrites en cyrillique.
Si vous ne comprenez pas, fermez les yeux...

http://www.youtube.com/watch?v=nAo6K5FZyuU
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(7) Zurh martahgui
Beau clip (malgré des couleurs trop saturées !):
on voit même Baysgalan s'élançant à cheval dans un paysage mongol.
Très belle chanson.

http://www.youtube.com/watch?v=uSuobNOPE3Y
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(8) Monhiin derged eej mini
Baysgalan n'en fait jamais trop.
Ici, le thème ferait pleurer les plus endurcis.
Une femme d'un certain âge, assise dans un aéroport, attend des passagers: ses enfants.  Sa fille, puis son fils, arrivent. Retrouvailles... Du temps a passé, beaucoup de temps, et cela se voit sur les visages des jeunes gens devenus des adultes, et sur le visage de la mère, a
ssise depuis longtemps, seule dans l'aéroport désert.
Car tout cela n'était qu'un songe de cette dame qui somnolait, seule parmi ces rangées de siège. Une hôtesse l'a remarquée et la raccompagne jusqu'à la sortie.
Combien de fois cette mère est-elle venue attendre ici, à l'aéroport ?...
Nota: beaucoup de Mongols ont émigré, vers les USA notamment.
Sur cette vidéo également, Bayasgalan s'accompagne à la harpe.

http://www.youtube.com/watch?v=RTp_zcM9QEU
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(9) Yruultei orchlon
Une chanson plus gaie de Bayasgalan. Clip illustratif.
Éloignement de deux fiancés pour cause de service militaire, mariage, enfants, fête d'anniversaire, tout ceci en ville. Visite à la génération précédente continue sa vie de nomade, sous la ger (la yourte).

http://www.youtube.com/watch?v=biXqCrXfwq0
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(10) Sanah tusam
Chanson sentimentale, illustrée par un clip émouvant et esthétiquement très réussi.
Thème: un bonheur passé.
Un belle et tendre chanson par Bayasgalan.

http://www.youtube.com/watch?v=8ok_6HymuyI
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(11) Zovhon chamdaa
("Zovhon chamdaa" est le titre de la vidéo. Les transcriptions en caractères latins varient, vous pouvez aussi trouver "Zuvhun chamdaa".)
Chanson très tendre, illustrée par un clip.
Interprétation sensible et inspirée.
Sensible et tendre mais solide et sans maniérisme:
c'est un point à souligner, Bayasgalan n'est jamais mièvre.
Dès sa sortie en 2004, cette belle chanson connut un succès mémorable, et la chanteuse allait devenir une icône nationale...
La belle voix de Bayasgalan est ici tendre et émouvante
et, dans les aigus, éclatante et claire comme une trompette.
http://www.youtube.com/watch?v=wxwmC_nH1IM
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(12) Vidéo à la harpe
Le titre apparaît fugitivement au début de la vidéo (en cyrillique).
Belle chanson, sur la vidéo Bayasgalan s'accompagne à la harpe.

http://www.youtube.com/watch?v=CbKYFQAxPoM

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(13) Унаган хайр
Vidéo-diaporama.
Chanson joyeuse de Baysagalan. Diaporama intéressant.

http://www.youtube.com/watch?v=hLTQsZGuEAM
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(14) Tahi irlee : chant pour le WWF
Réintroduction en Mongolie du cheval sauvage de Przewalski
Comme le montre ce clip, Bayasgalan chante également des chansons vives et entraînantes.
Au début et à la fin du clip, vous pourrez entendre un court extrait d'urtiin duu, chanté par une voix d'homme âgé. L'urtiin duu étant trop doute jugé trop calme dans la frénésie obligatoire du le monde moderne, l'illustration musicale principale est une chanson au rythme très rapide...
Ici on ne s'en plaindra pas puisque c'est Bayasgalan qui chante. Ce n'est certes pas la première occasion où Bayasgalan est choisie pour représenter son pays.
  Observons qu'on pouvait trouver dans la culture mongole des morceaux particulièrement bien adaptés à un tel clip: un joueur de morin khuur sait imiter le galop effréné d'un cheval!
  Pour trouver des infos et des vidéos sur le "morin khuur", cherchez sur ce blog les articles reliés à au mot "morin khuur" (vièle cheval).
  Petit défaut visuel du clip: l'image est étirée en longueur, ce qui fait notamment paraître le corps des chevaux plus long qu'il n'est réellement!

