En plein air, au milieu de l'immensité mongole...
s'asseoir dans l'herbe et, sous le ciel sans limite, jouer du morin khuur.
Pas si simple: la musique du morin khuur faisait partie de la vie traditionnelle des éleveurs nomades.
Économiquement et culturellement, une autre civilisation a supplanté la civilisation traditionnelle où fleurissait la musique traditionnelle du morin khuur et de l'urtiin duu...
EN EUROPE, APPRENDRE LE MORIN KHUUR OU L'URTIIN DUU ?
Nous sommes conscients - par vos messages - que bien des lecteurs souhaitent apprendre à jouer du morin khuur ou à chanter l'urtiin duu.
Or ce blog est un blog d'amateur - celui qui aime - et nous avons nos limites :
nous ne sommes pas capable d'enseigner le morin khuur ou l'urtiin duu.
Comment trouver des professeurs en Europe pour ces disciplines ?
Nous proposons à tous nos lecteur d'unir nos efforts afin d'avance sur ce sujet, en mettant les renseignements obtenus sur ce blog, à disposition de tous.
Hum... Remarque : le morin khuur et l'urtiin duu sont les signes émergés de toute une culture, la culture d'éleveurs nomades qui, pendant des siècles ont vécu avec leur troupeau une existence dure, exigeante, au milieu, certes, de paysages magnifiques mais souvent inhospitaliers.
Sans le mode de vie dont elle est l'émanation, la musique traditionnelle mongole n'est plus elle-même...
Ceci dit, si on est un Mongol habitant en ville - ou bien un non-Mongol vivant à des milliers de kilomètres de la Mongolie -, on a tout à fait le droit d'avoir envie de jouer du morin khuur et de chanter l'urtiin duu.
Pour l'urtiin duu (chant long), débuter paraît un peu moins difficile [que pour le morin khuur] : si vous avez de l'oreille, vous pouvez vous lancer à l'aide des vidéos musicales disponibles sur le Web.
Mais si vous voulez vraiment vous perfectionner, il vous faudra un professeur.
L'urtiin duu utilise une échelle pentatonique, sans demi-ton.
Les voyelles sont tenues longtemps (d'où l'appellant "chant long"), avec des ornements.
L'ambitus* d'un chant long dépasse les trois octaves... ce qui signifie que tout le monde ne peut pas chanter l'urtiin duu.
Ceci dit, il ne faut pas partir perdant : en améliorant sa technique vocale, on peut élargir sa tessiture**.
* L'ambitus (d'une pièce musicale) est l'écart entre la note la plus grave et la note la plus élevée. Déterminer l'ambitus d'un morceau de musique permet de savoir si telle voix a une tessiture** suffisante pour l'interpréter, et si tel instrument a un registre suffisant pour jouer ce morceau.
La musique de Moon River –la chanson du célèbre film Breakfast at Tiffany's de Blake Edwards– a été composée par Henri Mancini (l'auteur du fameux thème musical jazzy de la Panthère rose).
On peut dire que la musique de Moon River a été conçu sur mesure par Henri Mancini pour la délicieuse Audrey Hepburn, dont la tessiture était peu étendue.
La plus grande difficulté de ce rôle pour Audrey Hepburn, qui était introvertie : jouer une extravertie. Pour voir quelques photos d'Audrey, cliquer ici. (Cliquer ouvre un nouvel onglet.)
L'urtiin duu est un type de chant d'une toute autre difficulté, avec notamment cette exigence d'une tessiture dépassant trois octaves.
Si vous voulez vous lancer dans le chant long, nous vous conseillons de cliquer sur le tag "urtiin duu" pour lire d'abord les articles consacrés au chant long et pour écouter les vidéos conseillées dans ces articles.
Pour le morin khuur comme pour tous les instruments à cordes frottées, il faut une bonne oreille pour produire des notes justes.
Il me semble que le jeu du morin khuur repose sur la subtile production d'harmoniques.
Mais attention, le morin khuur n'est plus ce qu'il était...
>> Les deux cordes étaient traditionnellement accordées en quinte, mais maintenant sont souvent accordées en quarte. Hum...
>> Traditionnellement, les cordes de l'instrument sont faites avec des crins de cheval :
130 crins de la queue d'un étalon pour la corde la plus longue,
105 crins de la queue d'une jument pour la corde la plus courte.
>> Et pour l'archet, on utilise encore des crins de chevaux, recouverts de résine de cèdre ou de mélèze.
