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MORIN KHUUR & URTIIN DUU
31 janvier 2009

MÉDITATION SUR LES MODES DE VIE

Sommaire

(1/3) Partie documentaire
(2/3) Cartes
(3/3) Méditation sur les modes de vie

Nota : Màj 2012sept28 - V1 2012aug31
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(1/3) Partie documentaire

Appelés Tsaatan par les Mongols, les Doukha sont des Touvains qui vivent dans des forêts proches du lac Khövsgöl (ou Hövsgöl), dans la province du même nom (Khövsgöl aimag).

(En français, on écrit Doukha. Mais en anglais, Dukha. Et comme la majeure partie des documents disponibles -pour nous- sont en anglais, nous écrirons Dukha dans la suite de l'article.)

Si vous êtes un familier de ce site, vous connaissez le "ger" mongol (la yourte): c'est une habitation mobile.
Mais certains peuples nomades n'ont même pas d'habitation mobile, c'est le cas des Dukha.

Ces éleveurs de rennes qui habitent le nord de la Mongolie indépendante ne sont donc pas des Mongols, ils appartiennent au peuple des Tuvains qui a donné son nom à la République de Tuva, appartenant à la Russie et qui se trouve de l'autre côté de la frontière russo-mongole, juste au nord du territoire des Dukha.

Les Mongols les appellent les Tsaatan (mot mongol) tandis que ces éleveurs de rennes préfèrent se nommer dans leur langue d'un nom qui signifie "les gens de la Taïga".

La Taïga c'est la forêt boréale, et c'est elle qui permet à ces éleveurs de rennes de ne pas même avoir d'habitation mobile.
Les Dukha élèvent des rennes domestiqués qui leur dictent leurs déplacements.
Les rennes aiment le froid et mangent des lichens.
Ces éleveurs se déplacent à dos de rennes (ils ont des selles adaptées), et lorsqu'ils transhument, certains rennes sont utilisés comme animal de bât.

Quand les Dukha arrivent sur un lieu où les rennes pourront se nourrir quelque temps, ils abattent quelques arbres à la hache et les dressent pour construire une tente conique, qui rappelle un tipi d'Indien : sur cette armature sommaire, ils jettent quelques couches de feutre.
Dans cette tente, ils installent leur petit poële à bois (muni d'un tuyau pour évacuer la fumée). Toujours à la hache, ils coupent du bois et en garnissent le poële : c'est ce foyer qui servira à chauffer la tente et faire la cuisine. De la neige dans une bassine métallique fournira de l'eau pour thé au beurre salé, la soupe etc.

Les Dukha vivent une vie extrêmement rude. Ils survivent en fait grâce aux quelques touristes qui viennnent leur rendre visite et partager -quelques jours- leurs conditions de vie précaires.
En effet des voyages sont organisés par des agences spécialisées. Ces voyages organisés font vivre ces agences et procurent de minces ressources complémentaires aux éleveurs Touvains.

Leurs enfants sont scolarisés dans des villages qui n'ont de village que le nom. Des bâtiments datant de l'époque communiste -et jamais rénovés- hébergent les enfants scolarisés qui apprennent à lire et écrire la langue mongole (qui n'est pas leur langue maternelle).
Les linguistes ont classé la langue touvain dans la branche septentrionale -ou sibérienne- de la famille des langues turques.

Il y a différents groupes de Touvains en Russie et en Mongolie, voire en Chine.
Les Dukha qui vivent dans des forêts proches du lac Khövsgöl (ou Hövsgöl), dans la province du même nom (Khövsgöl aimag), ne sont que 200 à 300.

Documents complémentaires:
Il existe sur internet plusieurs documents sur les Dukha, y compris des films.
Des documents en anglais, et certains en français.
En français, vous trouverez plutôt des documents sur les "Tsaatan" (le nom qui sert à désigner les Dukha en mongol).

Transcription :
*** En français on écrira République de Touva et en anglais République de Tuva.