http://www.youtube.com/watch?v=LdZXBezRrwU
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(15) Que le ciel de la frontière soit clair - Bayasgalan
Хилийн тэнгэр цэлмэ
г - байгаасай

Libre traduction du refrain:
"Je souhaite que le ciel soit toujours clair à la frontière, où mon bien-aimé est soldat.
Je souhaite que ce chant éloigné vole au-dessus des montagnes et sous les nuages et que mon bien-aimé le reçoive sain et sauf.
"
Une fois de plus, Bayasgalan nous touche par son interprétation épurée, sans rien qui pèse ou qui pose.
Dans la musique, vous reconnaîtrez un emprunt à un air de musique classique.

http://www.youtube.com/watch?v=WRfZ5eFYUn8

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(16) Botgon duu
Vous ne connaissiez pas Bayasgalan et maintenant vous l'aimez?
Ce fut notre plaisir de vous la présenter.
Nous refermerons cette présentation comme nous l'avons commencée, avec la même berceuse", mais dans un autre vidéo, réalisée pour la télévision.
Devant un large public, Bayasgalan habillée d'un bel ensemble grenat chante "Botgon duu". Des chameaux traversent la scène pour illustrer le chant:
n'en doutez pas, nous sommes en Mongolie!

http://www.youtube.com/watch?v=8-TS9_XruME
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"Bayasgalan ! Cette voix vous berce en un flux dont on voudrait que jamais il ne s'arrête."
Peut-être est-ce pour l'écouter en Mongolie même que notre collaborateur a disparu.
Qui sait?

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Baiarlalaa, Bayasgalan! баярлалаа, Баясгалан!
Merci de votre attention.
Merci pour Bayasgalan et pour la culture mongole en général.

Vous pouvez retrouver toutes ces vidéos de Bayasgalan
dans la playlist qui lui est dédiée, sur notre chaîne Youtube:

http://www.youtube.com/user/KokeKhuur

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ANNEXES
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ALPHABETS POUR LA LANGUE MONGOLE
 
(A1) Si dans les vidéos, vous voyez des sous-titres en caractères cyrilliques, ne soyez pas étonnés: la Mongolie indépendante a été depuis longtemps soumise à une forte influence russe (et même soviétique, jadis). La langue mongole est donc couramment retranscrite en caractères cyrilliques.
(A2) Vous verrez aussi parfois, en incrustation, des inscriptions dans un tout autre alphabet, tout en sinuosités: il s'agit du premier (historiquement) alphabet mongol, inspiré de l'alphabet ouïgour. Avec cet alphabet, le texte s'écrit à la verticale.
(A3) Et puis on peut utiliser l'alphabet latin pour transcrire le mongol. C'est ce que nous faisons en général pour le titre des chansons et pour le nom de la chanteuse, Bayasgalan.
-

LE STYLE VOCAL DE BAYASGALAN
En même que Bayasgalan chante la musique d'une voix belle et sobre, elle dit les mots avec une sensibillité tendre et grave, avec une compassion vibrante pour la souffrance humaine.
Toujours bien posée, sa voix -au léger vibrato- est alternativement éclatante et assourdie, et ici on peut être techniquement précis.
1) Bayasgalan va chanter quelques mesures en laissant progressivement éclater la puissance de sa voix dans une note portée, avec vibrato, puis, quelques notes plus tard, avec cette sensibilité qui se tourne vers l'intérieur, elle va tenir une note de façon assourdie, bouche presque fermée, le son résonnant plus haut, dans le nez et le crâne. Et il n'y a jamais de rupture, c'est une modulation d'intensité et de résonance mais jamais briser la grande fluidité du chanté. Écoutez par exemple la vidéo n° 3.
2) En dehors de cette variété technique, il faut noter qu'elle nuance à merveille la force de sa voix. Écoutez par exemple dans la vidéo n° 4 comme elle chante tantôt avec... douceur, puis avec force et éclat, pour revenir dans la douceur.
Conclusion
Toutes ces variations de résonance, d'intensité produisent un chant modulé avec un tact merveilleux, un chant vraiment merveilleux aussi bien musicalement qu'humainement.