(La résine traditionnellement utilisée en Mongolie provient d'arbres qui peuvent être d'une espèce différente de celles qu'on peut trouver en Europe : question à poser à un botaniste.)
Avec un instrument à cordes frottées, il y beaucoup d'éléments qualitatifs qu'on ne passera pas en revue ici.
>> Le passage du morin khuur des yourtes d'éleveurs aux salles de concert a conduit à une évolution marquée de l'instrument : un son plus fort mais un timbre moins riche...
Si vous habitez une très grande ville des USA voire du Canada, je pense que vous avez des chances de pouvoir trouver un professeur de morin khuur ou d'urtiin duu, parce qu'il y a là-bas une importante communauté d'origine mongole, qui se retrouve pour des fêtes traditionnelles, où des jeunes filles qui ne sont pas forcément nées en Mongolie dansent le biyelgee, voir article sur les costumes et danses de Mongolie.
Mais si vous habitez l'Europe, je suis moins optimiste sur la possibilité de trouver un professeur de morin khuur et d'urtiin duu, et franchement dubitatif sur la possibilité de trouver en Europe un professeur mongol très qualifié pour le morin khuur et l'urtiin duu)
Mais si la probabilité est faible, elle n'est pas nulle.
Comment chercher un professeur de morin khuur ou d'urtiin duu en France ?
Je vous conseillerais d'aller d'abord à Paris traîner dans une librairie spécialisée dans les cultures asiatiques, par exemple dans la fameuse librairie You Feng. Et dans une de ces librairies spécialisées dans l'Asie –ou dans la musique–, discutez avec le libraire, essayez de savoir s'il peut se procurer une méthode en anglais pour le morin khuur ou l'urtiin duu.
Il en existe sûrement et un livre, c'est moins bien qu'un prof. mais c'est déjà ça.
Et si vous testez une telle méthode, contactez notre blog pour nous faire part de votre expérience et de votre avis sur la méthode que vous avez utilisée.
Vous pouvez ensuite - et c'est une piste non négligeable - demander au libraire si vous pouvez laisser une annonce du genre
"Cherche professeur de morin khuur [d'urtiin duu] et tout renseignement utile à ce sujet".
Les librairies parisiennes spécialisées sont des endroits où vous avez des chances de croiser des libraires attentifs et expérimentés, des clients très qualifiés.
Une autre piste, très sérieuse, c'est d'essayer de contacter des musiciens mongols qui viennent donner des concerts en Europe, en essayant aussi de joindre les organisateurs de ces spectacles ou de ces festivals, les organismes qui louent les espaces où sont donnés ces spectacles.
Si au bout du compte, vous arrivez à entrer en contact personnel avec des musiciens mongols, vous aurez des informations de première main : le monde des musiciens mongols -de musique traditionnelle- est un petit monde, et s'il existe dans un pays européen un professeur mongol de morin khuur ou d'urtiin duu, ils le sauront ou ils auront les moyens de se renseigner.
Enfin, une autre piste : des moines bouddhistes mongols sont parfois invités dans telle ou telle école, à titre pédagogique, afin de faire découvrir d'autres cultures aux enfants d'ici.
Alors je rappelle que la religion originelle des tribus mongoles était le chamanisme, qui subsiste chez les Bouriates, peuplade mongole habitant en Russie, à côté du lac Baïkal.
J'ai d'ailleurs croisé une famille bouriate en Europe, mais bon, ce n'est pas le sujet du post.
En Mongolie le bouddhisme n'est arrivé que tardivement en Mongolie, importé par des Bonnets Jaunes, une des confréries du bouddhisme tibétain.
Il y a aussi d'autres pistes que je mentionne pour mémoire :
- Les sites européens qui vendent des objets fabriqués en Mongolie (par exemple des morin khuur).
- Les sites européens qui vendent des prestations de voyage en Mongolie
- L'ambassade de Mongolie dans votre pays : il y a sans doute un attaché culturel, mais bon, il est peu probable qu'il réponde à un simple particulier.
- L'Institut des langues orientales, à Paris : on y enseigne, entre autres, la langue mongole, donc on y trouve à la fois enseignant(s) de mongol et lecteur(s). Pour la langue mongole, un lecteur sera un étudiant avancé, venant de Mongolie. Mais là aussi, il y d'une part peu de chance qu'enseignant(s) et lecteur(s) soit compétent en musique traditionnelle mongole, et peu de chance aussi qu'ils répondent à quelqu'un qui ne fait pas partie de leurs étudiants.