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(2/3) Cartes

Mongolie - Provinces

Provinces de Mongolie. En mongol, province se dit "aimag"

Map_of_Russia_-_Touvines(2008-03)
Territoire des Touvains à cheval sur la frontière russo-mongol.

Région du lac Khövsgöl
Zoom sur la région du lac Khövsgöl

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(3/3) MÉDITATION SUR LES MODES DE VIE


Pas la peine de crier...

L'offre dicte sa loi.

Dans les biens culturels comme dans les biens matériels.


Bien matériel (exemple).

Les fabricants de voiture fabriquent des modèles que les consommateurs ont de plus en plus de mal à entretenir eux-mêmes, y compris pour des actes simples. Par exemple, pour changer une ampoule dans un phare, sur certains modèles bien français, vous n'y parviendrez pas tout seul. Il vous faudra, comme le manuel d'entretien vous y invite, vous rendre dans un garage qui déposera le pare-choc ou l'aile afin de procéder à cette redoutable intervention : changer une ampoule.

Vous pouvez pester, protester, vous n'avez guère le choix : l'offre dicte sa loi.


Bien culturel (exemple).

Un auditeur de radio n'a pas le choix. Quelle que soit la station qu'il écoute, c'est la station qui conçoit les émissions, c'est la station qui dicte le contenu diffusé.

Prenez France-Culture, une station du "service public" spécialisée dans la "culture".
France-Culture est exactement semblable à une station commerciale sur le point suivant qui est essentiel aussi bien qu'abyssal : c'est l'offre qui dicte sa loi.
On peut donc saluer le titre choisi par une (jeune) productrice de France-Culture pour son émission : "Pas la peine de crier". Cette dénomination est un trait de génie... involontaire.
Et si nous commentons sur un ton légèrement impertinent, c'est pour une bonne cause, celle de la culture.
Donc ni France-Culture, ni cette productrice ne nous en voudront.
D'ailleurs, cette productrice a une voix si douce, elle est certainement (!?) incapable de dureté, non?
(Hum..., en réalité nous pensons que nous pourrions avoir une très mauvaise surprise.)

Mais pourquoi, me direz-vous, pourquoi est-ce un trait de génie involontaire d'avoir appelé son émission "Pas la peine de crier" ?

Involontaire, parce que ce trait de génie est tellement profond qu'on peut être à peu près certain que son auteure n'a pas mesuré l'épaisseur de sa trouvaille.

Trait de génie, parce que c'est doublement et profondément vrai.

"Pas la peine de crier" pour la productrice-présentatrice : c'est elle qui conçoit et anime l'émission, elle n'a pas besoin d'élever la voix : un heure par jour, elle EST la voix de la station. Les micros du studio, les câbles et les antennes transmettent sa douce voix - si douce - sur les ondes et sur internet.
L'offre dicte sa loi, c'est une tyrannie. Mais si la voix de la station est si douce, n'est-ce pas une douce tyrannie ? À vous de juger, mais je pense que non. La douceur de la voix n'enlève rien à la dureté de la tyrannie. C'est l'offre qui dicte sa loi.
Mais ce n'était que le premier point.

"Pas la peine de crier" pour l'auditeur (-trice), souvent isolé(e), car sinon pourquoi écouterait-il (elle) la radio ? Pas la peine de crier, car aussi fort puisse-t-il (elle) crier, personne ne l'entendra.
Et s'il (elle) meurt pendant l'écoute, le récepteur radio et la station de radio continueront à déverser sur son cadavre un petit jet tiède de mots prononcés d'une douce voix, très douce.
Ainsi, vous le comprenez, la relation de l'auditeur avec "sa" station de radio, ce n'est même pas une relation fausse, illusoire, ce n'est pas une relation du tout.

Si vous avez un chien, vous avez au moins une relation.
Mais pas avec la radio ! Aussi douce que soit la voix qui s'étale comme un flot berçant les auditeurs anonymes, la radio n'est pas une relation.
Réveillez-vous, auditeurs somnolents ! Secouez votre torpeur !
Dehors s'étend un monde où rien, pensez-vous, ne vous attend, mais cette pensée pessimiste vous trompe...
Comme vous, les autres humains ont besoin de relations véritables.
Et la communauté humaine ne survit que par les relations véritables.