Évidemment le caractère de l'interprétation dépend de l'oeuvre interprétée. Cette majesté est particulièrement frappante dans certains chants: video n°6, par exemple.
Cette majesté inspirée, je la rapproche de la majesté qui se dégage de l'urtiin duu (chant long). On ne s'en étonnera pas: quel que soit le style de chant (chant "normal" ou urtiin duu), quand un Mongol chante sa patrie, ses paysages, la vie de son peuple au milieu de cette nature mongole à la fois rude et grandiose, il chante avec une inspiration recueillie et inspirée, émue et majestueuse. De nombreuses vidéos sur les chants mongols montrent un chanteur ou une chanteuse dans un cadre naturel: voir video n°4.
Depuis des siècles, les éleveurs nomades de Mongolie mènent pour vivre une lutte quotidienne d'une émouvante grandeur: les chants mongols en sont le reflet.
Cette idée est explicitée dans la "Parenthèse" qui suit.

DIFFICULTÉ DE LA VIE EN MONGOLIE
Hum... Il faut recadrer les choses. Quand vous, internaute occidental, vous contemplez, conforablement assis, les paysages sauvages de Mongolie tout en écoutant la musique de ce pays, vous vous dites: "Ah, ce sont de beaux paysages. J'irais bien en vacances là-bas, cet été."
Mmm... La vie des nomades mongols
depuis des siècles, c'est un défi d'une autre dimension, et un défi quotidien. Renseignez-vous sur le climat de la Mongolie, sur les températures en hiver, et sur la durée de l'hiver. Les bêtes sont résistantes, mais quand l'hiver est encore plus froid que la normale, les troupeaux sont décimés. Il n'y a pas que la température, il y aussi le vent... L'été est court et les chaleurs fortes. Les saisons intermédiaires sont brèves. Un éleveur le sait: s'occuper d'un troupeau, c'est une astreinte quotidienne, qu'il fasse -40°C ou +36°C. Il faut s'occuper des bêtes tous les jours de l'année. Il faut transformer le lait en fromage. Il faut régulièrement démonter la ger (la yourte) pour trouver de nouvelles pâtures. Il faut protéger les troupeaux contre les loups. Les troupeaux -et les hommes- sont menacés par les rigueurs du climat mais aussi par les maladies: tuberculose, peste etc. Le bacille de la peste ne meurt jamais, il vit dans la terre à un mètre de profondeur et régulièrement, il est transmis aux hommes par l'intermédiaire des marmottes, qui s'en imprègnent dans leurs terriers. Les marmottes sont chassés par les hommes pour leur fourrure.
Consulter un médecin quand on vit isolé dans la nature, c'est exclu... On guérit ou on périt. Cette vie est plus que rude, elle est cruelle.
Un nomade, par définition, ne possède que très peu de biens matériels. Son troupeau est son unique capital, un capital modeste et fragile et toujours menacé.
En résumé, une famille d'éleveurs nomades est une famille pauvre qui mène une vie difficile et ne peut compter que sur sa propre énergie. Cette vie indépendante mais si dure donne aux nomades la dignité bouleversante des gens qui n'ont que leur courage pour affronter le destin.
Il en est ainsi dans beaucoup de pays du Tiers-Monde.
Mais dans les bidonvilles -et il y en a aussi en Mongolie-, à Ulaanbaatar, les pauvres n'ont que peu d'opportunités de vivre dignement. Ils peuvent fouiller dans les déchets pour faire du recyclage ou pour faire du feu. Et à UlaanBaatar aussi, les pauvres font cela.
Un éleveur nomade est pauvre, lui aussi, mais il est encore indépendant, il peut nourrir sa famille, tant que son troupeau et lui-même sont en bonne santé. Il suffit de peu de chose, malheureusement, pour perdre cette situation pourtant peu enviée. La famille se retrouve alors dans un baraquement de fortune, dans un bidonville d'Ulaanbaatar.
Et la Mongolie a beau recéler des ressources minières considérables, ce ne sont pas les Mongols les plus pauvres qui en profiteront, mais les puissantes compagnies minières occidentales, comme Rio Tinto.
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2 février 2009

MONGOLIE - CHANTS ET MORIN KHUUR - CD OCORA 2009

MONGOLIE - CHANTS ET MORIN KHUUR
- CD OCORA 2009
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Conseil:
Vous pouvez écoutez non pas ce disque mais des exemples de musique mongole sur notre chaîne Youtube (urtiin duu, morin khuur, chant diphonique)
Vous pouvez aussi lire sur ce blog les articles consacrés au morin khuur et à l'urtiin duu.
Lien vers la liste des principaux articles du blog:
Sur les chemins du long voyage
http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2010/03/02/16855989.html
Lien vers notre chaîne Youtube:
http://www.youtube.com/user/KokeKhuur
 