Voilà, je vous ai livré quelques pistes de recherche, surtout à ceux qui habitent en France, mais ces pistes peuvent être transposées à d'autres pays européens.
Ce que nous proposons à ceux qui recherchent un professeur de morin khuur ou d'urtiin duu, c'est de nous tenir au courant des résultats de leur recherche en nous envoyant un message, via la rubrique "contactez l'auteur" (colonne de droite).
Si le résultat de la recherche est positif, ce sera formidable,
et si le résultat de la recherche est négatif, ce sera de toute façon instructif, surtout si la personne a exploré plusieurs pistes, avec une certaine ténacité.
Nous sommes désolés de ne pas pouvoir donner à nos lecteurs des adresses de professeurs de morin khuur et d'urtiin duu, mais... qui sait ? nous trouverons peut-être, en unissant nos efforts.
Tenons-nous au courant, réciproquement. OK ?
Comment placer les cordes et comment accorder un morin khuur ?
Bonne question.
D'abord les cordes doivent être faites à partir de crins noirs ou bruns provenant de la queues de chevaux mongols vivants, qui doivent être des mâles castrés.
Ensuite il faut préparer ces crins (toute une série d'étapes) : il faut préparer chaque crin jusqu'à ce qu'il commence à "parler".
Alors enfin vous pourrez assembler des crins pour obtenir une corde de morih khuur.
La place des cordes (la plus grave à l'intérieur ou l'extérieur, l'écart de ton entre les cordes : la réponse varie selon ce que vous voulez jouer, et aussi selon la tradition à laquelle vous vous rattachez.
Plus de précisions sur la page suivante (en anglais) :
morin khuur. the horse tale
V_04 LETTRE À UNE LECTRICE HABITANT LA MONGOLIE DEPUIS DEUX ANS ET APPRENANT LE MORIN KHUUR
(1/2) Lettre affranchie avec un timbre de circonstance
Chère lectrice
Vous m'écrivez pour me demander où trouver des partitions pour le morin khuur, et comme c'est une interrogation partagée par un certain nombre de lecteurs du blog, je publie ma réponse sur le blog.
D'abord, permettez-moi de vous féliciter pour votre démarche :
vous êtes bien inspirée de profiter de votre présence en Mongolie pour apprendre le morin khuur. C'est une très belle idée et je vous encourage à persévérer.
La musique du morin khuur est une musique de tradition orale.
Donc longtemps il n'y a pas eu de partition du tout.
Mais tout évolue : à notre époque, on peut trouver des notations écrites pour la musique du morin khuur. J'en ai vu, mais je n'en possède pas.
Apprenez-vous le morin khuur toute seule ou avec un professeur ?
Si vous apprenez toute seule, bien des choses risquent de vous échapper.
Or on peut trouver des enseignants de morin khuur même dans des endroits reculées de Mongolie.
Vous pouvez donc demander des partitions à un prof mongol de morin khuur,
ou vous adresser (directement ou par mail) à un conservatoire de musique, par exemple le conservatoire national de musique à Ulaan Baatar.
CEPENDANT... - et c'est une suggestion que vous prendrez le temps de bien considérer -
pourquoi ne choisiriez-vous pas de vous inscrire dans la longue et belle tradition orale du morin khhur ?
Sans la béquille de l'écrit...
La musique du morin khuur et de l'urtiin duu viennent de très loin,
...de bien avant la conversion des Mongols au bouddhisme par des Bonnets Jaunes venus du Tibet, et même...
de bien avant l'introduction de l'écrit dans la culture mongole.
L'origine même de cet instrument mongol se perd dans la nuit des temps, et sa naissance de cette instrument est racontée par une légende*, une histoire fabuleuse: ceci est caractéristique des traditions orales.
[*dont je donne une version dans ce blog.]
Cette légende en dit long sur l'attachement des Mongols à leurs chevaux...
Jusqu'à Temüdjin (qui prendra le titre de "Gengis Khan"), les Mongols - qui ne s'appelaient pas encore ainsi - étaient des tribus éparpillées qui se querellaient et n'avaient pas encore de conscience nationale.
Ces éleveurs nomades étaient chamanistes et ne connaissaient pas l'écriture: tout ce qui se transmettait d'une génération à l'autre se faisait oralement, par l'exemple, par l'apprentissage auprès d'un maître.