Mais qu'est-ce qu'une relation véritable ?

Si vous voulez sentir ce que sont des relations véritables, allez donc vivre dans des situations durablement extrêmes, ou au moins, imaginez que vous le faites :
allez vivre, par exemple, chez les Dukha, éleveurs nomades. (Ou au moins, imaginez que vous le faites, le temps d'un documentaire ou d'une fiction.)

Vous n'aurez qu'une habitation temporaire et des biens matériels réduits.
Pour votre survie, vous devrez être solidaires des autres, ils devront pouvoir - à tout moment et tout au long de l'année - compter sur vous, et vous devrez compter sur eux.
Vous ne pourrez pas vous mettre à l'écart. Vous ne pourrez pas non plus vous soustraire au travail quotidien, parce qu'il est vital... Donc chacun doit faire sa part. Mais c'est un travail très concret, dont les résultats sont rapidement appréciables : s'occuper des animaux, chercher de l'eau, chercher du combustible, faire du feu, faire à manger, monter et démonter votre campement.

Il y aura toujours des gens et des animaux autour de vous, parce que vous ne pourriez pas survivre seul dans un environnement aussi difficile.
Vous devrez affronter le froid, le vent, vos bêtes seront à la merci des loups.
Sur des sols pauvres et souvent désertiques, vous devrez vous déplacer à la recherche de pâturages pour votre bétail.
Vous devrez prendre soin de vos bêtes qui risquent de mourir après un été sec et un hiver froid. Vous aurez peu de médicaments, pour vos bêtes comme pour vous.
Votre mode de vie sera rude et sans confort, votre vie sera plus courte. Alors ?

...Alors je sens que vous hésitez à le faire "pour de vrai".
Peut-être préférez-vous le confort et les médicaments, et la proximité des médecins. Alors vous irez vivre en ville, vous vivrez dans un lieu resserré, souvent seul, ou bien à deux, trois, entre quatre murs. Et vous aurez une radio, vous l'allumerez, vous chercherez une station qui vous convienne. Et vous serez revenu au point de départ.

Et puis, peut-être êtes-vous de santé fragile, peut-être qu'un courant d'air suffit pour vous enrhumer. Alors, évidemment, cette vie d'éleveur nomade n'est pas pour vous.
Mais après tout, vous n'êtes pas obligé(e) d'aller aussi loin dans le changement de mode de vie. Vous n'êtes pas non plus obligé(e) de rester enfermé avec votre radio.
Éteignez-la, mangez et buvez, mettez vos chaussures et sortez. Ne serait-ce que pour aller emprunter un (bon) livre à la bibliothèque de votre quartier. Lors de cette sortie, si vous avez la possibilité de sourire à quelqu'un d'aimable, faites-le. Mieux encore, si vous avez la possibilité d'être patient avec quelqu'un d'apparemment revêche, faites-le.

Et méditez ce que je vous ai dit de cette vie si rude des éleveurs nomades où chacun, pour sa survie, doit pouvoir compter sur les autres.
Cette vie où chacun doit accomplir sa part des tâches qui permettent à la communauté de survivre.

Attention : cet article n'a pas pour but de vous encourager à partir bille en tête pour aller vivre dans une contrée lointaine.
Le but de cet article est de vous encourager à accomplir un cheminement intérieur, vous encourager à vous investir dans des relations véritables et dans des tâches peut-être terre-à-terre, mais essentielles.

Ne vous laissez pas distraire. Et si vous vous laissez distraire, soyez assez mûr pour vous secouer, pour vous tourner vers l'essentiel.

Ne vous laissez pas distraire, prenez conscience de ce qui est futile et de ce qui est utile. Détachez-vous de l'industrie du divertissement ("entertainment").

Par contre il est utile, il est important de participer à la vie de la cité.
Participer au bien commun, être un acteur de la vie de la cité, voilà qui vous orientera dans la bonne direction.
De là découleront toutes seules les relations véritables.

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