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'' Mongolie. Chants et Morin Khuur ''
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Chi Bulag - grand joueur de morin khuur (vièle-cheval) -,
Senge Dorj, Nergui Ganzorig,
Byambajargal Gombodorj - jeune chanteuse de ''chant long'' ( urtiin duu) -,
Tsogtgerel, Ts. Chuluuntsetseg, Ts. Otgontsetseg et Ts. Tuyatsetseg
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éditions : Harmonia Mundi distribution
CD - OCORA - RADIO FRANCE
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Chants "longs" (où d'un seul tenant la voix parcourt un registre très large),
chants "courts" (à la grande vivacité d'expression),
chants diphoniques khöömil (où l'interprète produit au moins deux hauteurs simultanément)
et l'emblématique
vièle "à tête de cheval" morin khuur :
autant de remarquables expressions artistiques, parfois stupéfiantes, d'une culture aux racines nomades où les références au souffle, à la nature, au sens de l'espace, demeurent une source vivante au coeur de la musique.
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Fiche du CD :
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  • [titre] Mongolie. Chants et Morin Khuur 
  • [interprète]
    Chi Bulag, Senge Dorj, Nergui Ganzorig, Byambajargal Gombodorj,
    Tsogtgerel, Ts. Chuluuntsetseg, Ts. Otgontsetseg et Ts. Tuyatsetseg.
     
  • [éditeur] Harmonia Mundi distribution
  • [référence] C 560224 
  • [caractéristiques] 1 CD, 61:23 - Sortie 26 mars 2009 
  • [prix] 16 € environ

 

 

31 janvier 2009

MÉDITATION SUR LES MODES DE VIE

Sommaire

(1/3) Partie documentaire
(2/3) Cartes
(3/3) Méditation sur les modes de vie

Nota : Màj 2012sept28 - V1 2012aug31
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(1/3) Partie documentaire

Appelés Tsaatan par les Mongols, les Doukha sont des Touvains qui vivent dans des forêts proches du lac Khövsgöl (ou Hövsgöl), dans la province du même nom (Khövsgöl aimag).

(En français, on écrit Doukha. Mais en anglais, Dukha. Et comme la majeure partie des documents disponibles -pour nous- sont en anglais, nous écrirons Dukha dans la suite de l'article.)

Si vous êtes un familier de ce site, vous connaissez le "ger" mongol (la yourte): c'est une habitation mobile.
Mais certains peuples nomades n'ont même pas d'habitation mobile, c'est le cas des Dukha.

Ces éleveurs de rennes qui habitent le nord de la Mongolie indépendante ne sont donc pas des Mongols, ils appartiennent au peuple des Tuvains qui a donné son nom à la République de Tuva, appartenant à la Russie et qui se trouve de l'autre côté de la frontière russo-mongole, juste au nord du territoire des Dukha.

Les Mongols les appellent les Tsaatan (mot mongol) tandis que ces éleveurs de rennes préfèrent se nommer dans leur langue d'un nom qui signifie "les gens de la Taïga".

La Taïga c'est la forêt boréale, et c'est elle qui permet à ces éleveurs de rennes de ne pas même avoir d'habitation mobile.
Les Dukha élèvent des rennes domestiqués qui leur dictent leurs déplacements.
Les rennes aiment le froid et mangent des lichens.
Ces éleveurs se déplacent à dos de rennes (ils ont des selles adaptées), et lorsqu'ils transhument, certains rennes sont utilisés comme animal de bât.

Quand les Dukha arrivent sur un lieu où les rennes pourront se nourrir quelque temps, ils abattent quelques arbres à la hache et les dressent pour construire une tente conique, qui rappelle un tipi d'Indien : sur cette armature sommaire, ils jettent quelques couches de feutre.
Dans cette tente, ils installent leur petit poële à bois (muni d'un tuyau pour évacuer la fumée). Toujours à la hache, ils coupent du bois et en garnissent le poële : c'est ce foyer qui servira à chauffer la tente et faire la cuisine. De la neige dans une bassine métallique fournira de l'eau pour thé au beurre salé, la soupe etc.