C'est très beau, la transmission orale: c'est très émouvant de penser que, pendant des centaines d'années, un complexe et subtil mélange de savoir-faire et d'émotion s'est transmis de manière uniquement orale, c'est-à-dire directement d'être humain à être humain, du geste de l'un à l'oreille de l'autre, et du coeur de l'un au coeur de l'autre.
Il existe même un livre –une méthode bilingue, mongol-anglais– pour apprendre seul à jouer du morin khuur...
Hum, bon... Remarquez, on y trouve sûrement des infos intéressantes mais...
La vie ne s'apprend pas dans les livres**, la musique non plus !
[**Ni dans les blogs: je n'ai donc aucune prétention...]
Bien entendu, vous êtes libre de votre choix, cependant...
prenez le temps de laisser mûrir cela en vous.
Autant que possible, j'essaie d'éviter de tomber dans le psychologisme, mais...
...Peut-être que cela vous rassurerait d'avoir des partitions, mais au-delà d'une anxiété que je comprends fort bien, il y a... autre chose que vous pouvez découvrir - ne croyez-vous pas ?-:
la liberté de se passer d'écrit,
une autre façon d'être-au-monde, qui ne passe pas par l'écrit, mais juste par la présence au monde et aux autres.
En somme, comme une enfant –une toute jeune enfant– qui n'aurait pas encore appris à lire et qui découvrirait le monde non pas à travers l'écrit, mais uniquement par l'expérience directe, à travers ses cinq sens et ses rencontres avec les autres.
>> Je joins en Annexe (partie 2/2) un document provenant du site de l'Unesco et expliquant un plan d'action pour la sauvegarde du morin khuur en Mongolie, document d'où sont extraites les trois photos suivantes.
Photo d'un livre mongol, un livre de classe pour les enfants apprenant le morin khuur
Pendant des siècles, la musique et les chants des Mongols se sont transmis par la tradition orale, à l'oreille.
En Amérique, les esclaves noirs et leurs premiers descendants ont joué de la musique sur des instruments de fortune et ils ont chanté, tout ça sans écrire la musique, inventant de nouvelles formes musicales: le gospel (chant religieux), le blues, le jazz etc. Tous ces musiciens et chanteurs apprenaient la musique "à l'oreille".
Les Gitans, les Manouches, les Roms n'écrivent pas la musique, ils la jouent. Django Reinhardt jouait du jazz, composait des morceaux mais ne savait pas les écrire.
Encore aujourd'hui, en Afrique - et plus généralement partout où vivent des gens pauvres -, bien des jeunes apprennent la musique "à l'oreille". Et avec le coeur, bien sûr.
Il n'est pas question de tout apprendre tout seul: l'isolement n'est pas le but, au contraire.
Vous inscrire dans une tradition orale vous poussera à aller vers les autres, vous poussera à rencontrer des professeurs, voire de simples joueurs de morin khuur, peut-être au fin fond de l'Altaï ou du désert des gobis.
Les Mongols pratiquant le morin khuur seront - on peut le penser - sensibles à votre intérêt pour leur instrument national, sensibles à votre envie d'apprendre la musique du morin khuur et ils vous aideront, d'être humain à être humain.
Ne croyez-vous pas ?
Prenez soin de vous, chère lectrice et...
si le coeur vous en dit, faites-nous part de votre expérience !
Kh.
Post-scriptum
C'est quand même curieux que vous –qui habitez en Mongolie depuis deux ans– me posiez une question [sur l'existence de partitions pour le morin khuur]... à moi qui ne suis plus en Mongolie en ce moment...
Et vous ne m'avez pas dit ce que vous faites en Mongolie.
Laissez-moi deviner.
Vous êtes française, vous avez fait une "grande école", et vous avez passé une partie de votre scolarité à l'étranger.
Ensuite vous avez été embauchée par une entreprise internationale, et vous êtes devenue "expat" (expatriée), c'est-à-dire un cadre travaillant à l'étranger.
Et si vous êtes en poste en Mongolie, il y a de fortes probabilités pour que vous travailliez dans le secteur minier*, en pleine expansion dans ce pays.
(* J'y ai d'ailleurs consacré un article.)
Ah ! Le petit monde des "expat" ! L'entre-soi confortable de conditions de vie privilégiées, parmi une population locale qui ne l'est pas toujours. (Dans le cas de la Mongolie, il est bon de rappeler qu'une proportion élevée de la population est pauvre, chercher sur ce blog "indice de Gini".)