Les Dukha vivent une vie extrêmement rude. Ils survivent en fait grâce aux quelques touristes qui viennnent leur rendre visite et partager -quelques jours- leurs conditions de vie précaires.
En effet des voyages sont organisés par des agences spécialisées. Ces voyages organisés font vivre ces agences et procurent de minces ressources complémentaires aux éleveurs Touvains.

Leurs enfants sont scolarisés dans des villages qui n'ont de village que le nom. Des bâtiments datant de l'époque communiste -et jamais rénovés- hébergent les enfants scolarisés qui apprennent à lire et écrire la langue mongole (qui n'est pas leur langue maternelle).
Les linguistes ont classé la langue touvain dans la branche septentrionale -ou sibérienne- de la famille des langues turques.

Il y a différents groupes de Touvains en Russie et en Mongolie, voire en Chine.
Les Dukha qui vivent dans des forêts proches du lac Khövsgöl (ou Hövsgöl), dans la province du même nom (Khövsgöl aimag), ne sont que 200 à 300.

Documents complémentaires:
Il existe sur internet plusieurs documents sur les Dukha, y compris des films.
Des documents en anglais, et certains en français.
En français, vous trouverez plutôt des documents sur les "Tsaatan" (le nom qui sert à désigner les Dukha en mongol).

Transcription :
*** En français on écrira République de Touva et en anglais République de Tuva.

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(2/3) Cartes

Mongolie - Provinces

Provinces de Mongolie. En mongol, province se dit "aimag"

Map_of_Russia_-_Touvines(2008-03)
Territoire des Touvains à cheval sur la frontière russo-mongol.

Région du lac Khövsgöl
Zoom sur la région du lac Khövsgöl

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(3/3) MÉDITATION SUR LES MODES DE VIE


Pas la peine de crier...

L'offre dicte sa loi.

Dans les biens culturels comme dans les biens matériels.


Bien matériel (exemple).

Les fabricants de voiture fabriquent des modèles que les consommateurs ont de plus en plus de mal à entretenir eux-mêmes, y compris pour des actes simples. Par exemple, pour changer une ampoule dans un phare, sur certains modèles bien français, vous n'y parviendrez pas tout seul. Il vous faudra, comme le manuel d'entretien vous y invite, vous rendre dans un garage qui déposera le pare-choc ou l'aile afin de procéder à cette redoutable intervention : changer une ampoule.

Vous pouvez pester, protester, vous n'avez guère le choix : l'offre dicte sa loi.


Bien culturel (exemple).

Un auditeur de radio n'a pas le choix. Quelle que soit la station qu'il écoute, c'est la station qui conçoit les émissions, c'est la station qui dicte le contenu diffusé.

Prenez France-Culture, une station du "service public" spécialisée dans la "culture".
France-Culture est exactement semblable à une station commerciale sur le point suivant qui est essentiel aussi bien qu'abyssal : c'est l'offre qui dicte sa loi.
On peut donc saluer le titre choisi par une (jeune) productrice de France-Culture pour son émission : "Pas la peine de crier". Cette dénomination est un trait de génie... involontaire.
Et si nous commentons sur un ton légèrement impertinent, c'est pour une bonne cause, celle de la culture.
Donc ni France-Culture, ni cette productrice ne nous en voudront.
D'ailleurs, cette productrice a une voix si douce, elle est certainement (!?) incapable de dureté, non?
(Hum..., en réalité nous pensons que nous pourrions avoir une très mauvaise surprise.)

Mais pourquoi, me direz-vous, pourquoi est-ce un trait de génie involontaire d'avoir appelé son émission "Pas la peine de crier" ?

Involontaire, parce que ce trait de génie est tellement profond qu'on peut être à peu près certain que son auteure n'a pas mesuré l'épaisseur de sa trouvaille.

Trait de génie, parce que c'est doublement et profondément vrai.

"Pas la peine de crier" pour la productrice-présentatrice : c'est elle qui conçoit et anime l'émission, elle n'a pas besoin d'élever la voix : un heure par jour, elle EST la voix de la station. Les micros du studio, les câbles et les antennes transmettent sa douce voix - si douce - sur les ondes et sur internet.
L'offre dicte sa loi, c'est une tyrannie. Mais si la voix de la station est si douce, n'est-ce pas une douce tyrannie ? À vous de juger, mais je pense que non. La douceur de la voix n'enlève rien à la dureté de la tyrannie. C'est l'offre qui dicte sa loi.
Mais ce n'était que le premier point.