Les "expat" ont un bon niveau de formation et sont, en général, encore jeunes (mais parfois ils ont conjoint et enfants, se pose alors -pour le conjoint, le problème de... meubler sa vie). S'ils sont "expat", c'est parce qu'ils l'ont choisi. Il y a de bons côtés: les "expat" sont en principe très correctement payés (non, je ne suis pas jaloux), et leur entreprise prend en charge de nombreux frais, ou participe à leur prise en charge. En retour, leur employeur attend que les "expat" consacrent l'essentiel de leur temps et de leur énergie à la mission qui leur est confiée.
Dans un pays comme la Mongolie, les "expat" parlent anglais au travail et apprennent quelques centaines de mots de la langue locale, histoire de pouvoir se débrouiller dans la vie courante.
Dans un lieu donné, les "expat" vivent entre eux : ils travaillents pour des sociétés différentes, leurs nationalités sont diverses —ils n'y a peut-être pas beaucup de français expatriés dans votre coin—, en tout cas leur situation commune de cadre expatrié crée entre eux plus qu'une simple proximité: une connivence.
Cette situation d'expatriée expliquerait pourquoi vous avez peu de contacts avec la population mongole et avec les pratiquants du morin khuur.
Peut-être travaillez-vous sur un site industriel situé loin d'une grande ville: c'est souvent le cas pour les sites miniers. Dans ce cas, les liens entre "expat" sont encore plus forts. Bien sûr, vous pouvez, lors de vos jours de congés, vous rendre jusqu'à un centre urbain. Mais tout ce long trajet pour faire quoi ? Un peu de tourisme s'il y a lieu, shooter quelques photos, prendre l'air, sortir du cadre du travail. Peut-être prendre une leçon de morin khuur, sans forcément pouvoir entretenir une vraie conversation avec votre professeur dans la langue locale.
Je n'ai pas dit que c'était facile d'être expatrié.
Il y a notamment la question du retour : quand on revient dans son pays d'origine, on retourne aussi dans un autre mode de vie, dont on a perdu l'habitude. On n'est plus assisté par son entreprise, il faut se débrouiller tout seul.
-Namjilyn Norovbanzad, fille d'éleveur nomade,
célèbre chanteuse et respectée chanteuse d'urtiin duu (chant long), aujourd'hui décédée
Revenons au coeur de notre sujet :
une tradition orale en danger, la musique traditionnelle mongole.
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(2/2) Annexe - Extrait d'un document (en anglais) provenant de l'Unesco
Sauvegarde de la musique traditionnelle mongole du Morin Khuur
Je vous traduis (très librement, mais en respectant le sens) le début de ce document qui est figure à la suite.
Le morin khuur, connu sous le nom de vièle à tête de cheval à cause de la tête de cheval sculptée au sommet du manche, a tenu une place prééminente dans la culture mongole depuis sept siècles. Cet instrument à deux cordes est un protagoniste essentiel de la vie quotidienne aussi bien que des cérémonies et rituels.
Avec la récente migration vers les villes et autres changements socio-économiques, le morin khuur s'est de plus en plus détaché de son milieu traditionnel et de ses fonctions originelles. Passé des grands espaces de éleveurs nomades aux salles de concert, le morin khuur reste populaire mais risque de perdre son lien organique avec le peuple et l'environnement qui l'a vu naître.
Traduction d'un autre –bref– passage du même document:
L'équipe [qui a mis en place ce projet de revitalisation de la musique du morin khuur] note son incapacité à revitaliser la pratique du morin khuur chez les familles d'éleveurs.
Texte intégral :
Safeguarding of the Traditional Morin Khuur Music of Mongolia
I. Background
The Morin Khuur, known as “horse-head fiddle” after the ornamental horse-head adorning its upper end, has figured prominently in Mongolian culture for over seven hundred years. The two-stringed instrument is an essential part of ceremonies, rituals and everyday life in nomadic Mongolian society.
With recent urban migration and other socio-economic changes, the Morin Khuur is increasingly detached from its traditional milieu and original functions. Having moved from the hearth to the concert hall, the Morin Khuur remains popular, but risks losing its intimate link with the people and their environment.
Responding to UNESCO’s 2003 proclamation of the Traditional Music of the Morin Khuur as a Masterpiece of the Oral and Intangible Heritage of Humanity, the project under discussion was implemented between 2005 and 2007 by a team of the Mongolian Commission for UNESCO, the Ministry of Culture, and the Center of Intangible Heritage.
II. Objectives and activities
The project’s goal was to document, revitalize, and promote Morin Khuur music and, in the long run, to encourage individuals, groups, institutions - schools in particular - and organizations to create a sustainable local ICH management system.