"Pas la peine de crier" pour l'auditeur (-trice), souvent isolé(e), car sinon pourquoi écouterait-il (elle) la radio ? Pas la peine de crier, car aussi fort puisse-t-il (elle) crier, personne ne l'entendra.
Et s'il (elle) meurt pendant l'écoute, le récepteur radio et la station de radio continueront à déverser sur son cadavre un petit jet tiède de mots prononcés d'une douce voix, très douce.
Ainsi, vous le comprenez, la relation de l'auditeur avec "sa" station de radio, ce n'est même pas une relation fausse, illusoire, ce n'est pas une relation du tout.

Si vous avez un chien, vous avez au moins une relation.
Mais pas avec la radio ! Aussi douce que soit la voix qui s'étale comme un flot berçant les auditeurs anonymes, la radio n'est pas une relation.
Réveillez-vous, auditeurs somnolents ! Secouez votre torpeur !
Dehors s'étend un monde où rien, pensez-vous, ne vous attend, mais cette pensée pessimiste vous trompe...
Comme vous, les autres humains ont besoin de relations véritables.
Et la communauté humaine ne survit que par les relations véritables.

Mais qu'est-ce qu'une relation véritable ?

Si vous voulez sentir ce que sont des relations véritables, allez donc vivre dans des situations durablement extrêmes, ou au moins, imaginez que vous le faites :
allez vivre, par exemple, chez les Dukha, éleveurs nomades. (Ou au moins, imaginez que vous le faites, le temps d'un documentaire ou d'une fiction.)

Vous n'aurez qu'une habitation temporaire et des biens matériels réduits.
Pour votre survie, vous devrez être solidaires des autres, ils devront pouvoir - à tout moment et tout au long de l'année - compter sur vous, et vous devrez compter sur eux.
Vous ne pourrez pas vous mettre à l'écart. Vous ne pourrez pas non plus vous soustraire au travail quotidien, parce qu'il est vital... Donc chacun doit faire sa part. Mais c'est un travail très concret, dont les résultats sont rapidement appréciables : s'occuper des animaux, chercher de l'eau, chercher du combustible, faire du feu, faire à manger, monter et démonter votre campement.

Il y aura toujours des gens et des animaux autour de vous, parce que vous ne pourriez pas survivre seul dans un environnement aussi difficile.
Vous devrez affronter le froid, le vent, vos bêtes seront à la merci des loups.
Sur des sols pauvres et souvent désertiques, vous devrez vous déplacer à la recherche de pâturages pour votre bétail.
Vous devrez prendre soin de vos bêtes qui risquent de mourir après un été sec et un hiver froid. Vous aurez peu de médicaments, pour vos bêtes comme pour vous.
Votre mode de vie sera rude et sans confort, votre vie sera plus courte. Alors ?

...Alors je sens que vous hésitez à le faire "pour de vrai".
Peut-être préférez-vous le confort et les médicaments, et la proximité des médecins. Alors vous irez vivre en ville, vous vivrez dans un lieu resserré, souvent seul, ou bien à deux, trois, entre quatre murs. Et vous aurez une radio, vous l'allumerez, vous chercherez une station qui vous convienne. Et vous serez revenu au point de départ.

Et puis, peut-être êtes-vous de santé fragile, peut-être qu'un courant d'air suffit pour vous enrhumer. Alors, évidemment, cette vie d'éleveur nomade n'est pas pour vous.
Mais après tout, vous n'êtes pas obligé(e) d'aller aussi loin dans le changement de mode de vie. Vous n'êtes pas non plus obligé(e) de rester enfermé avec votre radio.
Éteignez-la, mangez et buvez, mettez vos chaussures et sortez. Ne serait-ce que pour aller emprunter un (bon) livre à la bibliothèque de votre quartier. Lors de cette sortie, si vous avez la possibilité de sourire à quelqu'un d'aimable, faites-le. Mieux encore, si vous avez la possibilité d'être patient avec quelqu'un d'apparemment revêche, faites-le.

Et méditez ce que je vous ai dit de cette vie si rude des éleveurs nomades où chacun, pour sa survie, doit pouvoir compter sur les autres.
Cette vie où chacun doit accomplir sa part des tâches qui permettent à la communauté de survivre.

Attention : cet article n'a pas pour but de vous encourager à partir bille en tête pour aller vivre dans une contrée lointaine.
Le but de cet article est de vous encourager à accomplir un cheminement intérieur, vous encourager à vous investir dans des relations véritables et dans des tâches peut-être terre-à-terre, mais essentielles.

Ne vous laissez pas distraire. Et si vous vous laissez distraire, soyez assez mûr pour vous secouer, pour vous tourner vers l'essentiel.

Ne vous laissez pas distraire, prenez conscience de ce qui est futile et de ce qui est utile. Détachez-vous de l'industrie du divertissement ("entertainment").

Par contre il est utile, il est important de participer à la vie de la cité.
Participer au bien commun, être un acteur de la vie de la cité, voilà qui vous orientera dans la bonne direction.
De là découleront toutes seules les relations véritables.

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29 janvier 2009

UNE LEÇON D' URTIIN DUU - CHANT LONG - YOUTUBE

---------------------Liens vers Youtube au fil du texte---
# Note : si vous cliquez sur un des tags (colonne de droite),
vous afficherez tous les articles du blog contenant ce tag.

Exemples: "urtiin duu" ou "chant long", "morin khuur"...
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Une leçon d'urtiin duu
 
A long song lesson



Je  vous ai déjà présenté des exemples d'urtiin duu ( chang long, long song) dans un précédent article.


D'abord un chant long qui parle d'un site de Mongolie intérieure.
La chanteuse est ici Moergen.
Le chant célèbre un endroit très sauvage dénommé Alsha
http://www.youtube.com/watch?v=ZXqX891cuXo&feature=related

Et voici une leçon d'urtiin duu avec une très grande interprète,
et reconnue comme telle, G. Khongorzul (G= Ganbaatar )
http://www.youtube.com/watch?v=Q01zk_zuiBU

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17 décembre 2008

LES HABITS - TRADITIONNELS ou MODERNES - PORTÉS PAR LES MONGOLS D'AUJOURD'HUI

DOCUMENTAIRE sur...
LES HABITS - TRADITIONNELS ou MODERNES -
PORTÉS PAR LES MONGOLS D'AUJOURD'HUI

2011-déc-17 V1 à l'occasion de la diffusion, ce jour, d'un documentaire.

Ce documentaire d'Arte fait partie de l'excellente série "Tous les habits du monde".

Ce reportage présente les vêtements réellement portés aujourd'hui.
La plupart des images sont tournées à Ulaan Baator, la capitale hypertrophiée de la Mongolie où affluent encore aujourd'hui des nomades qui se sédentarisent, délaissant le "deel" traditionnel pour d'autres vêtements, urbains et modernes.
Mais dans certaines séquences, ce reportage présente les vêtements traditionnels. Rappelons qu'il existe de nombreuses ethnies en Mongolie et donc de nombreux costumes traditionnels.

Rappelons que sur les vêtements traditionnels de Mongolie, vous trouverez davantage d'information dans un article spécialement consacrée aux vêtements traditionnels mongols:
DANSE MONGOLE, LE BIYELGEE - COSTUMES TRADITIONNELS
(cliquer sur le lien ouvre un nouvel onglet)

Enfin les principaux articles du blog sont présentés sur la page de
PRESENTATION DU BLOG :
SUR LES CHEMINS DU LONG VOYAGE
MUSIQUE ET CULTURE DE MONGOLIE

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17 octobre 2008

DOCUMENTAIRE SUR LA VIE D'ÉLEVEUR NOMADE DANS LE DÉSERT DE GOBI

REDIFFUSION D'UN DOCUMENTAIRE SUR...
LA VIE D'ÉLEVEUR NOMADE DANS LE DÉSERT DE GOBI

2011-oct-17

C'est un excellent documentaire que nous avons revu* avec plaisir et intérêt.
(* Il date de 2005.)
Nous conseillons de le regarder - et de l'écouter - avec attention :
le commentaire vous apportera de nombreuses informations.

Voici le lien, sur le site web d'Arte

http://videos.arte.tv/fr/videos/360_geo-4195782.html


Et voici la page de présentation du blog
"MORIN KHUUR & URTIIN DUU" :

SUR LES CHEMINS DU LONG VOYAGE
Présentation de quelques articles
MUSIQUE ET CULTURE DE MONGOLIE

http://mongoliamusic.canalblog.com/archives/2011/08/21/16855989.html

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