The main project outputs included:
# One-month courses at four secondary schools, on a master-apprentice model
# The production and publication of a Handbook on basic methodologies and recommendations to learn to play the Morin Khuur and Ikel instruments according to traditional methods
#Crafting of instruments: 5 Morin Khuurs, 20 Ikel Khuurs and 8 Tsuukh Khuurs (regional Khuur varieties)
# Establishment of a Morin Khuur theatre in Dundgobi Province and a Morin Khuur cultural centre in Darkhan-Uul Province
# Local media broadcasting training sessions and performances
# Audiovisual recordings of Morin Khuur performances, which were fed into an ICH database.
The project team organized one-month courses at four secondary schools, in participation with provincial governments, which granted instruments to selected families and supported players and artisans. At the schools, the formal, nation-wide teaching and professionalized training methodologies were enriched by apprentice-style informal teaching approaches, which explored local celebrations and rituals to ensure a contextually embedded transmission. First, training sessions to raise the capacities of 108 Morin Khuur teachers were organized; they, on their part, in the framework of the project, trained 342 students.
Trainings were organized in various aimags (counties) - Dundgobi, Hovd, Bayanhongor, Hovsgol, Darhan-Uul, Zavhan, Gobi-Altai, Orhon, Gobi-Sumber, Dornogobi, Uvs, Umnu-Gobi, Orhon, Uvurhangai, Hentii, Dornod and Sukhbaatar - as well as on a smaller-scale and outside the project’s framework in Selenge, Gobi-Altai, Tuv and Bulgan aimags.
The project strengthened the professional quality of national audio-visual documentalists who compiled DVDs and VCDs and CDs of about 100 hours of Morin Khuur music from all regions of Mongolia. Publications include the Handbook on basic methodologies and recommendations to learn to play the Morin Khuur and Ikel instruments according to traditional methods and the recommendations from a National Safeguarding Consultative Meeting. Field research compiled an inventory of Morin Khuur varieties managed at the Centre for Intangible Heritage.
A notable effect of the project is that it stimulated provinces to undertake their own initiatives to multiply the project’s effectiveness and ensure its sustainability. For example, Dundgobi Province announced 2006-07 as “The year of safeguarding and propagating the musical and cultural heritage”, and created a Morin Khuur theatre, a children’s art festival, an award recognizing local artists, as well as cultural celebrations for individual districts in the provincial centre.
Darkhan-Uul Province established the Darkhan Morin Khuur Centre, whose Board brought together representatives of the governmental, non-governmental, and local, private companies. The Centre organized a youth ensemble, a youth competition, and periodic Morin Khuur trainings on local TV channels. The involvement of local media was an innovative approach to ICH transmission and one particularly sensitive to the growing number of nomadic people in possession of TV sets. Importantly, the campaign did not only use TV but also focused on master-apprentice interaction at schools and at the Morin Khuur Centre.
III. Lessons learned and on-going work
At the end of the project, the implementing team convened all those that were involved for an evaluation of their capacities, of resources, and of potential future partnerships. The team noted its inability to revitalize Morin Khuur’s use in herder households, as this is a complex, long-term process that requires on-going participatory activities beyond the framework of one project.
The workshop recommended that the government should improve training facilities in schools, and encourage the teaching and production of Morin Khuur through subsidies, micro loans, and tax exemptions, as well as non-material, symbolic awards, for instance in the framework of a Living Human Treasure Programme. It was also recommended that Mongolian cultural planning continue supporting local practices that are distinct from national approaches to education and professional arts, as was seen in the divergent approaches to training methodology.
Schools, cultural institutions, and communities should all stimulate, in their own way, the music’s informal transmission not only in the nomadic milieu and at school - where Morin Khuur instruction still needs to achieve national dissemination - but also as an alternative pastime in urban areas, where estrangement, poverty, and violence among rural migrants could be at least partially addressed through musical projects that might strengthen social identities.
UNESCO’s recognition and this project encouraged the development of Mongolian cultural policies, with the Government, for instance, ratifying in 2005 the 2003 ICH Convention. However, outside the project, unsecured funding jeopardized the future of the Centre for Intangible Heritage where the Morin Khur inventory is kept and managed.
The participants considered that the various initiatives had contributed to a better appreciation of musical expressions of nomadic groups by Mongolian society at large. They recommended that local and national TV programmes on traditional music should be further encouraged.
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